Touchée par des inondations en mars dernier, la ville de Saintes s’est vue refuser l’état de catastrophe naturelle. Une mauvaise nouvelle pour la commune de Charente-Maritime et ses habitants, qui pourraient avoir des difficultés à se faire rembourser à la hauteur des dégâts. Un recours gracieux a été déposé.
Cinq. C’est le nombre de crues ayant touché la ville de Saintes ces trois dernières années. Une en 2021, deux en 2023 et deux en 2024. Pour les inondations et coulées de boue les plus récentes, sur la période du 24 février au 20 mars dernier, le gouvernement n’a pas reconnu l’état de catastrophe naturelle.
Il y a huit mois, le niveau du fleuve avait pourtant atteint 5,54 m. “On a eu beaucoup d’eau, on n’a pas vécu dans la maison pendant plusieurs mois et on a pu remettre nos meubles qu’au mois de juin”, témoigne Brigitte Bouzoubaa, sinistrée de la rue de Taillebourg, sous les eaux pour la troisième fois en un hiver.
Une décision parue au Journal Officiel le vendredi 1ᵉʳ novembre, qui laisse le maire de la commune dans l’incompréhension la plus totale. D’abord parce que les précédentes inondations de novembre et décembre 2023 avaient, elles, été reconnues. “Mais en 2024, où ce sont quasiment les mêmes niveaux d’eau, là, on ne l’est pas”, fustige Bruno Drapron, dénonçant un choix “technocratique”.
Décision "technocratique"
Dans l’arrêté officiel, le ministère de l’Intérieur écrit que les différents rapports “n’ont pas fait état de précipitations ou de débordement de cours d’eau exceptionnels” et “qu’aucune saturation anormale des sols en eau n’a été mise en évidence”. Il est également question d’un cumul de précipitations et/ou d’un débit qui présentent lors de l’événement “une période de retour inférieure à 10 ans”.
Toutes les assurances n'ont pas été égalitaires sur le traitement de la résolution des crus. Grâce à l’état de catastrophe naturelle, vous forcez la main aux assurances.
Bruno Drapronmaire Horizons de Saintes
Des arguments jugés flous et irrecevables par la municipalité, qui craint des indemnisations insuffisantes pour ses habitants : “Toutes les assurances n'ont pas été égalitaires sur le traitement de la résolution des crus. Grâce à l’état de catastrophe naturelle, vous forcez la main aux assurances”, explique Bruno Drapron, maire Horizons.
Brigitte Bouzoubaa, sinistrée, espérait pouvoir réduire le coût des dégâts subis : “C’est important pour nous parce que ça permet une prise en charge plus importante. Sans cela, ça va être compliqué d'appuyer nos dossiers”, regrette-t-elle.
L'assurance habitation prélevée pour le fonds
D’autant que 12 % sont prélevés sur les contrats d’assurance habitation afin de “contribuer au fonds d’indemnisation” des catastrophes naturelles, comme le rappelle Stéphanie Durafour, porte-parole d’Assurland : “Au 1ᵉʳ janvier 2025, il passera à 20 %, donc la facture va augmenter, que les personnes soient exposées ou non au risque d’aléa climatique”.
Soutenue par la préfecture de la Charente-Maritime, la ville de Saintes a fait un recours gracieux et espère un changement de décision au plus vite afin que tous les événements soient pris en charge “de manière équitable”.
Dans le département, les communes de Matha et de Saint-Coutant-le-Grand ont également vu leur demande refusée.