Fermeture de Marineland : "C'est un gâchis monumental" dénonce Mike Riddell, l'ancien directeur du parc aux orques

Ce 5 janvier était le dernier jour d'ouverture au public du parc Marineland d'Antibes dans les Alpes-Maritimes. Directeur de Marineland pendant 26 ans, cet ancien soigneur dénonce la fermeture du parc marin qu'il a vu construire en 1970. Interview.

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Il était là pour le tout premier spectacle des orques et tenait à finir l'histoire en assistant au dernier. Ce dimanche 5 janvier, parmi les milliers de spectateurs dans les gradins, un Anglais discret - casquette, lunette de soleil - grommelle. Mike Riddell a été directeur de Marineland pendant 26 ans. Il ne se fait pas du tout à la fermeture définitive du parc. Et compte bien faire entendre son coup de gueule. 

Je suis très en colère très. C’est un gâchis monumental.

Mike Riddell, ancien directeur de Marineland

"Tout à l’heure, on a vu le spectacle, c’est une communion entre les animaux, les soigneurs et le public. Une communion très forte. Tout ça est cassé pour rien. Aujourd’hui, One Voice clame une victoire monumentale, mais en réalité, c'est un désastre. Il y a 100 personnes qui vont se retrouver au chômage. Personne ne sait où caser les animaux."

One Voice a proposé quelque chose de totalement irréaliste, qui n’aura pas lieu, qui n’est pas financé, on ne sait pas où ça se trouve. Et puis finalement, ils disent, c'est mieux que les animaux restent à Marineland dans le fond. Tout ça pour ça, c’est un scandale ! Et j’en veux énormément aux ministres successifs et notamment Ségolène Royal qui a signé un décret sur un coin de table à la sortie de son ministère la veille de quitter de son poste.

C’est un scandale. Et personne ne parle du personnel. Vous les avez vus au spectacle des orques. Ils ont des éducations universitaires. Ils vont être remplacés par des salariés opérateurs de manège. Qu’est-ce que c’est que ce bordel ?"

Je suis là depuis avril 70. C’est-à-dire le premier spectacle qui a eu lieu ici, c’est moi qui l’ai fait. Le 10 juin 1970 à 14h. J’étais obligé d’être là pour voir le dernier.

Mike Riddell, ancien directeur de Marineland

"Moi, j'ai vu là des animaux en parfaite santé. J’ai rarement vu des orques aussi bien. Ils ont une peau luisante, ils sont gras, ils sont dynamiques. One Voice nous dit ils sont très très malades. Bullshit. Tout ça, c'est pour ramener les adhérents à faire des dons. C’est une escroquerie."

Questionné sur l'idée d'un sanctuaire naturel, là aussi, l'homme ne mâche pas ses mots : 

"Bien sûr, ce serait parfait mais c’est utopique, ça ne peut pas exister. Imaginons le projet que One Voice a en tête : ils veulent aller sur la côte est canadienne, à New Brunswick ou Nouvelle-Écosse peu importe. Y’a rien là-bas. Qu’est-ce qu’il va se passer ? Ils vont fermer un bras de mer, ils vont mettre un grillage et les orques dedans. Ça va devenir l’attraction touristique du pays ! Et finalement comme ça va être très cher à faire fonctionner, on va faire payer le public pour rentrer. C’est-à-dire un Marineland bis au Canada. Rien ne change. Je suis en colère."

  • Le dernier jour d'ouverture :

"J'en veux aux actuels dirigeants de ce parc"

"C’est un gâchis monumental. Cette arène, elle est ce qu’elle est. Ça pourrait être plus grand bien sûr. Ça peut toujours être plus grand. On a fait le plus grand possible compte tenu des contraintes techniques du sol. Il y a 11 mètres de profondeur de bassin ici, c’est déjà colossal. Ça pourrait être plus grand. Si je pouvais, je le ferai. Mais à l’époque, c'était comme ça.

On est dans une impasse totale, le ministre ne sait pas quoi faire. One voice dit n’importe quoi. Les animaux ne sont pas malades, y’a pas d’urgence. Donc, ils disent « Laissez les là ». Sauf que Marineland ne va plus avoir de recettes, donc qui va payer ? Au début Marineland va payer c’est clair. Mais à un moment donné, les actionnaires de Marineland vont dire non, on ne peut pas verser des capitaux là-dedans à perte."

Cinquante-cinq ans après son ouverture, le parc a définitivement fermé au public ce dimanche soir. Victime d'une baisse de sa fréquentation et de la loi de 2021 interdisant les spectacles de cétacés, l'avenir des animaux et des locaux est encore incertain. 

"J’en veux aux actuels dirigeants de ce parc qui n’ont aucune notion animalière. J’ai créé ce bassin .On a fait le tour du monde pour savoir comment faire un bassin d’orques du mieux possible avec des vitres etc. On a bataillé pour ce truc. Cette arène a été construite en 11 mois entre le premier coup de pioche et le premier public qui est venu voir les animaux. Cet effort-là, ça vient des tripes."

Actuellement ca appartient à des fonds de pension américains, y’a plus de tripes.

Mike Riddell, ancien directeur de Marineland

"C’est purement qu'actuellement Marineland n’est pas rentable. On peut même imaginer que les associations comme One Voice sont des alliés objectifs des actionnaires de Marineland. Ils veulent la même chose. Marineland sera ravi de ne pas payer des animaux chers, des soigneurs chers, et les remplacer par des smicards. Et qui dit qu’une partie des terrains ne sera pas vendue pour faire des immeubles genre Marina. Tout ça, c'est une vaste fumisterie et je suis toujours très en colère."

Lors de l'annonce de la fermeture du parc le 4 décembre dernier, sa direction évoquait les difficultés liées à la législation et également de graves problèmes économiques, faisant état d'une fréquentation "passée de 1.2 million à 425.000 visiteurs par an" en 10 ans.

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