Dans la région du cognac, les pompiers iront bientôt à l'école des feux d'alcool

Les feux dans les chais sont rares mais spectaculaires. Une école des feux d'alcool doit ouvrir à Jarnac (16) en 2020. Elle comprendra trois chais d'entraînement, trois cuvettes de rétention et une aire permettant de "déclencher des feux réels et se mettre dans toutes les situations possibles".

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Après vingt ans de réflexion, la région du cognac, haut lieu des distilleries et du stockage de spiritueux, va se doter d'un site spécialisé dans la formation des pompiers à la lutte contre les feux d'alcool, certes rares mais particulièrement dangereux.

Ce plateau technique très attendu doit voir le jour à Jarnac (Charente), au coeur des vignes.

"Cela fait une vingtaine d'années que ce projet existe", explique Jérôme Sourisseau, second vice-président (centriste) du Conseil départemental et président du conseil d'administration du Service départemental d'incendie et de secours de la Charente (SDIS).

Quand un feu s'est déclenché chez Martell, à Cognac (en 1974), la rue et même la Charente brûlaient. (J. Moine, directeur SDIS 17)

"La région de Cognac est la première région d'Europe en matière de stockage d'alcool de bouche. Tous les ans, environ 550.000 hectolitres sont produits et mis à vieillir, sans compter le gin et la vodka qui y sont aussi élaborés", souligne M. Sourrisseau.

Des feux rares mais spectaculaires
Rien qu'en Charente, "on recense plus de 5.000 chais industriels et artisanaux, dont beaucoup sont encore installés dans des communes, et un millier de distilleries, dont 22 sont classées Seveso", autrement dit présentant des risques d'accident majeur, détaille l'élu.

Les feux d'alcool sont heureusement rares, seulement une vingtaine recensés sur le secteur d'appellation de cognac depuis le début des années 2000. Mais ce type d'incendie est aussi spectaculaire que dangereux: "Un feu d'alcool est très différent d'un feu d'hydrocarbures. Il est très chaud et produit peu de fumée. Les flammes sont surtout bleues, difficilement visibles et coulent comme une rivière", explique le colonel Jean Moine, directeur du SDIS.

"Quand un feu s'est déclenché chez Martell, à Cognac (en 1974, NDLR), la rue et même la Charente brûlaient. Avec le vieillissement, des vapeurs s'accumulent aussi - la fameuse "part des anges"-, et quand le feu prend, ces vapeurs s'enflamment en hauteur", poursuit le pompier charentais.
Un chais de Cognac (Archives) © Lacaud Anne, MaxPPP

Gers, Calvados et parfumeurs
Outre des salles de cours, cette école des feux d'alcool de Jarnac comprendra trois chais d'entraînement, trois cuvettes de rétention et une "aire de dépotage" permettant de "déclencher des feux réels et se mettre dans toutes les situations possibles", relève le colonel Moine.

La première pierre sera posée en décembre pour une ouverture prévue au plus tard début 2020, avec un coût global de 8 millions d'euros, comprenant également un centre de formation et une caserne flambant neuve pour les pompiers de Jarnac.

Pompiers et personnels de sécurité des maisons de cognac ne sont pas les seuls intéressés par le projet: "Nos voisins de Charente-Maritime", où se situe également une partie du terroir du cognac, veulent venir s'y former, et "nous avons aussi des contacts avec le Gers (pour l'armagnac), le Calvados, des parfumeurs de la région de Grasse (Alpes-Maritimes), et même avec l'Ecosse", souligne  Jérôme Sourisseau.

Egalement un lieu de recherche
Le nouvel équipement servira aussi de lieu de recherches, car "le feu d'alcool a été très peu étudié par la communauté scientifique internationale, que ce soit son mode d'inflammation, la chaleur qu'il produit, sa vitesse de propagation ou encore le protocole d'intervention sur un tel feu", dit Thomas Rogaume, professeur en génie des procédés à l'institut Pprime de l'Université de Poitiers.

"Ce plateau pourra nous servir aussi pour travailler sur les tenues des pompiers, les quantités de chaleur qu'ils reçoivent, etc. On va pouvoir acquérir de nouvelles données et améliorer la formation", se réjouit le chercheur, membre de l'IRIAF (Institut des risques industriels, assurantiels et financiers), sous tutelle du CNRS et basé à Niort, capitale française des mutuelles et assurances.

Car "si on peut faire avancer la connaissance sur les feux d'alcool, on pourra peut-être réduire le montant des primes d'assurance, tout du moins faire en sorte qu'elles augmentent moins vite", sourit Patrice Pinet, président du syndicat des maisons de cognac, qui finance le projet à hauteur de 1,24 million d'euros.
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