En 2008, des embarcations de l'époque gallo-romaine (début du IVe siècle) étaient découvertes au fond de la Charente. De véritables trésors d'archéologie qui ont attiré les fantasmes de pilleurs aguerris et sans scrupules. Lancée en 2020, l'enquête menée par la brigade nautique de gendarmerie de La Rochelle est toujours en cours. Entretien avec son commandant, l'adjudant-chef Christophe Laferrière.
-La coque découpée sur une épave et des fers à béton pour accéder à la seconde embarcation... Où en est l’enquête sur ces faits remarqués par des archéologues en 2020 sur le fleuve Charente ?
Christophe Laferrière, commandant de la brigade nautique de gendarmerie de La Rochelle :
"En 2020, nous avons constaté que des personnes étaient allées sur une épave en train d’être travaillée par les archéologues. Elles l’ont endommagée et ont pris certaines choses. Nous avons effectué des constatations et certains actes d’enquête. Nous avons aussi tenté d’identifier deux bateaux. L’un a été mis rapidement hors de cause et l’autre n’a pu être identifié.
-C’est une enquête forcément particulière, au fond de l’eau ?
C.L. C’est toujours un peu particulier ce type d’enquête mais nous possédons beaucoup de moyens.
En fait, tout ce qui est fait sur l’eau, on peut le faire sous l’eau. En fonction du temps qui s’est déroulé depuis les faits, je peux effectuer des prélèvements ADN, je peux rechercher des empreintes.
Christophe Laferrière, commandant de la brigade nautique
Tout cela a été fait par nos services, malheureusement comme c’était sur du bois, nous n’avons pas pu relever beaucoup d’éléments. En revanche, nous avons réalisé notre procédure « environnement » : autrement dit, on a essayé de retrouver tous les navires passés par là.
-Selon vous, s’agit-il de professionnels de la plongée, de chasseurs de trésors ?...
C.L. C’est difficile de savoir de qui il peut s’agir. En tous cas, ce sont des gens bien évidemment aguerris à la plongée. Ils maîtrisent quand même pour pouvoir faire ce qu’ils ont réalisé sous l’eau. Même avec seulement quelques mètres de profondeur, il y avait pas mal de courant.
-Y a-t-il des patrouilles ou une surveillance particulière mise en place ?
C.L. Il y a bien sûr des patrouilles mises en place, même si il y en a moins sur les fleuves qu’en mer. Comme la campagne de recherche des archéologues vient de reprendre, nous allons aussi reprendre notre surveillance. La difficulté, c’est que nous ne pouvons pas nous concentrer sur les lieux où se trouvent les épaves, justement pour éviter d’en divulguer l’emplacement et lutter le plus possible contre ce type de pillages."
La préfecture de Charente-Maritime a d'ailleurs pris un arrêté en 2021 pour interdire le mouillage et la plongée dans une vaste zone de plusieurs kilomètres autour des épaves concernées.