La convention citoyenne sur la fin de vie a terminé sa phase de délibération dimanche 19 février et s'est prononcée majoritairement en faveur d'une aide active à mourir en France. France 3 Nouvelle-Aquitaine ouvre le débat et revient sur le destin d'Anne Bert, qui avait fait le choix de l'euthanasie en Belgique en 2017.
La convention citoyenne sur la fin de vie a livré, dimanche 19 février, ses premières orientations. 184 personnes, tirées au sort, ont participé à plusieurs débats en décembre 2022 : près de 75% de ces citoyens se sont prononcés en faveur d'une aide active à mourir.
Le débat ne fait que commencer. La Convention va poursuivre ses travaux lors d'une phase d’harmonisation jusqu'au 19 mars. C'est à ce moment-là que les propositions seront transmises au gouvernement qui choisira alors les orientations qu'il souhaite mettre en place.
Actuellement en France, l'euthanasie et le suicide assisté sont interdits. La loi Claeys-Leonetti de 2005, et enrichie en 2016, n'autorise que la "sédation profonde et continue jusqu'au décès".
Le sens des mots
L'aide active à mourir n'est donc pas permise en France. Quelques définitions pour bien comprendre :
- Euthanasie active : acte médical consistant à provoquer intentionnellement la mort d'un patient.
- Euthanasie passive : arrêt des traitements à la demande du patient.
- Suicide assisté : dose mortelle d'un médicament, prescrit par un médecin, et que le patient prend seul.
La mort à l'étranger
La Belgique est l’un des cinq pays au monde à proposer une euthanasie active, avec la Colombie, les Pays-Bas, le Luxembourg et l’Espagne.
Atteinte de la maladie de Charcot, une pathologie dégénérative, incurable, Anne Bert était condamnée à la déchéance physique puis à la mort.
Mais la romancière a refusé cette fatalité : elle a fait le choix de l'euthanasie en Belgique, où elle s’est éteinte en octobre 2017, digne, sereine, mais malheureusement loin de la Charente-Maritime où elle était installée.
"J'ai décidé de mourir"
Durant les six derniers mois de sa vie, Anne Bert a accepté la présence du réalisateur à ses côtés. Entre eux, une relation de confiance et d'amitié s'est nouée. Dans le film qui progresse inéluctablement vers la date choisie par l'écrivaine pour mettre un terme à sa maladie, Anne Bert ouvre les portes de son jardin secret, ce qu'elle a de plus précieux : sa famille, ses amis.
Au fil des semaines qui passent et de la maladie qui la prive progressivement de l'usage de son corps, Anne Bert se révèle comme une femme libre, belle et battante comme elle a toujours été. Une femme qui privilégie jusqu'au bout la vie, l'amour et l'humour. Mais au-delà du portrait attachant d'une femme hors du commun, ce film aborde la question du droit à devancer sa mort en cas de maladie incurable, ce que ne permet pas la loi française.
"J'ai décidé de mourir", un film réalisé par Antoine Laura.
Une coproduction : France télévisions / Antipode / Public Sénat
Durée : 52 min
À voir ou revoir sur France.Tv.
Fin de vie, un choix de société ?
Pour aller plus loin, France 3 Nouvelle-Aquitaine ouvre le débat avec Sandrine Valéro.
Sur le plateau de Débadoc :
- Antoine Laura, réalisateur de « J’ai décidé de mourir »
- Dr Véronique Averous, chef de service de soins palliatifs au CHU de Bordeaux
- Yoann BROSSARD, Secrétaire général de l’ADMD (association pour le droit à mourir dans la dignité)
- Dr Philippe Ceccaldi, psyciatre, Philippe Ceccaldi, psychiatre, accompagnant en soins palliatifs
Poser la question de la fin de vie, c’est parler d’un tabou, la mort. C’est également parler de l’accompagnement vers la mort de malades pas forcément en état de choisir. Et c’est aussi se poser la question du suicide assisté médicalement.
Se poser la question de la fin de vie revient donc à confronter la société à des choix intimes, à la liberté individuelle de choisir, mais aussi à l’éthique médicale et juridique et à ce qui est acceptable, ou non, aux yeux de la société.