La fermeture des urgences pédiatriques, symptôme du malaise global de l'hôpital

Fermées depuis le 7 août, les urgences pédiatriques du Centre Hospitalier de Saintes devaient rouvrir le 1ᵉʳ septembre. Faute de personnel, le service restera fermé jusqu'au 30 septembre au moins. Seules les urgences vitales et le suivi des patients déjà hospitalisés seront assurés.

"On se retrouve aujourd'hui avec un sous-effectif qui nous oblige à reprendre le protocole du mois d'août pour le prolonger en septembre, et je ne sais même pas si on pourra le tenir" alerte Dominique Cambon, chef de pôle, responsable médical pédiatrie, maternité et néonatologie au CH de Saintes.

Même pas sûr, donc, de pouvoir continuer à accueillir les seules urgences évaluées "vitales" par le médecin régulateur du 15. La situation est décidément critique dans le service d'urgences pédiatrique de l'hôpital de Saintes.

Des fermetures ponctuelles régulières

Face à un manque structurel de pédiatres depuis novembre 2022, l'hôpital de Saintes est régulièrement contraint de fermer son service d'urgences pédiatriques.

"L’absence imprévue d’un médecin depuis le 30 juillet impacte le fonctionnement du service de pédiatrie. Malgré tous les leviers habituels mobilisés, cela ne suffit pas à compléter les plannings et à soulager les équipes.", indiquait la direction de l'hôpital ce 4 août, annonçant une nouvelle fermeture de ce service entre le 7 août et le 1ᵉʳ septembre.

Une journée en janvier, une semaine en février, deux jours en avril, quatre jours fin juillet, plus de trois semaines ce mois d'août, les fermetures s'accumulent, faute de médecin pour assurer les gardes.

"L'idéal serait qu'ils soient sept pédiatres dans le service, aujourd'hui, on est à quatre équivalents temps pleins, donc obligatoirement, il y a des soucis pour faire la garde 24 h/24. Et ça va encore s'aggraver au mois d'octobre avec les périodes de vacances qu'on doit donner à nos médecins" alarme encore Dominique Cambon.

Que fait notre ministre de la Santé ? Que fait notre président ? Ils nous disent que tout va bien…

Dominique Cambon

responsable médical pédiatrie, maternité et néonatologie au CH de Saintes

Le chef du pôle pédiatrique de l'hôpital de Saintes dénonce un délabrement structurel et national des conditions de travail au sein de l'hôpital public : "L'état mental des personnels est catastrophique. Chacun a la conviction de son travail, médecin ou non, mais ne peut pas la mettre en place. Au fur et à mesure du temps, le personnel est de plus en plus fatigué, et les gens finissent par quitter l'hôpital. Et c'est vrai dans tous les services. Que fait notre ministre de la Santé ? Que fait notre président ? Ils nous disent que tout va bien" déplore-t-il.

Les conséquences sur la médecine de ville

Une situation de crise à l'hôpital qui inquiète, les jeunes mamans notamment. Et qui a des conséquences sur la médecine de ville. Contraints d'accueillir les consultations "d'urgence non vitale", les pédiatres libéraux multiplient les actes. Une pratique qui ne correspond pas à ceux qui ont fait le choix d'exercer en cabinet pour assurer un suivi des enfants, une continuité de soins, un rythme qui n'a rien à voir avec celui des urgences.

Chaque année, les urgences pédiatriques de Saintes accueillent en moyenne 8 000 enfants. Un afflux que les 12 spécialistes de ville ne pourront en aucun cas prendre en charge.

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