Ce jeudi 9 janvier, les marins se sont joints au mouvement de grève contre le projet de retraite universelle. Ils ont bloqué la traversée de l'estuaire de la Gironde entre Royan et Le Verdon, ainsi qu'entre Blaye et Lamarque.
Impossible de traverser l'estuaire de la Gironde par le bac ce jeudi. Les marins qui assurent quotidiennement la traversée entre Royan et Le Verdon ainsi qu'entre Blaye et Lamarque ont rejoint l'appel national de protestation contre le projet de réforme des retraites. Ils craignent un allongement de leur durée de travail et une baisse de leurs pensions.
Régime particulier en péril
"Il faut bien comprendre que les marins ont un cycle de travail un peu particulier, souligne Patrice Bahougne, secrétaire général des marins sédentaires de la région Nouvelle-Aquitaine. On a le 1er mai, Noël, le nouvel an, et puis le reste du temps, on navigue." Sur la seule ligne qui relie Le Verdon à Royan, ce sont huit traversées qui sont assurées quotidiennement en semaine, sept les week-ends et jours fériés.Jusqu'à présent, les personnels navigants bénéficiaient d'un régime particulier qui leur permettait de partir à la retraite après 37,5 annuités de travail et ils cotisaient auprès de leur propre organisme, l'Enim. Un statut spécifique que le projet de retraite universelle entend aligner sur le régime général, suscitant l'incompréhension des marins.
"Un métier physiquement éprouvant"
Sur la seule année 2018, l'Enim recensait dans son rapport d'activité plus de 1.900 accidents du travail pour environ 39.000 marins actifs, soit un peu plus de cinq par jour, et 170 maladies professionnelles déclarées. La majeure partie de ces pathologies (63,5%) est d'origine articulaire, liée à certains gestes et postures de travail, suivie de cancer et autres affections consécutives à l'inhalation d'amiante.On exerce un métier physiquement éprouvant, au contact de produits nocifs et à proximité de moteurs qui tournent en permanence. C'est compliqué pour ceux qui dorment à bord, et c'est dur pour les familles qui restent à terre, poursuit le syndicaliste.
Mobilisation importante dans les ports
C'est pourquoi les marins de la région ont suivi les différents appels nationaux de grève, avec une forte représentation à travers la France.Pour l'heure, les syndicats de marins déplorent un flou complet sur l'avenir de leur situation. "Le gouvernement ne nous a communiqué aucun chiffre tangible, aucune donnée viable, regrette Patrice Bahougne, qui espère l'ouverture du dialogue dans les semaines à venir. Il ne suffit pas de prétendre proposer une réforme juste et égalitaire, il nous faut des garanties concrètes." Le trafic du bac devrait, lui, reprendre son cours habituel dès demain, vendredi 10 janvier.On est mobilisés de Dunkerque à Marseille en passant par Brest ou Nantes. Si on s'y met pour de bon, on peut vraiment paralyser le pays mais on préfère agir au coup par coup pour ne pas pénaliser les usagers, prévient le délégué syndical.