A Soyaux, près d'Angoulême, le Centre Municipal de Santé a ouvert ce lundi au grand soulagement des habitants qui ont craint de devoir commencer l'année sans médecins généralistes sur la commune. Ils ont désormais plusieurs médecins pouvant les prendre en charge, tous salariés par la ville.
Et si le salariat était un des rémèdes à la désertification médicale. C'est la solution trouvée par la mairie de Soyaux en Charente pour parvenir à conserver des médecins généralistes sur la commune. Si rien n'était fait, cette ville de 10 000 habitants, la troisième de Charente, se serait retrouvée sans médecin au 1er janvier 2020. Les médecins libéraux, installés depuis des années, sont tous partis à la retraite au 31 décembre et aucun n'avait trouvé de successeur. Parmi eux le maire de la commune Francois Nebout, qui a proposé de changer complètement de stratégie.
Après avoir travaillé pour chercher des remplaçants et installer des médecins libéraux, nous nous sommes convaincus qu'il fallait changer d'optique et pourquoi pas salarier des médecins généralistes par la commune.
"Les mentalités ont changé, il faut s'adapter"
La proposition a plu, notamment aux jeunes médecins qui ne voulaient pas s'installer en libéral mais qui ont postulé pour être salariés. Pour François Nebout, cet exemple illustre l'évolution des attentes des jeunes médecins qui ne veulent plus tout sacrifier à leur cabinet .Le centre médical de Soyaux va fonctionner avec deux secrétaires médicales et six médecins qui vont travailler en alternance. Les patients auront tous les jours de la semaine trois médecins à leur disposition et un le samedi matin. La mairie, qui encaisse les honoraires, a payé les locaux et l'installation des cabinets ainsi que le matériel. Elle prend aussi en charge les salaires, 5.200 euros net mensuel pour une base de 35 heures par semaine et pense parvenir à l'équilibre financier en quelques mois.Le jeune médecin veut une vie de famille, il ne veut plus les contraintes d'une entreprise car un cabinet médical c'est une entreprise, il veut avoir des week-ends...
Beaucoup de monde dès l'ouverture
Pour lancer l'activité du cabinet, quelques médecins à la retraite reprennent du service pour quelques heures par semaine. Parmi eux, Jean- Louis Joubert qui constate, comme son confrère, le changement de mentalité tout en admettant avoir sacrifié sa vie familiale pendant toute sa carrière.Les anciens médecins devraient pouvoir bientôt partir définitivement à la retraite car depuis l'annonce de l'ouverture du centre, quatre jeunes ont postulé. Les patients, eux, étaient déjà très nombreux ce matin à venir consulter ou prendre un rendez-vous, signe que l'attente était grande chez les habitants de Soyaux.Les jeunes ne veulent plus faire les horaires qu'on fait depuis 40 ans. On ne peut pas leur reprocher, ils voient la vie différemment, il y a un changement radical.
En France, il existe encore très peu de centres municipaux employant des médecins salariés comme celui de Soyaux mais la formule pourrait être appelée à se développer pour lutter contre la désertification médicale notamment dans des départements comme la Charente où elle est particulièrement forte.