Rencontre avec Amélie Nothomb, lauréate du prix Jean-Monnet de la littérature européenne remis à Cognac

"Le livre des sœurs" d'Amélie Nothomb, publié en 2022, vient de recevoir le prix Jean-Monnet de la littérature européenne, remis en novembre prochain à Cognac. L'occasion de poser quelques questions à l'autrice belge qui occupe depuis longtemps les premières places des meilleures ventes de livres.

Le livre des sœurs, paru chez Albin Michel en 2022, vient de décrocher le prix Jean-Monnet de la littérature européenne. Une nouvelle récompense pour l'autrice belge Amélie Nothomb qui sera à Cognac, en Charente, le 18 novembre prochain, dans le cadre du festival des littératures européennes pour recevoir son prix.

Le jury du prix Jean-Monnet affirme, dans son communiqué de presse, que récompenser Amélie Nothomb, c'est "saluer la force d'une entreprise littéraire hors du commun, marquée tout à la fois par un succès planétaire ainsi que par la qualité et la profondeur de son propos."

Amélie Nothomb, qui, en cette rentrée littéraire, publie un nouveau roman, Psychopompe, a répondu aux questions d'Isabel Hirsch.

Comment accueillez-vous la nouvelle de votre prix Jean-Monnet ?

"Je suis extrêmement touchée de recevoir ce prix, ce très beau prix. Bon, je suis Belge, donc je suis forcément une grande européenne, donc le fondateur de l'Europe m'impressionne beaucoup et en plus, recevoir ce prix à Cognac, c'est une joie !"

Le livre des sœurs est un livre sur l'amour inconditionnel entre sœurs. Y a-t-il une part autobiographique dans ce livre ?

"C'est l'histoire de deux filles qui n'ont pas de mauvais parents, mais des parents qui les ignorent. Ils sont tellement amoureux l'un de l'autre qu'ils ont à peine remarqué qu'ils avaient des enfants. Et ce qui va sauver ces deux filles, c'est d'être sœurs.

"Ce n'est pas directement autobiographique, parce que j'ai eu de très bons parents, mais ça l'est parce que j'ai une sœur à laquelle je voue un amour absolu et qui me le rend bien. Donc, je sais ce que c'est d'aimer sa sœur. La première chose que je fais le matin, quand j'ai fini d'écrire, c'est de téléphoner à ma sœur." 

Je ne crois absolument pas au don de l'écriture, en tout cas, moi, je n'en avais pas et si j'ai réussi à écrire à peu près bien dans ma vie, c'est parce que j'ai fait des efforts colossaux.

Amélie Nothomb

Romancière, prix Jean-Monnet de littérature européenne

Comment faites-vous pour réussir à capter les lecteurs, quel rapport vous avez à l'écriture ?

"Je ne crois absolument pas au don de l'écriture, en tout cas, moi, je n'en avais pas et si j'ai réussi à écrire à peu près bien dans ma vie, c'est parce que j'ai fait des efforts colossaux, comme un oiseau qui apprend à voler, il fait des efforts colossaux pour apprendre à voler. Et L'écriture, c'est comme voler, ça demande un travail énorme.

"Tous les jours de ma vie, sans exception, j'écris, donc oui, mes journées sont une pure tyrannie. Je me réveille au plus tard à 4 h du matin, souvent plus tôt, et les premières heures de ma journée sont vouées à l'écriture, et c'est un exercice difficile. Ce n'est que quand j'ai fini mes quatre heures d'écriture quotidiennes que je peux commencer une vie normale.

"L'écriture, pratiquée au degré d'exigence que j'espère pratiquer, est une terreur absolue. On a toujours l'impression qu'on va s'effondrer. On est tout le temps en train de se maintenir sur son fil de funambule et d'inventer mille méthodes pour ne pas s'effondrer. C'est fascinant, c'est merveilleux, mais c'est terriblement fatigant.  

"Si je me saisis moi-même au moment de l'écriture, alors je peux espérer que le lecteur soit saisi aussi. Il faut partir du principe que le lecteur est un autre soi-même et que ce qui parvient à me faire exorbiter les yeux au moment de l'écriture est probablement ce qui scotchera le lecteur au moment de la lecture."

Ce qui est très touchant dans votre nouveau livre Psychopompe, c'est le mélange entre la légèreté et la gravité, ce moment très grave de votre vie que vous racontez.

(Dans ce livre, Amélie Nothomb évoque le viol dont elle a été victime à l'âge de 12 ans au Bangladesh, NDLR)

"C'est la vraie vie, le drame survient au cœur de la légèreté et la vie continue avec une certaine indifférence. La souffrance, c'est quelque chose qu'il faut apprendre comme le reste."

Vous vous sentiez quasiment morte...

"Le livre s'appelle Psychopompe (celui qui conduit les âmes des morts, NDLR) donc il est question de s'approcher le plus près possible de la mort et d'en revenir. Donc il faut quand même que j'explique comment moi, j'ai approché la mort et c'est ainsi que je l'ai approchée."

(Propos recueillis par Isabel Hirsch)

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