Alors que les médecins généralistes en grève manifestent pour réclamer le doublement du prix de la consultation et dénoncent un système au bord de l'implosion, les départements rivalisent d'imagination pour les attirer. Le point sur les mesures d'incitation à l'installation en Poitou-Charentes.
Le véritable problème, c'est qu'il n'y a pas assez de médecins
Michel buisson, vice président du Conseil Départemental de la Charente en charge de la santé
8 000€ dans la Vienne, jusqu'à 30 000€ dans les zones dites "très fragiles" de Charente-Maritime, les mesures d'incitation à l'installation des médecins proposées par les départements sont le plus souvent financières.
En Charente-Maritime, l'aide départementale à l'installation des médecins généralistes est en place depuis octobre 2020. "C'est sûr que ça ne fait pas les mêmes étoiles dans les yeux quand on doit s'installer à La Rochelle ou sur l'île de Ré, ou à Saint-Jean d'Angely ou Jonzac" constate-t-on dans les services du département.
Pour Michel Buisson, vice-président du Conseil Départemental de la Charente en charge de la santé, la ruralité et l'éloignement des centres d'activité ne suffit pas à expliquer les déserts médicaux : "Aujourd'hui, on voit les plaques qui s'enlèvent quand les médecins partent en retraite, mais il n'y a personne qui s'installe à la place, même en ville, même à Angoulême. Le problème aujourd'hui, c'est que des médecins, il n'y en a plus" constate-t-il.
Des médecins salariés du département
En Charente, après avoir proposé des bourses à l'installation sans grand succès, le département a choisi d'opter pour la création de centres de santé. Le principe : une collectivité, commune ou communauté de communes, met à disposition des locaux équipés, et le département salarie les praticiens.
"Le plus souvent, ce sont des médecins qui approchent de la retraite et acceptent de prolonger leur activité en étant salariés, parce qu'ils n'ont plus envie de gérer une activité libérale" explique l'élu en charge de la santé.
Aujourd'hui, la Charente compte six centres de santé départementaux et quatre antennes (sans secrétariat), où officient 14 médecins généralistes, quatre dentistes et un infirmier, rémunérés selon la grille salariale de la fonction publique. Un budget annuel de 4M d'€ pour le département.
"On vient de recruter à Brossac un infirmier de pratique avancée, qui est compétent pour accueillir les patients, mais aussi pour renouveler les ordonnances par exemple. Ça permet de recevoir plus de patients" précise Michel Buisson.
Séduire les futurs médecins
Les plans de santé départementaux visent aussi à mener un travail de fond, sur le long terme : faire découvrir les territoires aux futurs médecins, attirer les étudiants en médecine en leur attribuant des bourses, en échange d'un engagement à exercer ensuite en zone fragile pendant quatre ans au moins.
Reportage d'Antoine Morel et Stéphane Hamon