Ce lundi matin, un chirurgien et son équipe ont procédé à la cure d'un prolapsus (ou descente d'organes)... sous le regard de plusieurs centaines de personnes connectées à Facebook. Pour les centres hospitaliers de Saintonge et de Saint-Jean-d'Angély, l'objectif est d'offrir un support pédagogique aux aspirants médecins, mais aussi de dédramatiser la chirurgie pour le grand public.
Le bloc, comme si vous y étiez
Pendant 45 minutes, un chirurgien, son assistant, des infirmières, aides soignantes et anesthésistes ont soigné leur patiente devant l'objectif d'un téléphone, pour diffuser leur intervention médicale en direct sur Facebook.
Sur la table d'opération se trouvait une femme de 66 ans, soignée pour un prolapsus : certains de ses organes pelviens étaient descendus trop bas dans son bassin, et il fallait les replacer.
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Avant de débuter l'intervention, le chirurgien a présenté son équipe et sa patiente, et détaillé son matériel. Pour cette opération coelioscopique dite "mini-invasive", le praticien a réalisé de petites incisions dans le ventre gonflé de sa patiente, et utilisé des trocarts, de grandes tiges creuses dans lequel il a pu glisser une caméra et des pinces. Grâce à la caméra, le chirurgien pouvait voir, en deux et trois dimensions, l'intérieur du corps de la patiente, tout comme les internautes.
Ces derniers ont également pu poser des questions en direct, auxquelles le personnel de l'hôpital a tenté d'apporter des réponses. L'un d'entre eux s'est par exemple interrogé sur les lunettes noires portées par le médecin, "le chirurgien voit en 3D" lui a-t-on répondu. Avec cet échange en direct, le centre hospitalier espère faire connaître davantage cette procédure.
Une communication pédagogique et efficace
La diffusion en direct d'une telle opération est une première dans la région, et c'est une idée de Christopher Albano, directeur en charge de la communication, du marketing, de la culture et du mécénat des centres hospitaliers de Saintonge et de Saint-Jean-d'Angély. Jusqu'à récemment, il occupait un poste similaire à l'hôpital de Valenciennes, dans le département du Nord, ou il avait réalisé trois diffusions digitales. A l'époque, ces opérations avaient été vues des centaines de milliers de fois.
Ce lundi matin, l'opération en direct a réuni jusqu'à 237 spectateurs simultanés, et Christopher Albano s'attend à une audience bien plus large pour le replay qui est déjà en ligne : "il y a vraiment un but très pédagogique et plusieurs publics sont concernés" explique-t-il, "il y a les étudiants, les internes qui n'ont pas forcément accès aux blocs opératoires, mais aussi les patients, qui ont subi ou vont subir cette opération et seront endormis". L'idée est ainsi de montrer au grand public les dessous d'une procédure à laquelle de rares personnes peuvent assister : "on veut amener le bloc chez les gens" ajoute-t-il, "on choisit une intervention simple, pas sanglante, pas dangereuse, et pas trop longue pour maintenir l'attention, ça a une vertu pédagogique et 'dédramatisante'".
L'hôpital ne cesse de bouillonner en termes d'innovations
Christopher Albano, directeur en charge de la communication pour les centres hospitaliers de Saintonge et de Saint-Jean-d'Angély
L'opération, très moderne grâce à ses techniques très peu invasives, tout comme sa médiatisation en direct sont un moyen pour le centre hospitalier de montrer les compétences de son personnel. Sans chercher à faire la promotion de l'établissement, Christopher Albano espère ainsi rappeler que l'hôpital public est toujours à la page : "dans le public, on a vocation à soigner, sans reste à charge, et on a de très bons praticiens" insiste-t-il, "on pourrait s'attendre à ce que l'hôpital soit figé, mais au contraire, il ne cesse de bouillonner en termes d'innovations."