C’est un thème récurrent du Film Francophone d’Angoulême. Cette année, la question migratoire se pose directement dans un film en compétition : « Les survivants » de Guillaume Renusson.
L’exil
Le deuil quand on a quitté un pays.
Guillaume Renusson, réalisateur du film « Les survivants »
Dans les Hautes-Alpes, la frontière franco-italienne est le théâtre constant de la crise migratoire. C’est aussi le théâtre de certaines actions anti-migrants menées notamment en 2018 par l’association d’extrême droite "Génération identitaire". Cette actualité a forgé le scénario du film "Les survivants", mais le réalisateur Guillaume Renusson s’est aussi nourri de sa propre expérience.
"À plusieurs moments, j’ai travaillé avec des réfugiés, j’ai fait des courts métrages avec des refugiés par le biais d’associations. L’idée c’était que ces réfugiés se racontent. Au travers de ces films ils me racontaient leur périple mais aussi cette dimension qu’il y a dans «Les survivants », je crois, la dimension du deuil. Le deuil quand on a quitté un pays, quand on a été arraché à ce pays, la notion d’exil."
Western social
J’ai vu des gens qui aidaient des réfugiés.
Guillaume Renusson
Pendant l’écriture du scénario, Guillaume Renusson choisit de se déplacer sur un couloir migratoire de la frontière alpine.
"J’ai vu ces grands espaces, j’ai vu des gens qui aidaient des réfugiés, j’ai aussi parlé avec des gens qui s’opposaient au passage de réfugiés et tout cela a donné un peu ce western social."
Pour raconter cette problématique, le réalisateur a joué habilement avec la fiction. Le film entre assez rapidement dans un thriller social ou un Français interprété par Denis Ménochet se retrouve malgré lui dans la peau d’un migrant, pourchassé par un trio de xénophobes.
"Le drame de l’exil, je l’ai confronté à un autre survivant interprété par Denis Ménochet qui est un homme en train de se reconstruire après un drame et la rencontre entre deux personnes, une réfugiée interprétée par Zar Amir Ebrahimi, et donc un Français (Denis Ménochet) pour raconter en fait sous l’égide de la fiction, la crise migratoire."
Un tournage compliqué
On a dû attendre 10 mois avant de reprendre le tournage.
Guillaume Renusson
Pour son premier long-métrage, Guillaume Renusson n’a pas choisi la facilité. Le tournage se déroule dans des conditions compliquées, à la montagne, dans la neige. Il est arrêté au bout d’une semaine, nous sommes en mars 2020, le coronavirus oblige au confinement.
" On a été arrêté le 16 mars 2020…. Comme c’est un film d’hiver, avec de la neige, on a été arrêté dix mois, je n’ai repris qu’en janvier 2021. Ça a participé au périple qu’était déjà le film, parce que travailler dans la neige, dans la poudreuse, ce n’était pas forcément évident. Le fait d’attendre aussi longtemps ça a créé une véritable solidarité de sort entre nous tous dans l’équipe et quand on a repris dix mois après, le premier « action ! » a été très émouvant."
Réaliser un rêve de gosse
Je rêvais de faire du cinéma.
Guillaume Renusson
Le réalisateur confirme qu’une sélection au FFA est une formidable opportunité et qu’il est très heureux de pouvoir présenter ce film pour la première fois
"Mercredi 24 août, c’était la première projection publique du film. Moi je me suis rappelé qu'il y a presque vingt ans j’étais adolescent et je rêvais de faire du cinéma et c’est vrai que de le présenter comme ça, à des gens, au-delà de l’honneur que c’est d’être ici en sélection au festival, c’était surtout énormément de joie que de réaliser un peu un rêve de gosse."
Le film "Les survivants" sortira au cinéma le 4 janvier 2023.
Retrouvez l’intégralité de l’interview de Guillaume Renusson, réalisateur du Film « Les survivants », ci-dessous :