Le Film francophone d'Angoulême, un festival et des vedettes tournés vers le public

Avec une fréquentation de 52.000 spectateurs l'an dernier, le Film francophone d'Angoulême (FFA) est un festival tourné vers un public principalement local. Mais il reste aussi très proche des cinéphiles.

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À l'heure du déjeuner, ce vendredi, Annie et Jacqueline parlent cinéma tout en marchant dans la rue. "On sort du film Rosalie" (de Stéphanie Di Giusto, NDLR), présenté en sélection officielle, lance la première. "C'est vraiment très fort", poursuit l'autre. Toutes les deux font partie des milliers de spectateurs (52.000, en tout, l'an dernier) à avoir acheté un pass 10 places, proposé à 25€ au public pour regarder en salles les films programmés par le festival. À Angoulême, si la presse et les professionnels sont présents en nombre, le cœur du public du festival restent les habitants et des cinéphiles.

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À quoi ressemble un photocall dans un festival de cinéma ? Celui d'Angoulême est joyeux...! ©France télévisions

"Je le fais tous les ans et je n'ai jamais de déception. La sélection est tellement riche que l'on peut facilement se faire plaisir et découvrir des films", poursuit Jacqueline. Ce qu'elle aime par-dessus tout à Angoulême, voir ce qu'elle "n'aurait pas forcément choisi de voir autrement".

Rosalie est ainsi un film sur une jeune femme atteinte d'hirsutisme, c'est-à-dire qu'elle présente une pilosité importante, faisant d'elle une femme à barbe. Le secret éclate lorsqu'elle se marie avec un tenancier de café, interprété par Benoit Magimel, à qui rien n'est divulgué.

L'histoire se focalise sur le destin amoureux de Rosalie, en Bretagne, juste à la fin de la guerre de 1870. Le film porte un propos féministe qui se révèle très contemporain. "J'ai trouvé que c'était un film très fort, très juste dans le message qui devait être passé", poursuit Annie. 

Face aux choix de l'équipe de programmation, le public laisse ainsi facilement exprimer ses enthousiasmes. Jeudi, lors de la présentation de La Fiancée du poète de Yolande Moreau, la réalisatrice et actrice a été accueillie sous des applaudissements nourris et spontanés du public. Son capital sympathie, au beau fixe auprès du grand public depuis son rôle dans Séraphine de Martin Provost (2008), ne s'est en rien érodé. Au contraire. À l'issue de la projection, le public a renouvelé ses applaudissements nourris. "Je suis prête à le revoir, tout de suite même", lance une spectatrice à son groupe d'amis. "J'ai adoré", poursuit une autre. Si le film s'annonce comme un succès public, sa réussite formelle lui donne aussi toutes les chances de rallier la critique à lui.

Rencontre avec Yolande Moreau, réalisatrice de La Fiancée du poète et comédienne. Entretien : Isabel Hirsch.

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Yolande Moreau présente La Fiancée du poète au festival du Film francophone d'Angoulême 2023. ©France télévisions

Un festival "chaleureux"

"C'est l'une des belles choses de ce festival", continue Jacqueline. "Hier, par exemple, on est allées à la soirée consacrée au documentaire sur Robert Charlebois (« L’Osstidquoi ? L’Osstidcho ! », sur un show contestataire créé en 1968, NDLR) et c'était formidable. Les gens applaudissaient à tout rompre."

Ce sentiment enthousiaste est partagé par d'autres spectateurs. Dans la file du cinéma L'Eperon, Nadine et Josiane décrivent ainsi un festival "chaleureux" et "accessible à tous". 

"J'étais justement en train de conseiller à mon amie d'aller voir le film avec Fanny Ardant, Ma France à moi, (de Benoit Cohen), explique Josiane. J'ai aimé le sujet, une femme qui décide contre l'avis de son fils d'accueillir un migrant chez elle. On sort du film, touchée. C'est une belle histoire, optimiste."

C'est toujours un peu incroyable de voir en vrai des visages que l'on voit au cinéma

Enzo

Chasseur de selfies

Annie n'a pour l'instant vu que deux films, dont Visions de Yann Gozlan avec Diane Kruger et Mathieu Kassovitz. "J'ai trouvé le film surprenant", commence-t-elle pour décrire ce film sur une pilote de ligne dont un grand amour de jeunesse, une femme, ressurgit dans sa vie alors qu'elle s'est installée désormais avec un homme. "J'ai trouvé que certaines scènes d'intimité allaient très loin, mais c'est aussi ça le festival", poursuit-elle, contente d'avoir été bousculée.

Dans la foule de festivaliers, d'autres chassent les autographes et les selfies avec les célébrités. À l'entrée de l'hôtel Mercure, Enzo s'est ainsi fait photographier avec Diane Kruger et Mathieu Kassovitz. "C'est toujours un peu incroyable de voir en vrai des visages que l'on voit au cinéma", confie le jeune homme.

J'aime cette ambiance dans la ville avec tous les gens venus regarder des films

Juliette

Etudiante rennaise de 20 ans

Un peu plus loin, deux étudiants rennais mangent une part de pizza entre deux séances. "Je suis étudiante en cinéma et j'aime le cinéma francophone", raconte Juliette qui s'est procurée deux pass dans l'espoir de voir une vingtaine de films. "J'attends surtout les projections de Simple comme Sylvain de Monia Chokri et Le Temps d'aimer de Katell Quillévéré, c'est ce week-end." Avec son ami Augustin, elle confie "aimer cette ambiance dans la ville avec tous les gens venus regarder des films. On sent qu'il n'y a pas que des gens de la profession, mais plein de gens venus découvrir des films."

Tous les deux apprécient les quelques échanges possibles avec les équipes des films en introduction des séances. "Hier, on a vu Première affaire de Victoria Musiedlak et l'actrice prinicipale, Norée Abita, a parlé de son rôle et c'était vraiment très intéressant de comprendre son regard sur son personnage", poursuit Augustin. Première affaire, l'histoire d'une toute jeune avocate à qui est confiée sa toute première affaire criminelle à la suite d'une garde à vue. "C'est beau de voir un film sur de jeunes adultes qui sont représentés comme de jeunes adultes et pas comme situés entre deux âges ou en manque de maturité. Ils sont représentés comme des gens à part entière et c'est très beau", conclut Augustin.

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