Six postes de gynécologues obstétriciens sont actuellement vacants à la maternité de Rochefort. Faute de médecins pour assurer les gardes, le service a dû fermer entre le 19 et le 23 avril, et pourrait être contraint de fermer à nouveau pendant les ponts du mois de mai.
Romane est née à La Rochelle. Sa maman Élodie aurait dû accoucher à la maternité Pernelle Aufrédy de Rochefort, mais l'effectif insuffisant de médecins l'a contrainte à parcourir quarante kilomètres pour donner naissance à sa fille. "On vient ici, mais on ne sait pas comment ça va se passer. Et puis c'est une autre organisation parce que nous, on est transféré, mais avec l'entourage, il faut s'organiser derrière. Ça fait des kilomètres par rapport à mon lieu de domicile et à l'hôpital où je devais accoucher".
Trois jours de fermeture
La maternité du centre hospitalier de Rochefort a rouvert à 8 h 30 ce mardi 23 avril, après trois jours de fermeture. Faute de gynécologues obstétriciens pour assurer le bon déroulement des naissances, le service était fermé depuis le vendredi 19 avril au soir. "La prise en charge sécurisée des accouchements 24h/24 et des urgences gynécologiques ne pouvant plus être assurées sur la période du 19/04/2024 au soir jusqu'au 23/04/2024 à 8 h 30, une réorientation avait été mise en place vers les autres maternités du territoire (Centres hospitaliers de Saintes et La Rochelle)", indique le groupe hospitalier Littoral Atlantique. "Les femmes enceintes de plus de 37 semaines d’aménorrhée ont été informées du protocole. Elles ont pu choisir la maternité dans laquelle elles souhaitaient accoucher", précise l'hôpital de Rochefort, qui ajoute que leur dossier médical a été transmis à l’établissement de leur choix.
Sur cette période, treize patientes ont été orientées vers l'hôpital de La Rochelle, et six d'entre elles, dont Elodie, y ont accouché. Quatre autres patientes ont été dirigées vers l’hôpital de Saintes où elles ont donné naissance à leur enfant.
Réactions syndicales contrastées
Transfert en urgence en cas d'accouchement prématuré, déclenchement programmé, pour Céline Berenguer, cosecrétaire départementale SUD 17, cette fermeture temporaire n'est pas sans conséquences pour la santé des patientes : "Quand ça se passe comme ça, on déclenche les accouchements dans les périodes ouvertes, par exemple, une semaine avant la date prévue. Ce n'est pas dangereux, mais ce n'est pas anodin : il y a plus de douleurs de contractions, c'est beaucoup moins naturel", affirme-t-elle.
Une fermeture qui impose aussi aux personnels d'être flexible : "Deux sages-femmes, au statut contractuel, ont été déployées en renfort à La Rochelle. On leur a fait du chantage en leur disant "Soit c'est La Rochelle, soit c'est un week-end de congés forcé", déclare Céline Berenguer.
Christophe Choquard, cosecrétaire départemental interpro Unsa et secrétaire local Santé 17, n'a pas connaissance de personnel envoyé en renfort à La Rochelle. Selon lui, "ça s'est bien passé, le dispositif avait été borné. Il n'y a pas de risques pour les patientes, elles ont été prévenues, suivies."
Des inquiétudes pour la suite
Ça va se reproduire, il y aura encore ce genre de situation. C'est une catastrophe sur tout le département et sur toute la région. Il manque des pédiatres et des gynécologues.
Christophe ChoquardCosecrétaire départemental UNSA interpro
Christophe Choquard s'avoue toutefois inquiet pour les mois à venir : "Cet été, avec les vacances et les maladies, ça risque de poser problème. On essaie de pallier au mieux, mais peut-être que ça ne fonctionnera plus à un moment donné. Il y a aussi les autres spécialités, on est à flux tendu, on ne sait pas où on va", déplore-t-il.
"La situation reste fragile" reconnaît le directeur adjoint du groupe hospitalier Littoral Atlantique Thierry Montourcy. "Il reste six postes de gynécologues obstétriciens à pourvoir à Rochefort. On travaille au recrutement, mais un risque de fermeture demeure entre le 8 et le 11 mai".
Un délabrement structurel et national
Ces derniers mois, les fermetures temporaires se multiplient dans les hôpitaux de la région, par manque de personnel. Les urgences pédiatriques de l'hôpital de Saintes ont fait l'objet de multiples fermetures, faute de pédiatres. Au mois de septembre, le chef du pôle pédiatrique de l'hôpital de Saintes dénonçait un délabrement structurel et national des conditions de travail au sein de l'hôpital public : "L'état mental des personnels est catastrophique. Chacun a la conviction de son travail, médecin ou non, mais ne peut pas la mettre en place. Au fur et à mesure du temps, le personnel est de plus en plus fatigué, et les gens finissent par quitter l'hôpital. Et c'est vrai dans tous les services. Que fait notre ministre de la Santé ? Que fait notre président ? Ils nous disent que tout va bien", déplorait-il.