La troupe Les Gueurlets d’Condion est une association théâtrale de Charente. L'intégralité de leur pièce est jouée en patois charentais. L'occasion pour les plus jeunes de découvrir cette langue régionale.
"Olé beun'aise", "Qui qu'tu bouines ?" ou encore "le drôle et la drôlesse". Tant d'expressions provenant du patois charentais que l'on retrouve dans la pièce jouée par Les Gueurlets d’Condion. Cette troupe théâtrale, basé dans la commune de Codéon en Charente, joue l'intégralité de ses pièces en saintongeais.
Parler patois éveille de la nostalgie
Seize comédiens adultes et seize comédiens enfants font partie de cette troupe, dont Leïla, âgée de 13 ans. Elle reconnait qu'au début, l'apprentissage d'un tel dialecte "était dur. Quand on apprend et que l’on comprend, après, c'est facile", estime la jeune fille. "Ce qui me plaît, c'est l’originalité, la langue et le fait d’apprendre au public comment c’était avant".
La pièce se déroule durant la première moitié du XXe siècle et raconte la vie de l'époque. Pour Marie-Nicole, qui a commencé dans cette troupe en octobre 2000, cela lui rappelle son enfance, ses origines. "J’en entendais à la maison, de mes parents et mes grands-parents. Toutes les générations qui ne connaissent pas le patois le découvrent à travers ce que l’on fait ici". Le public, qui n'est pas forcément du coin, se prête au jeu et arrive à comprendre facilement. "Même ceux qui ne parlent pas patois, ils arrivent à comprendre ce qu’il se passe", rajoute-t-elle.
"Montrer ce qu’était la réalité d’autrefois"
Faire du théâtre patoisant, c'est transmettre le patrimoine local aux plus jeunes, selon Mauricette Boutin, metteuse en scène de la troupe les Gueurlets d'Condion. "Quand est à la campagne, on est très sensible à tout ce qui s’est passé avant nous, ce qui a existé, ce qui a fait notre histoire. Faire du théâtre en patois, c’est sentimental. On a envie de montrer aux nouvelles générations, que les anciennes ont traversé des périodes difficiles : quand il fallait puiser l’eau à l’extérieur quand il faisait très froid, aller laver le linge dans un lavoir en poussant la brouette, faire des choses qui ne sont pas évidentes du tout et que les enfants ne pourraient pas inventer s’ils ne le voyaient pas jouer. On les joue pour montrer ce qu’était la réalité d’autrefois".
"On n'est pas là uniquement faire des gros gags et faire rire le public, on tient à être des témoins de ce qu’il s’est passé auparavant : les conflits de voisinage, les mariages arrangés, les soins médicaux avec des ventouses, montrer des choses qui ont disparu", rappelle Mauricette Boutin.
Et le public est au rendez-vous : l'an dernier, plus de 1 500 spectateurs étaient venus découvrir ce théâtre patoisant. Les Gueurlets d’Condion se produiront six fois, à partir du 9 mars prochain, à Condéon.