Angoulême. Six ans après la mort de Logan, le promoteur et le propriétaire de la friche industrielle renvoyés devant la justice

En juin 2015, Logan, 13 ans, avait fait une chute mortelle du toit des Chais Montaigne, une friche industrielle d’Angoulême (Charente). Le promoteur et le propriétaire des lieux vont être jugés devant le tribunal correctionnel pour homicide involontaire, selon un arrêté rendu par la chambre d’instruction de Bordeaux ce jeudi 20 janvier 2022.

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Il aura fallu six ans et sept mois de combat judiciaire pour que la famille de Logan obtienne cette décision. Ce jeudi 20 janvier 2022, la chambre de l’instruction de Bordeaux a ordonné le renvoi devant le tribunal correctionnel d’Angoulême (Charente) de deux personnes pour l’homicide involontaire du jeune Logan, 13 ans, décédé après une chute du toit des Chais Montaigne en 2015. Il s’agit du promoteur et du propriétaire des lieux.

"J'ai bien fais de continuer à me battre"

“Quel soulagement !”, réagit Malvina Peyrebesse, la mère de l’adolescent, qui s’est toujours battue pour la sécurisation du site et la condamnation des propriétaires. Cette friche industrielle d’Angoulême, abandonnée depuis 2006, est devenue un site d’"urbex" ou d'exploration urbaine, pour les adolescents. Monté sur le toit d’un hangar avec des amis, Logan avait fait une chute d’une dizaine de mètres. “Je me dis que j'ai bien fais de continuer à me battre et à persévérer. ”

Motivations retenues par la chambre de l’instruction de Bordeaux : “Il existe des charges suffisantes à l’encontre de M. Vidalinc et M. Arzoz Erreac d’avoir par maladresse, imprudence, inattention, négligence ou manquement à une obligation de prudence et de sécurité (...) involontairement causé la mort de Logan Peyrebesse”.

Aucune mesure suffisante n’a été prise pour condamner les accès des bâtiments, ou pour faire procéder à leur démolition, alors que les propriétaires savaient que ces bâtiments présentaient un danger

Me Lionel Béthune de Moro, avocat de Malvina Peyrebresse

L’avocat de Malvina Peyrebresse, Me Lionel Béthune de Moro, attendait cette décision. “Aucune mesure suffisante n’a été prise pour condamner les accès des bâtiments, ou pour faire procéder à leur démolition, alors que les propriétaires savaient que ces bâtiments présentaient un danger”.

Seule précaution de sécurité prise sur le site : la présence d'un salarié, une fois par semaine, selon l’avocat. “On est dans l’application de l’adage de Loysel « Qui peut et n’empêche, pèche » après une inaction de plusieurs années”, relève-t-il.

Un long combat judiciaire

Depuis le drame, le 20 juin 2015, la mère de l’adolescent mène un long combat judiciaire. Après une plainte pour homicide involontaire et mise en danger d'autrui classée sans suite, elle s’était constituée partie civile, appuyée par son avocat, Me Béthune de Moro. Une ordonnance de non-lieu a été rendue en mars 2019. En juillet 2020, soit cinq ans après les faits, le promoteur et le propriétaire des Chais Montaigne sont finalement mis en examen par la cour d’Appel de Bordeaux.

Malvina Peyrebesse en est consciente, son combat n’est pas terminé. “Au moins la justice m’entend. Je ne cherche pas à pointer du doigt quelqu’un en particulier. Je veux seulement que ça ne se reproduise plus.”

Les mis en cause peuvent encore contester la décision devant la Cour de cassation. Sans pourvoi en Cassation, un procès pourrait démarrer fin 2022, voire début 2023, d'après l’avocat.

La mère de Logan voit la suite avec sérénité. “Une fois que cela sera terminé, je m’attaquerai peut-être à d’autres sites dangereux, pour aider les autres avec les connaissances que j’ai acquises ces dernières années. Je ne lâcherai pas. Même si Logan n’est pas là physiquement, il est toujours présent avec moi. Cela me donne la force de continuer.”

VIDÉO. Affaire Logan : le combat judiciaire d'une mère (juin 2021)

Reportage de J. Deboeuf, A. Morel, C. Landais et M. Reiler

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