Charente-Maritime : "des conditions indignes de détention" dans la prison de Bédenac

La contrôleuse générale des lieux de privation de liberté (CGLPL) alerte les autorités sur "une violation grave des droits fondamentaux" des détenus du centre de détention de Bédenac. Cet établissement du sud de la Charente-Maritime accueille notamment des personnes âgées et handicapées.

"Comment on se permet de laisser vivre des gens comme ça ?" : chez nos confrères de France Inter ce mardi matin, Dominique Simonnot n'a pas mâché ses mots pour relater sa visite du centre de détention de Bédenac, effectuée le 29 mars dernier. Pointée du doigt en particulier, l'"unité de soutien et d'autonomie" qui accueille une vingtaine de détenus dont la moyenne d'âge est de 68 ans. Certains souffrent de séquelles lourdes d'AVC, d'autres de dénutrition et/ou de démence. Une situation humanitaire catastrophique qui révolte l'ancienne journaliste de Libération et du Canard Enchaîné.

Il y a des gens qui ont des incontinences fécales et urinaires qui n'ont de l'aide pour les changer que deux, trois fois par semaine, le reste du temps, ils restent dans leur merde et leur pisse.

Dominique Simonnot, Contrôleure générale des lieux de privation de liberté

Cela faisait apparemment déjà quatre ans que le médecin généraliste en poste à Bédenac alertait les autorités sur la situation. Quelques jours après la visite des contrôleurs de la CGLPL, il a d'ailleurs démissionné, disant "ne plus supporter de travailler dans ces conditions". Des conditions qui se seraient apparemment sensiblement détériorées ces dernières années avec l'arrivée de nouveaux détenus. "En raison du transfert de personnes en perte d’autonomie depuis toute la France ces deux dernières années, les prises en charge, pénitentiaire et sanitaire, ne sont adaptées ni aux besoins de ces détenus âgés et lourdement handicapés, ni à l’évolution de leur état de santé", indique le rapport de la CGLPL.

Bédenac accueille des détenus en fin de peine qui, aux yeux de l'administration pénitentiaire, présentent "des gages sérieux de réadaptation sociale". Un établissement qui avait déjà été visité en 2011 par la CGLPL qui, semble-t-il, se félicitait alors de cette prison unique en France où "entre 7h30 et 19h30, toutes les personnes détenues, qui disposent d'une clef de leur cellule, circulent librement dans la zone de détention constituée par un espace de 6,72 ha".

C'est un constat beaucoup moins positif que dresse aujourd'hui Dominique Simonnot au micro de France Inter. "Quel est le sens de cette punition ? Soit on décide qu’on vit dans un pays normal et on suspend les peines de gens trop malades ou impotents pour y rester, soit on construit ces espèces d’hôpitaux prison, mais, là, ça ne donne pas très envie ce qu’on vient de voir". Cette visite a fait l'objet de recommandations en urgence publiées au Journal Officiel ce mardi 18 mai et adressées aux ministres de la Justice, de la Solidarité et de la Santé et de l'Intérieur. Ces derniers se seraient engagés dans un courier à pallier ces dysfonctionnements. 

Dans notre reportage, nous avons suivi le député de Charente-Maritime, Raphaël Gérard, en visite au sein du centre de détention.

 

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