Inquiet et en souffrance, le personnel du centre hospitalier Royan Atlantique créé le collectif CH en danger. Il se mobilise pour dénoncer le sous-investissement à l'hôpital et alerter la population.
"Voilà 26 ans que je travaille à l'hôpital de Royan et j'ai vu la fermeture des services de cardiologie, de réanimation, de gériatrie... C'est catastrophique pour la population du bassin royannais" raconte Nathalie Foucault. L'émotion est perceptible dans la voix de cette aide-soignante.
Comme 90 membres du personnel du centre hospitalier de Royan Atlantique, elle a rejoint le collectif CH en danger. Né il y a quinze jours d'un élan spontané, ce groupe est apolitique, asyndical et ouvert à tous les salariés. "L'objectif est de sauver notre hôpital, explique Aurore Moreau, une autre représentante du collectif. Avec 22 % de lits en moins en trois ans, la qualité des soins s'est dégradée. Aux urgences par exemple, on demande depuis plusieurs années qu'il y ait toujours un médecin sénior et un infirmier de nuit. Nous ne l'avons jamais obtenu."
Dans le collectif, infirmières, secrétaires, manipulateurs radio, etc. se concertent pour établir une liste commune de problèmes et de revendications à transmettre à l'Agence régionale de Santé : "Nous constatons tous notre impuissance alors, nous avons décidé d'agir" ajoute Aurore.
Manque de médecins, mal-être général
Au centre hospitalier de Royan, la difficulté de recruter des médecins rejaillit sur tout le personnel : "Faute de services d'hospitalisation, de gériatrie et de lits en médecine générale, nous laissons des patients pendant des heures dans les couloirs des urgences, dans la zone d'afflux. C'est un endroit sans eau où ils sont simplement séparés par des rideaux", explique Nathalie. Une partie des malades était auparavant orientée vers les cliniques, mais elles ferment de plus en plus souvent des lits faute de médecins.
Les agressions verbales se multiplient : "Les familles ne sont pas contentes de voir leurs parents dormir dans ces conditions et nous le disent parfois violemment", explique Nathalie. "Il y a de la maltraitance, envers les patients et envers le personnel."
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Mobiliser la population
C'est aussi pour alerter directement la population que ce collectif CH en danger a vu le jour : "Nous sommes inquiets pour nos patients actuels et pour nous-mêmes qui vieillissons. Si on ne fait rien maintenant, cela va dégénérer !"
Le collectif prévient que sa démarche ne vise pas "à critiquer la direction de l'hôpital" mais à tirer la sonnette d'alarme pour "sauver le centre hospitalier qui dessert un bassin de vie de 90 000 habitants".
Une manifestation est prévue le vendredi 18 octobre à 10 h devant l'entrée principale du centre hospitalier Royan Atlantique à Vaux-sur-Mer.
Le collectif en appelle directement à l'agence régionale de Santé de Nouvelle-Aquitaine et aux élus locaux. Ces propos rappellent ceux tenus l'an dernier par le médecin urgentiste Sauveur Meglio alors que les huit médecins urgentistes avaient envoyé une lettre ouverte annonçant qu'ils voulaient être déchargés de leur responsabilité médicale en cas d'accident puisque l'État ne leur donnait plus les moyens de travailler dans de bonnes conditions.