Le festival charentais de photojournalisme, Barrobjectif, annonce l'annulation de son édition 2020. Pour Pierre Delaunay, l'un des créateurs de la manifestation, "la réglementation CoVid nous paraissaît trop compliquée à mettre en place". L'édition est reportée à 2021.
"C'est la première fois que je vais avoir un mois de septembre aussi calme!", lance Pierre Delaunay, co-créateur du festival charentais de photojournalisme, Barrobjectif. Installé dans la petite commune de Barro, près de Ruffec, le festival vient d'annoncer l'annulation de sa 21e édition, prévue du 19 au 27 septembre.
"Il fallait prendre une décision rapidement, pour éviter que nos invités n'engagent des frais pour venir", ajoute-il, tout en ayant conscience que "ça va me faire drôle, ça fait 21 ans que j'organise ça!". Il reconnait qu'il va "pouvoir souffler" mais se veut rassurant : "Barrobjectif n'est pas mort, il va vivre, il est juste repoussé un peu" à l'année prochaine. En cause, la situation sanitaire.
Entretien
Pour quelles raisons avez-vous finalement annulé l'édition 2020 de Barrobjectif ?Les neuf membres du bureau se sont réunis et 8 sur 9 ont préféré repousser le festival en raison, surtout, de la pandémie de CoVid. On venait d'appeler la sous-préfecture de la Charente pour obtenir la réglementation à suivre et toutes les règles à observer nous paraissaient compliquées à mettre en place. Par exemple, nettoyer tout, tout le temps. Il nous aurait fallu beaucoup plus de bénévoles pour aider. Et bien sûr, travailler avec un masque, nettoyer les toilettes sans arrêt, ça se comprend, pour nos bénévoles, c'est compliqué. Beaucoup de gens qui nous aident bénévolement sont des retraités qui ont un peu peur. Donc on n'était pas sereins et il y avait aussi la crainte réelle d'être à l'origine d'un cluster. Et je pense que s'il y avait eu un problème, le festival était mort. On a préféré être sages.
Vous aviez peur de ne pas faire vivre l'esprit de la manifestation ?
On aurait perdu notre âme. Imaginez tous nos bénévoles masqués, il n'y aurait pas eu la même convivialité. Vraiment, ça n'aurait pas été possible. Les gens se seraient regardés en chien de faïence, non, on ne voulait pas perdre notre âme. Donc, le CoVid nous a eus pour cette année. J'espère juste qu'on n'aura plus besoin de masques dans un an.
Comment vos invités ont-ils accueilli la nouvelle ?
100% des photographes de l'édition 2020 nous ont dit qu'il étaient partants pour venir en 2021. Ils ont compris l'enjeu. On va avoir la même programmation que cette année, avec peut-être deux Prix décernés au lieu d'un. On exposera deux lauréats je pense, donc on va chercher à étoffer un peu l'an prochain. Notre invité d'honneur cette année, Olivier Grunewald, lauréat du Worldpress, était vraiment un bon choix cette année. C'est un photographe de la nature, pas un photographe de guerre comme on a l'habitude d'avoir ici. Il est très connu, il expose en ce moment à Montréal (Canada). Tout était quasiment prêt pour son exposition, il ne restait plus qu'à installer en fait!
REVOIR ► le reportage de Clément Massé et Laurent Gautier (Montage : Alexandre Liégard) réalisé en 2019, à l'occasion des 20 ans du festival de photojournalisme Barrobjectif, à Barro, en Charente