L'observatoire des oiseaux du jardin publie son rapport sur dix années de comptage des oiseaux. Le bilan est alarmant sur certains points. Plusieurs espèces sont en baisse, d'autres apparaissent dans les jardins des villes faute de trouver de quoi se nourrir à la campagne comme elles devraient pouvoir le faire.
C'est un travail scientifique basé sur les observations faites par des amateurs. L'observatoire des oiseaux du jardin publie son rapport sur dix années d'observation. Et les résultats sont pour le moins contrastés. Ce comptage des oiseaux des jardins est réalisé deux fois par an à l'initiative de la Ligue de Protection des Oiseaux, l'équipe Vigie-Nature du Muséum d'Histoire Naturelle et de l'Office Français de la Biodiversité.
Le comptage en hiver
Le comptage des oiseaux se fait à deux périodes de l'année. Au printemps, pendant la période de reproduction et en hiver.
Le comptage d'hiver a permis de recenser une cinquantaine d'espèces différentes dans les jardins des particuliers. Et parmi elles, 50 % sont en augmentation. Pour le chardonneret élégant, c'est carrément 83 % d'augmentation.
Cela ne signifie pas que les populations sont plus nombreuses, mais qu'une quantité plus importante de ces oiseaux fréquente nos jardins pour trouver de la nourriture. Leur habitat et leur lieu de vie ne leur permettent plus de se nourrir correctement en hiver, c'est ce qu'explique Marjorie Poitevin, animatrice de l'observatoire des jardins à la LPO à Rochefort, en Charente-Maritime. "Dans les zones d'agriculture intensive, les oiseaux granivores comme le chardonneret ou certains moineaux ne trouvent plus à manger. Ils sont donc artificiellement attirés en ville par la nourriture mise à disposition dans les jardins. Ils ne trouvent plus de graines en milieu naturel.", précise-t-elle. Cela ne signifie évidement pas qu'il faut cesser de donner à manger aux oiseaux dans votre jardin. "Les oiseaux ne deviennent pas dépendants si on fait les choses correctement. C'est-à-dire qu'on met des graines de novembre à mars. Hors de ces périodes, les oiseaux trouvent à manger.", précise Marjorie Poitevin.
Certaines espèces comme les fauvettes ont carrément changé leur mode de migration pour rester dans les jardins l'hiver et trouver de la nourriture.
Le comptage au printemps
L'autre comptage annuel se fait au printemps dans la période de reproduction. Et là, les résultats sont plus inquiétants. "2 % des espèces ont une population en hausse, mais 40 % enregistrent une baisse.", déplore Marjorie Poitevin. Les martinets noirs, par exemple, ont enregistré une chute de leur population de 46 % en dix ans.
"Ils ne trouvent plus d'insectes volants, or, ils sont insectivores à 100 %.", regrette Marjorie Poitevin. En cause, l'usage des pesticides et la dégradation de leur habitat. Mais également les canicules ou la rénovation de bâtiments qui réduisent ses possibilités de construire un nid.
Nouveau comptage des oiseaux les 28 et 29 janvier
Le comptage hivernal aura lieu le weekend du 28 et 29 janvier. Si vous souhaitez y participer, vous choisissez un des deux jours et vous passez une heure dans votre jardin, de préférence en milieu de journée quand il fait un peu moins froid. Dans chacune des espèces que vous notez, vous comptez la plus grosse quantité. Si, par exemple, vous voyez se poser deux merles, puis dix minutes plus tard trois merles, vous ne comptez que les trois derniers. Une fois vos comptages terminés, rendez-vous sur le site internet de la LPO, et sur la fiche de comptage, vous notez vos observations.
Reportage Marie Radovic et Thomas Chapuzot