La multiplication des cas de grippe, de covid et de bronchiolite met sous tension les hôpitaux de l'Hexagone. Notre équipe s'est rendue à l'hôpital de Rochefort où les équipes soignantes sont surchargées de patients.
Des brancards en enfilade dans les couloirs. Masque sur le visage, des malades sont allongés et patientent. "Pas le choix" souffle l'un d'eux. La plupart sont arrivés au petit matin à l'hôpital de Rochefort (Charente-Maritime). Il est midi passé, et ils attendent toujours. "J'étais dans un box à deux personnes, raconte un homme venu pour une chute, et puis la deuxième personne qui est arrivée avait la grippe, alors on m'a mis dans le couloir pour que je ne l'attrape pas."
Chaque jour, l'établissement accueille une centaine de patients à cause notamment de la triple épidémie de covid, de grippe et de bronchiolite. Ce jeudi 29 décembre, lorsque notre équipe de journalistes Antoine Morel et Stéphane Hamon s'est rendue sur place, les onze box adultes étaient tous occupés par des malades. "C'est un turn-over permanent, se désole Christel Poiret. Aide-soignante, elle ne peut que constater son impuissance. "Les gens attendent des heures et des heures aux urgences parce qu'on n'a pas de place dans les services de soin."
Cela peut durer parfois jusqu'à "vingt-heures" de l'aveu même du chef du service. Le Dr Dominique Tourret le concède : il vit "mal" cette situation. "Les gens qui sont là ont tous une bonne raison. Quand on a une bonne grippe ou une pneumonie, qu'on est très fatigué, c'est 24 h sur 24 qu'il faut une présence soignante. Et cette présence, c'est à l'hôpital qu'on peut l'avoir."
Ce n'est pas la première fois que le praticien monte au créneau pour défendre la qualité des soins. Le 22 décembre dernier, le Dr Tourret signait avec ses confrères de Saintes, La Rochelle, Royan et Jonzac, une lettre ouverte pour "alerter sur la situation très dégradée des capacités des hôpitaux" en Charente-Maritime.
À Rochefort, près de 40 000 sont accueillis chaque année aux urgences alors que l'établissement est dimensionné pour en recevoir deux fois moins. Le service est à l'étroit, les effectifs sont anémiques, ce qui a conduit à fermer une douzaine de lits. "Il faut qu'on retrouve de l'attractivité, explique Thierry Montourcy, le directeur adjoint du groupement hospitalier de la Rochelle-Ré-Aunis, qu'on redonne du sens à nos métiers hospitaliers, qu'on soit en lien plus étroit par exemple avec les écoles de formation."