En redressement judiciaire depuis six mois, la papeterie de Saint-Michel, en Charente, connaît d'importantes difficultés financières. Le tribunal de commerce d'Angoulême doit se prononcer ce jeudi 3 octobre sur son avenir, mais la liquidation judiciaire paraît difficilement évitable.
Maxime Thiollet a repris la papeterie de Saint-Michel, en Charente, il y a 13 ans et demi. Ici, on ne produit que du 100 % recyclé, environ 80 000 tonnes de vieux papiers étaient ainsi valorisées chaque année en période de pleine activité.
Une papeterie qui produit 100 % de recyclé, c’est très vertueux, mais c’est très énergivore.
Maxime ThiolletGérant de la papeterie de Saint-Michel
Malheureusement, l’entreprise a connu une suite de déboires financiers depuis quatre ans, comme l’explique Maxime Thiollet, le gérant de la papeterie : « Tout d’abord, on a été fragilisés en 2020 avec la crise Covid, on a réussi à rebondir en 2021 et la crise énergétique nous a complètement plombés. Nous sommes passés de 400 000 euros de dépenses énergétiques par mois à 1 million 300 000 euros en l’espace de six mois. Nous avons pris la décision en 2022 d’arrêter 30 % de notre production, soit une machine sur deux, mais ça n’a pas suffi à couvrir nos frais fixes. Une papeterie qui produit 100 % de recyclé, c’est très vertueux, mais c’est aussi très énergivore. »
La papeterie a été placée en redressement judiciaire en avril dernier avec l’espoir de rebondir, de reconstituer de la trésorerie et de trouver un repreneur, mais la situation s’est aggravée.
On a beau être préparés, quand les échéances se rapprochent, c’est compliqué dans les têtes. Les gars commencent à réaliser qu’ils vont perdre leur travail.
Frédéric GrelbinDélégué syndical CGT à la papeterie de Saint-Michel
La soixantaine de salariés du site craint que le tribunal de commerce d’Angoulême prononce ce jeudi la liquidation judiciaire de leur entreprise. Frédéric Grelbin est délégué syndical CGT à la papeterie de Saint-Michel : « Les premiers mois du redressement judiciaire, on était assez positifs, on pensait qu’on allait se redresser et très vite, on a vu qu’on ne parvenait pas à faire les productions nécessaires. On a beau être préparés, quand les échéances se rapprochent, c’est compliqué dans les têtes, les gars commencent à réaliser qu’ils vont perdre leur travail. Je pense qu’ils vont compter sur la cellule de reclassement pour faire des formations. Papetier, c’est un métier industriel alors, je pense que les gars pourront rebondir dans le secteur de l’industrie. »
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C’est émotionnellement très compliqué pour les salariés et pour nous.
Maxime ThiolletGérant de la papeterie de Saint-Michel
Et même s’il sait la liquidation probable, Maxime Thiollet garde encore un peu d’espoir : « On part vraisemblablement vers une liquidation judiciaire. Je continue à avancer avec d’éventuels repreneurs, nous en avons deux qui ont fait part de leur vif intérêt. Je suis en contact quasi quotidien depuis une semaine avec eux, les espoirs pour le site sont avec eux. Mais le couperet est rude. C’est émotionnellement très compliqué pour les salariés et pour nous. »
Le tribunal de commerce d’Angoulême doit se prononcer ce 3 octobre sur l’avenir de la papeterie de Saint-Michel. Il y a quelques jours, le groupe Hamelin a annoncé la fermeture de sa filiale Lecas industrie qui emploie 70 salariés à Nersac. C’est une crise majeure que connaît actuellement la filière papeterie en Charente.