Le Centre hospitalier universitaire (CHU) de Poitiers a décidé jeudi soir, en accord avec les parents, d'engager "l'accompagnement de fin de vie" du bébé grand prématuré dont l'état de santé s'est dégradé ces dernières heures, ce qui met un terme au conflit surgi avec les parents.
"L'état de santé du nouveau-né s'est dégradé ces dernières heures et les modalités d'accompagnement de fin de vie ont été définies en associant la famille", a indiqué le CHU de Poitiers dans un communiqué, à l'issue d'une réunion collégiale de l'équipe médicale de l'unité de réanimation néonatale. Le chemin de prise de décision médicale de fin de vie a été emprunté "selon des pratiques recommandées, intégrant un avis extérieur, un avis éthique et une nouvelle réunion collégiale de l'équipe". "Tout au long de sa prise en charge, des réunions collégiales ont très rapidement conduit l'équipe médicale à exclure tout acharnement thérapeutique" en se fondant "sur les données cliniques du nouveau-né", a expliqué le CHU, soulignant que "l'avis des parents" avait été "entendu".Les parents du petit Titouan, né avec un poids de 900 grammes à 25 semaines et demie de grossesse, soit près de quatre mois avant le terme, avaient réclamé l'arrêt des soins pour leur enfant qui avait, surtout, subi une hémorragie cérébrale pouvant causer de graves séquelles. Expliquant leur décision, Mélanie et Aurélien avaient indiqué ne pas vouloir "une vie de handicap" pour leur enfant. "S'il y a des familles qui le souhaitent, nous, nous ne le souhaitons pas", avait dit le couple de trentenaires, originaire de Charente-Maritime, qui ne se "sentait pas capable de gérer ça". Désireux d'alerter l'opinion sur cette question, ils avaient contacté les médias mardi.
Procédure normale
Le CHU avait alors d'emblée dissocié le cas de Titouan d'une situation d'acharnement thérapeutique ou du débat récurrent sur l'euthanasie, évoquant le besoin de prendre du temps. La lésion ne s'étant pas résorbée, il était alors impossible pour les médecins de prédire avec exactitude le degré de handicap. Jusqu'à jeudi et l'aggravation de l'état de santé du bébé. Le CHU a rappelé que cette décision avait été prise suite à de nombreuses discussions qui "se sont déroulées selon une procédure normale dans ces situations toujours éprouvantes, en faisant abstraction du contexte médiatique".Comme il est d'usage dans ce type de situation, le cas de l'enfant avait d'abord été soumis à une autre équipe de réanimation néonatale, celle du Centre hospitalier Antoine-Béclère à Clamart. Un avis avait ensuite été sollicité auprès de "l'espace de réflexion éthique régional de Poitou-Charentes". "La réflexion a été conduite dans la sérénité, les parents ont toujours été informés des différentes étapes qui ont jalonné la réflexion de l'équipe médicale",a souligné le CHU.
Des spécialistes de néonatalogie avaient souligné la complexité, pour les grands prématurés, de prédire leurs séquelles, pas nécessairement liées aux lésions cérébrales, et ce plus les enfants, donc leurs cerveaux, sont petits, avec des évolutions rapides dans un sens ou l'autre. D'où une prudence assez courante: "Le fait de bien se poser, pour être sûr qu'on ne fait pas de bêtises, et de réanimer en attendant, est une procédure habituelle, demandée et conseillée par tous les organismes professionnels qui traitent de ce sujet. De temps en temps, il est urgent de ne pas agir. Il n'y a jamais urgence à tuer, d'autant que c'est irréversible", avait ainsi observé le Dr Christophe Elleau, chef de l'unité de néonatologie-Bloc Maternité au CHU de Bordeaux.
Jeudi, le CHU de Poitiers, ses équipes médicales et soignantes, ont tenu à témoigner de leur "plus vif soutien à la famille et son entourage".