Suicide au lycée à Saintes : "Notre fille était harcelée, c'est pour cela qu'elle s'est pendue"

Le 5 mars dernier, Polina s'est donné la mort dans le parc de son lycée à Saintes. Ses parents sont convaincus qu'elle était victime de harcèlement scolaire. Ils appellent à un rassemblement samedi et se battent pour que l'enquête aboutisse. 

Ce sont des parents dévastés qui veulent comprendre comment leur vie a tourné au cauchemar le 5 mars dernier.

Ce jour-là, leur fille s'est donné la mort dans le parc du lycée Le Petit Chadignac à Saintes où elle était scolarisée. Polina s'est pendue, elle avait 17 ans. 

Intime conviction


"C'était un lundi normal. On avait passé un bon week-end, c'était la fête des grands-mères, Polina allait bien" raconte son père. "Et puis dans la matinée, elle a essayé de me joindre à plusieurs reprises. La quatrième fois, j'ai pu décrocher. Elle pleurait et m'a dit : je vais encore me faire battre, pourquoi je n'ai pas d'amis ?"  Quelques heures plus tard, l'adolescente mettait fin à ses jours. 

Depuis, Laurent et Sophie cherchent à comprendre ce qui a pu pousser leur fille -"heureuse de vivre et toujours à fond"- à commettre ce terrible geste.

Des heures à questionner ses camarades de classe, à fouiller les réseaux sociaux à la recherche de témoignages pour étayer leur intime conviction : "notre fille était harcelée, c'est pour ça qu'elle s'est pendue."

"Elle ne voulait plus se mettre en short, elle avait des bleus sur les jambes. Elle m'avait aussi demandé de l'inscrire à un sport de combat" se souvient Laurent. "À l'époque, je n'ai pas compris."

"Négligences" 


Les parents de Polina ont déposé plainte au commissariat de Saintes. Ils demandent que les responsabilités soient clairement établies. Selon eux, le lycée du Petit Chadignac, où leur fille était scolarisée en horticulture, est coupable de "négligences". 

"L'établissement savait ce qui se passait et nous l'a caché" affirment-ils, "et nous n'avons rien vu. Nous pensions qu'elle était en sécurité au lycée mais c'est là-bas qu'elle a trouvé la corde pour se pendre." 

En colère, ils attendent que la justice leur apportent des réponses "même si cela ne fera pas revenir notre fille".  
Directement visée par ces accusations, la direction du lycée du Petit Chadignac affirme n'avoir eu aucune connaissance de faits de violence au sein de l'établissement, tels qu'évoqués par les parents.

"Toute la communauté éducative et les élèves ont été très affectés par ce qui s'est passé" explique Jean-Claude Mohand, le proviseur.  "La cellule psychologique que nous avons mise en place est d'ailleurs toujours active, elle se réunira encore cette fin de semaine". 

Enquête en cours


Il appartient désormais à la justice de faire toute la lumière. Comme à l'accoutumée dans ce genre de dossier, le parquet de Saintes a diligenté une enquête. Les investigations menées par la police depuis trois mois, se poursuivent à ce jour.

"À ce stade, nous ne pouvons ni infirmer, ni confirmer les accusations de harcèlement" explique Nicolas Septe, le procureur de la République qui assure accorder toute l'attention nécessaire à cette affaire.

À l'issue "des auditions (qui) restent à mener dans l'entourage de la jeune fille et des derniers élements portés à (sa) connaissance", le parquet décidera d'éventuelles poursuites.  


Cérémonie d'adieu


Pour les parents de Polina, inconsolables, une autre épreuve s'annonce. Samedi matin, les cendres de leur fille seront mises en terre au cimetière de Saint-Éloi à La Rochelle. 

Une cérémonie que Laurent souhaite ouvrir aux associations et à tous ceux qui, à cause de leur orientation sexuelle, de leur couleur de peau ou de leur style vestimentaire "sont, ou ont été, harcelés comme Polina."

À deux reprises, il a tenté de contacter Brigitte Macron, engagée dans la lutte contre le harcèlement scolaire, pour obtenir son aide. Le cabinet de Mme Macron précise ce vendredi 1er juin n'avoir jamais reçu ces messages, adressés à un compte non-officiel de la Première Dame. Cependant, le contact entre les deux parties pourrait se faire prochainement.

En tout cas, le père de Polina veut y croire. "Je n'ai pas réussi à sauver Polina mais je ne veux pas que cela arrive à d'autres enfants."

Reportage E. Vallet, J. Bouchon et M. Coudrin (intervenants : Laurent et Sophie, les parents de Polina)

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