Deux Rafale se sont percutés ce dimanche lors d'un meeting aérien organisé ce week-end sur la base aérienne 709 de Cognac-Châteaubernard. L'un d'eux, perd sa dérive, qui tombe en plein milieu du village de Gensac-la-Pallue.
Cet accident très rare n'a pas empêché les avions de se poser sans heurts ni victime à déplorer, a-t-on appris du colonel Nicolas Lyautey, commandant de la base de Cognac-Châteaubernard.
"Durant leur présentation tactique, deux Rafale de la 30e escadre de Chasse (basés sur la BA118 de Mont-de-Marsan) se sont touchés en vol" vers 12H40. "L'un d'eux a perdu un morceau de sa dérive, qui lors de sa chute a détérioré la toiture d'une habitation" du bourg voisin de Gensac-la-Pallue.
Les deux appareils se sont toutefois posés "sans difficulté", et "aucun blessé n'est à déplorer", a indiqué le commandant, ajoutant qu'une enquête technique était en cours, et que des enquêtes administrative et judiciaire suivraient.
Photos de Romuald Goudeau au moment de l'accrochage en vol
Un tel accident est extrêmement rare. La dernière touchette de ce genre était survenue en avril 2010 durant un entraînement de la patrouille de France, soit il y a douze ans, selon le service de presse de l'armée de l'air.
Voici les deux avions en vol groupé (avant l'impact)
Selon le site internet opex360.com, la dérive de l'avion de chasse " Rogue Spartan " a été accrochée par son ailier lors de la démonstration tactique de deux Rafale de la 30ème Escadre de chasse. Toujours selon opx360.com, cette dérive a été sectionnée au niveau de l’élément qui concentre plusieurs capteurs de sa suite électronique SPECTRA [Système de Protection et d’Evitement de Conduite de Tir du Rafale], dont le boîtier de détection de départ de missile, la tête analyse détecteur départ de missile, le détecteur alerte arrière et le boitier amplification et communication haut de dérive [BACHD].
Selon nos confrères de l'AFP, un habitant de la rue où est tombé le morceau d'avion à Gensac-la-Pallue, qui n'a pas souhaité être identifié, a indiqué que le débris avait "endommagé une toiture" et "cassé des tuiles" avant de "tomber sur la chaussée".
C'était "un morceau d'environ un mètre sur 40 cm", a-t-il expliqué. "J'étais en train de déjeuner quand ça s'est passé. J'ai vu la pièce par terre de loin, il y avait beaucoup de forces de l'ordre autour mais un voisin nous a envoyé une photo. Heureusement que l'occupante de la maison n'était pas chez elle à ce moment-là !"
Sur cette série de photos, on aperçoit bien l'accrochage et les morceaux qui se détachent du Rafale.
Trois enquêtes ont été ouvertes explique le colonel Lyautey à commencer par une enquête technique "conduite par le bureau d'enquête pour la sécurité des aéronefs d'État qui sont déjà sur place." Cette première enquête devra expliquer ce qu'il s'est passé et pourquoi.
La deuxième enquête sera juridique et menée par la brigade de gendarmerie de l'air. Enfin une enquête interne à l'armée de l'ai r "pour faire toute la lumière sur cet événement rarissime" précise le colonel Lyautey.
Avant / Après (faites défiler le diaporama de ce post)
"Le plus probable, c'est l'erreur humaine"
En attendant la fin de ces enquêtes, l'ancien pilote de l'US Navy et de l'aéronavale française, Pierre-Henry Chuet était l'invité du 19/20 de France 3 Aquitaine. "Pour avoir fait de la démonstration tactique, le plus probable, c'est qu'il s'agisse d'une erreur humaine, avance-t-il. Cela ne veut pas dire pour autant qu'il faille tirer sur le pilote, ce n'est pas l'idée, mais il y a de grandes chances que ce soit lié à la technicité de pilotage. Ça peut être dû à une perte visuelle, ou à une erreur de la météorologie".
Les pilotes de Mont-de-Marsan dans les Landes, bien que chevronnés, sont néanmoins plus habitués aux missions qu'aux meetings aériens, rappelle Pierre-Henry Chuet : "Quand vous décollez avec un Rafale pour une mission au dessus de l'Irak, vous avez un avion de 20 à 24 tonnes, qui ne réagit pas de la même façon que l'avion avec lequel vous décollez pour un meeting aérien. Dans ce cadre, l'avion est très léger, c'est une petite fusée. Il est extrêmement nerveux et le pilotage est beaucoup plus fin".
Quand vous êtes à basse altitude, il y a plus d'air, c'est plus dense, l'avion réagit plus. C'est quelque chose à laquelle nous sommes tout simplement moins entraînés.
Pierre Henry Chuet, piloteSource : France 3 Aquitaine
Si la Patrouille de France, ou le Rafale Solo font office de "démonstrateurs" de l'Armée de l'air, et effectuent quasiment à temps plein des missions de représentation, ce n'était pas le cas des pilotes entrés en collision ce week-end. "Est-ce qu'avec des avions aussi techniques, avec un éventail de mission aussi large, c'est une bonne chose de conserver ce genre de présentations ? Ce point risque d'être abordé dans l’enquête technique", estime Pierre Henry Chuet.