"Mes jambes commençaient à trembler à cause du froid" : un nageur handicapé a traversé la moitié de la Manche

Enzo Bruno, d'origine charentaise, a nagé plus de 10 heures dans le but de traverser la Manche. Privé de l'usage de ses jambes, il a dû arrêter sa traversée à cause de courants défavorables. Le défi n'est pas relevé, mais beaucoup saluent son courage et sa détermination.

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C'était un immense défi qu'a tenté de relever Enzo Bruno, ce mercredi 12 juin : celui de traverser la Manche. Un challenge qu'il s'était promis de faire sur son lit d'hôpital quelques années auparavant, pour une opération du cœur. Ce jeune homme de 31 ans, privé de l'usage ses jambes, s'est élancé depuis le port de Douvres, au Royaume-Uni, aux alentours de 3 h du matin, pour tenter le défi d'une vie.

"J'ai eu pas mal de petites péripéties"

Une fois le corps entièrement plongé dans les eaux de la Manche, l'objectif était clair et précis : rejoindre la côte française. Plusieurs personnes sont venues l'encourager lorsqu'il s'est élancé : "J'ai vu ce peu de monde derrière moi, entouré par la beauté de la nature, et derrière eux le lever du soleil", raconte Enzo Bruno. Un décor idyllique pour une journée mémorable. Mais cette traversée ne fut pas de tout repos.

Pendant cette traversée, je me suis fait piquer trois ou quatre fois par des méduses en plein visage.

Enzo Bruno

Nageur charentais

Après plus d'une heure de nage, Enzo sent que son corps endure et doit faire face aux conditions difficiles de cette traversée. "1 h 30 après mon départ, je commence déjà à sentir le froid de la Manche dans mes jambes. Elles commençaient à trembler, et ce, jusqu'à la fin", précise le nageur originaire de Gond-Pontouvre, en Charente.

Et les galères ne s'arrêtent pas là. "J'ai eu pas de petites péripéties sur le plan santé : au bout de la troisième heure, j'ai voulu arrêter, explique-t-il. Ça aurait été la plus judicieuse des décisions, mais j'ai préféré de ne pas écouter mon corps, mais celui de mon esprit et de mon mental". Nager en eau libre, c'est aussi faire face à la faune et la flore. "Pendant cette traversée, je me suis fait piquer trois ou quatre fois par des méduses en plein visage, mais aussi sur les mains".

"Ça devenait dangereux pour ma sécurité"

Le temps passe et Enzo continue de traverser la Manche. Face à des courants jouant en sa défaveur, son entraîneur et son équipe l'on contraint à arrêter la course, après plus de dix heures d'effort. Un crève-cœur pour le nageur charentais. "Au tout départ, je l'ai pris comme un échec. Je n'étais pas fatigué. Mais c'est en voyant Mike — un membre du staff — retiré les parachutes qui permettent de ralentir le bateau, j'ai compris que c'était la fin."

Au milieu de la Manche, sa traversée s'arrête. "Ils m'ont expliqué que si je dérivais encore, j'allais atterrir en mer du Nord et ça devenait trop dangereux pour ma sécurité, mais également pour relier la France. Il aurait fallu que je nage entre 10 et 20 h de plus pour atteindre mon objectif", ajoute Enzo Bruno. Si la traversée de la Manche se fait généralement en 34 km en ligne droite, Enzo a nagé pourtant plus de 30 km. Si près, et à la fois si loin d'atteindre la côte française. "Sur le coup, c'était un échec, une déception, mais j'ai vite compris que jamais, je n'arriverai au bout, dû au courant."

Après avoir atteint la plage de Wissant, dans le nord de la France, Enzo Bruno ne regrette rien de cette expérience, qu'il n'oubliera jamais. "J'en voulais énormément au capitaine et aux copilotes, mais je me suis rappelé que l'année dernière, à la même époque, un nageur a perdu la vie pas loin des côtes françaises. Sachant mes antécédents médicaux, il ne voulait pas prendre de risques. C'est pour cela que je les remercie infiniment."

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