Un A350 a fait une sacrée frayeur aux deux gardiens du phare de Cordouan, en face de Royan, ce mercredi. L'avion volait à si basse altitude qu'il semblait effectuer un atterrissage d'urgence. Mais il n'en était rien... Explications.
Les gardiens du phare de Cordouan ont bien cru assister à une catastrophe aérienne, ce mercredi. Cette après-midi là, les deux compères pêchent à marée basse dans l'estuaire de la Gironde quand, soudain, un immense avion se dirige droit sur eux.
"Il volait à très basse altitude et progressait lentement en direction du phare, témoigne l'un d'eux, Stéphane Caillon. Ce qui m'a frappé, c'est ses trains d'atterrissage ouverts. On aurait cru qu'il allait se poser sur le plateau de Cordouan."
L'avion se rapproche inexorablement du sol dans le silence. "Il était à environ 1 km de nous et paraissait même plus bas que le phare", estime le second témoin, Benoît Jenouvrier. Soudain, l'appareil remet les gaz. Un épais nuage de fumée se dégage des réacteurs, il remonte à la verticale avant de reprendre la direction du Sud-Ouest.
Voler dans des conditions extrêmes
Jointe par téléphone, la Direction générale de l'Aviation civile confirme le récit des deux gardiens. Cet Airbus A350, tout droit sorti des usines de l'avionneur français, effectuait un vol d'essai dans l'estuaire de la Gironde. L'appareil, d'une soixantaine de mètres de long, décolle de Toulouse. Il arrive sur zone vers 13 heures et plonge au dessus des flots.Dans le jargon, on dit que le constructeur "pousse son A350 au delà de son domaine de vol". Avant sa livraison à une compagnie, il est testé dans des conditions extrêmes pour s'assurer de son efficacité. Arrivé à 2125 pieds (647 mètres) du sol, l'avion remonte brusquement. A son bord, deux pilotes et des ingénieurs évaluent les réactions de l'engin.
"L'exécution de ces manoeuvres risquées est confiée à des pilotes spécialisés", explique Louis Hiribarren, responsable de la permanence opérationnelle du Centre en route de la navigation aérienne (CRNA) du Sud-Ouest. Les contrôleurs aériens chargés de la surveillance sont également spécialisés et dépendent du ministère de la Défense. La procédure fait l'objet d'un suivi par les autorités : chaque plan de vol est déposé et validé par la sécurité aérienne.
"ATR, Socata, Airbus, Dassault... Tous les grands constructeurs sont installés dans le Sud-Ouest, poursuit Louis Hiribarren. Donc presque tous les vols d'essais ont lieu dans le coin."
La nouvelle n'étonne qu'à moitié les deux gardiens du phare de Cordouan. "On voit souvent des Rafales réaliser leurs essais autour du phare, raconte Benoît Jenouvrier. Une fois, l'un d'eux est même passé en dessous de la lanterne... J'ai vu le casque du pilote !"
Finalement, c'est un dénouement heureux. L'histoire devrait faire sensation autour des tables de réveillon pendant les repas en famille des deux gardiens du phare de Cordouan.
Mise à jour : 18h50
L'un de nos internautes a réussi à reconstituer l'essai de cet avion. Le plan de vol qu'il nous présente devrait soulager les deux témoins : ils ne se trouvaient pas sur la trajectoire de l'A350. Lors de son virage vers le sud-ouest, l'appareil est à passé à 3,9 km du phare. L'un de nos contacts nous avait d'ailleurs expliqué que ces gros modèles "paraissaient toujours plus proche qu'ils ne le sont en réalité". Une simple illusion optique.
D'après nos informations, c'est l'une des premières fois que volait ce nouveau modèle d'Airbus. L'A350-1041 sera le plus imposant de cette serie de long-courriers construite par l'avionneur français. Son baptème de l'air a lieu il y a tout juste un mois, au départ de l'aéroport de Toulouse-Blagnac, sa base opérationnelle :