Il est peut-être le pire pédophile que la France ait jamais connu, Joël Le Scouarnec, le chirurgien de l'hôpital de Jonzac, comparaît devant la cour d'assises de la Charente-Maritime à partir de vendredi 13 mars. Il devra répondre de viols et d'agressions sexuelles sur quatre mineures.
C'est le premier procès de Joël le Scouarnec, mais pas le dernier. Le chirurgien, pédophile présumé, de Jonzac devra répondre de viols et d'agressions sexuelles sur quatre mineures dont sa petite voisine de six ans. C'est son témoignage qui avait conduit à l'arrestation de cet homme de 70 ans et à la découverte de cette affaire gigantesque. On pourrait en effet compter jusqu'à 350 victimes. Joël Le Scouarnec a travaillé dans plusieurs hopitaux. Avant d'atterrir à Jonzac, il a notamment été salarié dans les hôpitaux de Loches, Vannes, Lorient ou Quimperlé.
Une plainte qui dévoile toute l'affaire
En mai 2017, une petite fille de six ans explique à sa maman que son voisin, Joël le Scouarnec, s'est exhibé devant elle et l'a touchée. Elle finit même par décrire un viol. Les parents portent plainte, Joël Le Scouarnec est interpellé et des perquisitions sont menées. Elles permetttent de découvrir des petits cahiers dans lesquels le chirurgien a soigneusement consigné des viols ou des agressions sexuelles. Une sorte de journal intime dans lequel il brosse même son propre portrait :Il agissait dans les salles d'opération, ou en salle de réveil. Il s'arrangeait pour se retrouver seul avec les petits patients et il les agressait.Je suis un grand pervers, exhibitionniste, voyeur, sadique, masochiste, scatologique, fétichiste, pédophile et j'en suis très heureux.
- Joël Le Scouarnec, dans ses carnets intimes.
Un signalement du FBI en 2004 et une condamnation en 2005
Mais Joël le Scouarnec avait déjà été condamné et avait pu reprendre son activité professionnelle. En 2004, le FBI alerte les autorités françaises sur une liste de pédophiles présumés, consommateurs de site pédo-pornographiques. Un an plus tard, il écope d'une peine de quatre mois de prison avec sursis devant le tribunal de Vannes pour détention d'images à caractère pédo-pornographique. Mais il reprend alors son activité de médecin et arrive à Jonzac en 2008. Il y restera jusqu'en 2017, date à laquelle il prend sa retraite.Le parquet de Lorient en charge des autres viols et agressions sexuelles
Le 18 novembre 2019, le parquet de Saintes s'est déssaisi du dossier au profit de celui de Lorient. C'est donc devant les assises du Morbihan que Joël Le Scouarnec sera à nouveau jugé pour les centaines d'autres affaires, sur la période allant de 1991 à 2014.Compte tenu de sa bonne connaissance du dossier, c'est toujours la section de recherches de la gendarmerie de Poitiers qui reste saisie de la poursuite des investigations à titre principal, afin, selon les déclarations de la procureure, « de garantir la continuité de l’enquête »
Un procès à huis clos
Étant donnés la nature des faits et l'âge des victimes à l'époque, le huis-clos a été demandé par une majorité de parties civiles. Un souhait non partagé par les parents de la fillette dont la plainte a déclenché l'affaire. Ils souhaitaient une publicité des débats.La cour a prononcé vendredi matin le huis clos total.
Colère et frustration
La décision de mener les débats à huis clos est vécu par cette famille comme une trahison. Dégoûté, le père a quitté la salle d'audience. Pour lui, le huis clos est une injustice pour toutes les victimes de pédophilie.
J'ai la rage ! Ca fait trois ans que je me bats, j'ai pleuré des tas de fois. Moi, personnellement je le dis devant tout le monde, je me suis fait attouché sexuellement quand j'étais petit et j'ai pas honte de le dire il y a des gens qui ont peut- être honte qui n'arrivent pas à le dire mais moi j'ai pas honte, moi je le dis, c'est pour ça que j'ai cette rage aujoud'hui, il faut qu'on arrête les gars comme ça.Voilà pourquoi je gueule, voilà pourquoi je veux que ce soit entendu. - Jérôme Loiseau, père de la dernière victime de Joël Le Scouarnec
A l'intérieur, l'audience se poursuit, sans public et sans la présence des journalistes. Le temps d'une courte interruption de séance, l'avocat de Joël Le Scouarnec lâche quelques mots sur l'état d'esprit de son client.
Quant à formuler des excuses, "ce n'est pas le sujet pour le moment". Le procès doit durer jusqu'à mardi prochain.Il aborde cette audience avec un peu de stress, d'anxiété et en même temps de l'impatience de s'exprimer, de s'expliquer, d'apporter des éléments de réponse à ses victimes et puis aussi de tenter de comprendre comment il a pu en arriver là... - Maître Thibaut Kurzawa, avocat de Joël Le Scouarnec