Depuis vendredi 10 décembre 2021, les médecins peuvent être réquisitionnés pour effectuer des gardes de 20h à minuit. La préfecture de la Charente et l’Agence régionale de santé a acté cette décision afin de désengorger des services d’urgence saturés par les épidémies hivernales et par le Covid.
« Tout converge pour dire qu’il y a beaucoup trop de patients qui arrivent dans les services d’urgences pour une situation médicale qui ne mérite pas d’aller aux urgences », appuie Martine Liège, directrice adjointe de la délégation de l’Agence Régionale de Santé en Charente. C’est pour « soulager le monde hospitalier et les services des urgences », que la préfecture, sollicitée par le gouvernement et conseillée par l’Agence régionale de Santé a signé un arrêté de réquisition des médecins dans le département. Ceux-ci devront assurer des gardes de 20h à minuit. Pour Martine Liège, « le flux massif de personnes vers les urgences s’explique par « une non-réponse de la médecine de ville, entre 20h et 24h ».
Ce n’est pas cette réquisition qui va résoudre les tensions hospitalière
Gilles Raymond, président départemental du syndicat MG, la Fédération française des médecins généralistes
Une meilleure régulation des appels vers le 15
Le docteur Gilles Raymond, président départemental du syndicat MG, la Fédération française des médecins généralistes est « surpris » par la nouvelle, « brutale ». Au mois d’octobre, 13 médecins de garde avaient déjà été réquisitionnés en Charente. Pour lui, ça ne « ne règle pas le problème ». « La tension hospitalière n’est pas liée aux gardes ». Le médecin affirme qu’au mois d’octobre, avec 13 médecins de garde tous les soirs dans le département, « seuls un à deux actes médicaux étaient accomplis ». « Soit on nous appelle pour de la médecine générale qui peut attendre le lendemain, soit il s’agit d’urgences, donc les gens vont à l’hôpital de toutes façons ».
Soit on nous appelle pour de la médecine générale qui peut attendre le lendemain, soit il s’agit d’urgences, donc les gens vont à l’hôpital de toutes façons
Gilles Raymond, président départemental du syndicat MG, la Fédération française des médecins généralistes
Depuis fin octobre, des discussions entre des médecins et l’hôpital étaient en cours. Les médecins proposent d’aider le service de régulation des appels téléphoniques en direction des urgences : « L’idée est de se relayer à tour de rôle pour prendre en consultation, en journée, les patients qui appellent les urgences ».
La médecine de ville et les services hospitaliers en tension
Actuellement, on dépasse la barre des 50 urgences par jour au niveau des urgences pédiatriques
Martine Liège, directrice adjointe de la délégation de l’Agence Régionale de Santé en Charente
Selon Martine Liège, actuellement, « on dépasse la barre des 50 urgences par jour au niveau des urgences pédiatriques ». Elle désigne les pathologies hivernales, en particulier la bronchiolite, comme responsables de « vraies urgences qui doivent être prises en charge ». Mais beaucoup d’arrivées aux urgences pédiatriques ont pour raison « une fièvre à 38 degrés ». A titre d’exemple, le 25 novembre, sur 50 pris en charge par les services d’urgences pédiatriques, « seulement 4 ont été hospitalisés », rapporte la directrice adjointe de l’ARS en Charente.
Il y a une tension hospitalière importante comme il y a une tension importante sur la médecine
, Gilles Raymond, président départemental du syndicat MG, la Fédération française des médecins généralistes
Pour Gilles Raymond, « Il y a une tension hospitalière importante comme il y a une tension importante sur la médecine ». En raison d’une « démographie médicale assez faible en Charente », le médecin déplore une situation d’ « épuisement professionnel », et des journées de travail « surchargées ». Pour lui, « rester le soir à attendre un appel hypothétique jusqu’à minuit n’est d’aucune utilité. »