Le procès fleuve de Xynthia : un mois d'audience pour une nuit d'horreur

Près de cinq ans après le passage de la tempête Xynthia sur le littoral atlantique, la justice va tenter à partir de ce lundi de mettre en lumière les erreurs qui ont conduit à la mort de 29 habitants, logés dans des zones normalement inconstructibles. A suivre dans les JT et sur notre site.

Jusqu'au 17 octobre, c'est un procès fleuve de cinq semaines qui se tiendra aux Sables d'Olonne, avec plus de 120 parties civiles attendues. Le jugement doit être rendu le 12 décembre, près de cinq ans après le drame du 28 février 2010.


Retour sur une nuit d'horreur

01h00 du matin : les premiers appels parviennent aux pompiers mais rien d'alarmant, juste des arbres couchés par le vent. Dans la commune de La Faute-sur-Mer (85), les habitants dorment pour la plupart, malgré l'alerte rouge déclenchée par Météo France la veille au soir.
"Des tempêtes, l'hiver, c'est pas exceptionnel, on a l'habitude ici", explique un habitant.

03h23 : tout s'accélère: un jeune pompier est appelé d'urgence. Le temps d'arriver au centre de secours, il ne peut plus y accéder. L'eau est déjà présente partout.

03h30 : les premiers coups de fils angoissés d'habitants inondés parviennent aux pompiers, "et là, on prend conscience qu'il se passe quelque chose de grave", explique un responsable des secours. "J'ai entendu un bruit d'eau, comme un bruit de tuyauterie qui avait pété, il n'y avait plus de lumière, j'avais de l'eau jusqu'aux chevilles", raconte Jean-Claude, 65 ans, qui loue une petite maison dans la "cuvette mortifère" où la majorité des victimes vont trouver la mort.
Deux minutes plus tard "le frigo est passé devant moi en flottant", raconte le rescapé qui ne sait pas nager. Il va échapper à la mort en brisant un volet, puis en parvenant par miracle à se hisser sur son camping-car où va commencer la longue attente dans la nuit noire, le froid et le vent.

Dans toutes les maisons situées dans les lotissements à risque de La Faute-sur-Mer, l'eau monte. Vite. Certains témoins racontent avoir vu une vague s'engouffrer par le sud, puis une autre d'un mètre passer par-dessus la digue, à l'est, le long de l'estuaire du Lay.


"J'ai cru qu'on allait y passer" 

En une demi-heure, le niveau de l'eau atteint 2,50 mètres dans certaines habitations, piégeant les occupants dans leur sommeil. Certains se réveillent alors que leur lit flotte sur plus de 1,50 m d'eau. Ceux qui se sont réveillés essaient de se mettre à l'abri. Dehors, les cris des survivants qui cherchent leurs proches dans la nuit noire et appellent au secours se perdent dans le vent, qui atteint les 120 km/h.

04h00 : "On s'inquiétait sérieusement, j'ai cru qu'on allait y passer", explique Valérie qui, avec son mari Thibault et leurs quatre enfants, se sont réfugiés au premier étage de la maison familiale. C'est une longue attente qui commence dans des lotissements devenus des lacs. Marcel Wagner et son épouse se réfugient dans "un nid douillet", le grenier au-dessus du garage. Jusqu'au lever du jour, l'eau, le froid et l'épuisement vont continuer à faire des victimes, principalement des personnes âgées, tandis que les secours tentent de sauver un maximum de vies.

Au lever du jour, l'ampleur des dégâts se révèle aux survivants. Les pieds en sang à force de les frapper pour ne pas qu'ils gèlent, Jean-Claude voit passer devant lui un corps flottant sur le ventre. Plus loin, deux personnes à bout de force s'accrochent à des palettes de parpaings. Jean-Claude voit alors arriver un canot de pompiers. Les opérations d'évacuation battent leur plein.

Dans la matinée commence le long décompte macabre devant une nuée de journalistes. Trois morts à 09h00, huit à 14h00 et le bilan va continuer à s'alourdir au fil de la journée devant des habitants incrédules. Finalement au bout de quelques jours le bilan définitif tombe. 29 morts. Dans les jours qui suivent, l'incompréhension et le désespoir se lisent sur les visages des habitants. Le village est en deuil et si l'eau n'est plus là, la boue l'a remplacée et avec elle vient le temps du nettoyage.

Cette nuit du 27 au 28 février 2010 , Xynthia a coûté également la vie à 12 personnes en Charente-Maritime où aucune plainte n'a encore été déposée à ce jour. Retour sur une tempête exceptionnelle par sa violence et l'importance des dégâts avec ce reportage de France 3 Atlantique.
Commentaire : F3 Atlantique
Ce procès se tient dans des conditions exceptionnelles. Pour accueillir les nombreuses parties civiles et les spectateurs, un tribunal a été installé dans une salle pouvant accueillir jusqu'à 600 personnes où siègera le tribunal correctionnel des Sables d’Olonne . Plus de 120 parties civiles feront face à cinq prévenus poursuivis pour homicides involontaires.

Reportage de nos confrères de France3 Pays de Loire.

Reportage F3 Pays de Loire





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