En 2008, un nouveau festival voit le jour dans la région : le festival du Film Francophone d'Angoulême. Alors que la dixième édition du FFA aura lieu du 22 au 27 août, retour sur dix ans d'une aventure cinématographique et populaire.
De Jean-Michel Ribes à John Malkovich, les présidents se sont succédés (voir encadré). Dix années se sont écoulées depuis sa création et le festival du Film Francophone d'Angoulême s'est bel et bien fait sa place dans le paysage culturel français.
2008
Le festival est lancé. C'est le premier dans le genre en France. Il en existait au Québec et en Belgique mais pas dans notre hexagone. 10 films concourent et le jury est présidé par Jean-Michel Ribes. Un jury aux multiples nationalités : libanaises, belges ou québecoises et aux personnalités atypiques comme la chanteuse tunisienne Amina. Le carnet d'adresse de Dominique Besnehard, ancien agent artistique et désormais producteur est un élément moteur de cet événement. Mais l'objet est bien la promotion d'un cinéma francophone, mondial et parfois méconnu. Pour Dominique Besnehard :C'est une résistance. Moi je trouve que le cinéma français est absolument magnifique. Il est très diversifié. Le cinéma québecois est pareil. Avec leurs moyens qui ne sont pas les plus élevés, ils arrivent à donner de l'émotion. Parce que ce qui est le plus important dans le cinéma, c'est rire et pleurer.
2009
Vincent Lindon, Sandrine Kimberlain, entre autres, sont présents. Les stars sont le moteur du festival mais elles ne sont pas les seules. C'est aussi le cinéma qui attire autant de monde sur le Champ-de-Mars d'Angoulême. Chaque soir, à la tombée de la nuit, la projection en plein air devient pour les Angoumoisins l'événement emblématique du festival. Une atmosphère "bon enfant" qui sidère quelques fois les invités professionnels. Philippe Lioret, réalisteur du film "Welcome" est sous le charme :Je découvre une ville. Ce matin, on a projeté le film à la prison. C'était absolument génial. Là, devant 2000 personnes, en plein air. C'est à l'image du cinéma popuplaire. C'est tout ce que j'aime.
2010
Coline Serreau revient sur sa façon de travailler pendant une Masterclass. La réalisatrice échange avec des étudiants sur des choses très précises du métier. On parle cadre, passage au numérique, direction d'acteurs. Et sur ce dernier point, Coline Serreau n'est pas vraiment tendre avec le milieu qui forme les comédiens :
Il n'y a pas de formation d'acteurs en France. Vous avez vu "Sherlock Holmes" ? Vous avez vu la virtuosité de ces gens-là ? On n'a pas ça en France. On a des espèces de mecs qui trimballent leur égo de film en film.
2011
Le jury a eu du mal à départager certains compétiteurs. C'est donc un ex aequo pour le Valois de la meilleure actrice qui revient à la québecoise Capucine Delaby pour le film "Pour l'amour de Dieu" mais également pour l'actrice réalisatrice libanaise Nadine Labaki dans Balle perdue. Deux Valois pour "Présumé coupable" sur l'affaire d'Outreau : prix du public et meilleur acteur pour Philippe Torreton qui interprète l'huissier de justice Alain Marécaux. Le jury décerne le Valois du film à "La guerre est déclarée" pour son ode à la joie que précise sa réalisatrice Valérie Donzelli :
Le film ne retrace pas la maldie d'un enfant. Il parle de l'expérience d'un jeune couple qui n'est pas préparé à un événement pareil. C'est une grande histoire d'amour traversée par cette expérience.
2012
C'est à la télévision qu'Arthur Dupont a fait ses premiers pas d'acteur. À 26 ans, le jeune homme affiche pas mal de références dans le 7e art : "Nos 18 ans" avec Michel Blanc, "RTT" avec Kad Merad. Pour son rôle dans "Bus Palladium", il est même nommé pour le César du meilleur espoir masculin. Des prestations qui ont convaincu François Pirot comme acteur principal dans "Mobile home" :
C'est quelqu'un qui se donne énormément, qui a un rapport très intinctif au jeu, très naturel, qui joue comme il respire. Il baigne dedans depuis qu'il est gamin et ça se sent. Il entre dans la peau du personnage avec beaucoup d'aisance et c'est quelqu'un avec qui il est très agréable de travailler".
Dans un autre genre à Angoulême, Arthur Dupont est à l'affiche de deux autres films : "Mauvaise fille" avec Izia Higelin et "Les saveurs du Palais" avec Catherine Frot.
2013
Une à deux heures d'attente devant le complexe CGR du centre ville. Un public qui n'a pas toujours pu assister aux séances, faute de places. La fréquentaion a grimpé en flèche. Le cinéma CGR, la plus grosse capacité d'accueil du festival confirme la montée en puissance de ce rendez-vous culturel. Le festival est désormais largement identifiable dans le calendrier cinématographique français, comme en témoigne Marie-France Brière, déléguée générale du festival :
On n'a plus aucun problème pour avoir les films qu'on veut. Les artistes viennent. Il y a une espèce de bouche à oreille.
2014
Cette 7e édition a décidé de mettre à l'honneur le cinéma africain et le FESPACO (Festival Panafricain du Cinéma et de la télévision de Ouagadougou) qui a lieu tous les ans à Ouagadoudou. Tout a commencé en 1969 quand une poignée de cinéphiles décide de montrer au monde entier que l'Afrique elle aussi peut faire des films. Trois ans plus tard, le FESPACO est lancé. Pour Rasmané Ouedraogo, co-président du Fespaco :
C'est là qu'on a découvert d'autres Africains à l'écran et on ne pensait pas que ce soit possible parce qu'on avait l'habitude de voir que des Européens. Cette fois-ci on voyait des Africains qui amenaient des films qui parlent de l'Afrique, qui montrent l'Afrique, des villages africains. C'était tout simplement merveilleux.
2015
Une avant-première et un hommage à Jean-Paul Rappeneau, réalisateur maintes fois césarisé. Son dernier film "Belles familles" a pourtant bien failli sombrer corps et âmes avant que d'autres producteurs ne reprennent le flambeau, comme le rappelle Jean-Paul Rappenea :
Ils sont arrivés, il y a un an et demi, au moment où on a failli abandonner. Ils ont repris le film et l'ont sauvé. Et le film ressemble exactement à ce que j'avais en tête, ce dont j'avais rêvé avec mes co-scénaristes. On a tourné à Shangaï, Londres, à Zanzibar et en Province !
2016
Pour la première fois, c'est un film d'animation "Ma vie de courgette" de Claude Barras qui a remporté le Valois de diamant. Certains films ont été primés deux fois. Le réalisteur Louis Bélanger a remporté le prix du public et le prix du scénario pour le film "Les mauvaises herbes" et le film "1:54" est reparti avec le prix du meilleur acteur et le prix du jury étudiant. Les dix films en compétition avaient tous leur spécificité, mais ce qui a été mis en avant c'est leur grande qualité cinématographique. Les lauréats ont d'autant plus le sentiment de remporter un prix qui a un sens.
2017
Pour les délégués du festival, c'est une année charnière. Le festival fête ses dix ans d'existence avec pour la première fois à la présidence du jury un anglo-saxon John Malkovitch. Les délégués annoncent pêle-mêle des Deneuve, Depardieu, Dupontel, Guillaume Gallienne dont le dernier film sera en compétition aux côtés d'auteurs moins renommés. C'est la marque de fabrique du festival : élégant et populaire à la fois, comme le revendique Dominique Besnehard :
Pour nous, ce qui est très important c'est d'atteindre le public et aussi peut-être de faire découvrir à un public moins cinéphile des films qu'ils ne verront jamais. Parce que les films africains, les films du Québec et quelques fois les films belges ne viennent pas en France.
Pour cette nouvelle édition, le festival a réussi un tour de force : faire venir à Angoulême l'exposition des 120 ans de la Gaumont, une société partenaire du FFA.
► Toute l'actualité du festival du Film Francopohone d'Angoulême est à suivre sur notre page dédiée
- 2008 : Jean-Michel Ribes
- 2009 : Sandrine Bonnaire
- 2010 : Nathalie Baye
- 2011 : Vincent Perez
- 2012 : Denis Podalydès
- 2013 : Catherine Frot
- 2014 : Sabine Azéma
- 2015 : Jean-Hugues Anglade
- 2016 : Virginie Efira
- 2017 : John Malkovitch