Témoignage. Un père de famille en colère après le refus de prise en charge de sa fille aux urgences de Saintes

Publié le Écrit par Camille Bouju
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Dimanche 9 mars, dans la nuit, un père s'est heurté au refus de prise en charge de sa fille, en détresse respiratoire, au service pédiatrique de l'hôpital Saintes, faute de moyens. Après cette nuit chaotique, de peur, il tient à alerter sur la situation et le drame qui aurait pu se produire.

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Julien Daviaud a eu la peur de sa vie. Dans la nuit, de samedi 9 mars à dimanche 10, sa cadette d'un an, Lou, fait une bronchiolite. Il l'amène rapidement à la maison médicale de Saintes où un médecin les prend en charge. Celui-ci constate alors "une détresse respiratoire" et rédige un courrier pour qu'elle soit hospitalisée. Secouriste de métier, Julien Daviaud "sait" alors "qu'il faut aller très vite".

Sauf qu'une fois arrivés à l'hôpital, c'est la désillusion. La pédiatre refuse de prendre en charge Lou. La raison : son service est plein. Ils sont alors réorientés sur Cognac ou Rochefort. "Sauf qu'à Cognac, il n'y a pas de service de pédiatrie et à Rochefort, on ne réussissait pas à savoir s'ils avaient de la place", explique ce père encore secoué par cet évènement.

La colère et l'incompréhension, une fois la tension redescendue

Résultat, voyant que l'état de sa fille se dégrade, il décide d'appeler le 15. Lou est alors dans une urgence vitale. "Ils ont très bien réagi et ont immédiatement envoyé une équipe", raconte-t-il. La situation est cocasse. Ils se trouvent à l'entrée des urgences de l'hopital de Saintes, avec une équipe du 15 venue les aider. "Sur le coup, je pense qu'on est assez chargés d'adrénaline, on essaye de tout faire au plus vite et au mieux, on n'a pas encore la peur et la panique".

C'est plus tard, une fois que l'état de Lou est stabilisé, que ça devient "plus compliqué". "On a ressenti beaucoup de colère et d'incompréhension", décrit-il. Julien Daviaud se rend compte qu'il vient d'être victime des conséquences de la dégradation des services publics dans le secteur du soin et que les choses auraient pu se terminer "très mal".

Je peux entendre que les services soient saturés, que les médecins sont débordés, mais j'ai du mal à concevoir qu'on puisse laisser un enfant d'un an en détresse vitale sur le parking en disant, allez voir à 30 min de route comment ça se passe.

Julien Daviaud

papa de Lou (1 an)

"Là, on en est là, et demain, on laisse les gens mourir à la rue sans rien faire", fini-t-il par déclarer d'un ton grave. Ce père, encore un peu secoué par tout ce qui s'est passé, a surtout été choqué par "le manque d'humanité" des personnels qui ont refusé de soigner sa fille.

Heureusement, l'état de Lou a fini par être stabilisé par le SMUR et elle a ensuite été transférée en pédiatrie à Rochefort. Elle est depuis hors de danger.

S'il a tenu à témoigner, c'est surtout pour "éviter un drame à d'autres parents, en espérant que ça change". Mais cet évènement ne semble hélas pas un cas isolé. D'ailleurs, le père de Lou affirme avoir reçu de nombreux témoignages similaires à la suite de sa publication. Le système de santé est mal en point. Le service de pédiatrie de Saintes est parfois dans l'obligation de fermer à cause du manque de personnel comme cela a été le cas en octobre 2023.

"On ne pourra pas foncer dans le mur, puisqu'on est déjà dans le mur"

Les syndicats hospitaliers continuent de dénoncer le manque de moyens et d'effectifs généralisés sur tous les établissements. "Il ne faut pas remettre en question les équipes, la question est beaucoup plus profonde que ça", explique Yann Lenas, délégué CGT Centre hospitalier La Rochelle-Ré-Aunis. Il insiste "ce n'est pas que l'on ne veut pas bien s'occuper des gens, mais on n'en a pas les moyens". En cas de nouvelle crise sanitaire, "on ne pourra pas foncer dans le mur, puisqu'on est déjà dans le mur", pense-t-il.

Selon nos informations, une enquête interne au sein de l'hôpital Saintes est en cours.

MAJ : lundi 18 mars

Cet après-midi, la direction du groupe hospitalier de Saintes-Saint-Jean-d'Angely nous a adressé un communiqué pour clarifier les conditions de la prise en charge de cette enfant.

Prenant acte des préoccupations légitimes de la famille, ce texte rappelle ensuite les difficultés récurrentes de l'établissement à maintenir ses missions, du fait d'un "effectif médical insuffisant en pédiatrie".

Pas d'accès direct

Cette situation a un impact important sur les urgences pédiatriques. Elles "sont fermées à l’accès direct la nuit et le week-end avec mise en oeuvre d’une régulation par le SAMU centre 15 qui évalue la gravité de la situation".

D'après les premiers éléments de l'enquête du groupe hospitalier, les parents ont effectivement passé un appel au centre 15 avant de se rendre à la maison médicale de garde (située sur le site de l'hôpital, précise le communiqué).

C'est après cette visite que le papa se serait présenté directement aux urgences pédiatriques voisines, essuyant un refus d'hospitalisation pour sa fille. La direction indique que "le pédiatre hospitalier préconise son transfert, faute de lit disponible" dans le service.

La famille rappelle alors le 15. Face à l'urgence vitale, "le SMUR du Groupe Hospitalier intervient sur son site sans délai et prend en charge Lou D. au sein du Service d'Accueil des Urgences adultes avec l’appui d’une puéricultrice détachée du secteur de la pédiatrie".

En conclusion de son texte, la direction précise que "l'enquête va se prolonger par une analyse des protocoles et procédures pour améliorer la coordination" entre les différentes structures de santé qui cohabitent sur le site de l'hôpital (maison médicale de garde, Samu centre 15 et hôpital).

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