La 40e édition de "Musiques Métisses", à Angoulême, le premier festival en France à programmer des musiciens populaires d'Afrique, de l'Océan Indien et des Caraïbes, comme Salif Keïta ou Kassav, sera la "der" de son fondateur, Christian Mousset, qui estime à 71 ans "qu'il faut passer la main".
Cet ancien disquaire a découvert les musiques noires via le jazz et le blues. "Je devais avoir dix ans. Un officier américain logeait dans la maison que lui louait ma grand-mère, juste à côté de chez elle, à Royan (17)", se souvient ce fils de bouchers-charcutiers aisés. "Il me semble qu'il était métis. Il m'avait offert une pile de 45 tours : Ray Charles, avec un blues qui s'appelait "Drawn in my own tear", Nat King Cole, Ella Fitzgerald..."Le festival a commencé en 1976, j'en suis le fondateur. Mais en plus, j'ai aussi créé deux labels -Marabi et Indigo- pour essayer de sortir des albums. J'ai aussi été un peu à l'origine des marchés de professionnels de festivals en Europe. J'ai jamais arrêté, et à un moment, il faut passer la main."
Christian Mousset.
C'est ainsi que Christian Mousset va commencer à s'intéresser aux musiques noires et à leur histoire : l'Afrique, l'esclavage, la colonisation, les circulations de ces musiques pour finir par devenir un spécialiste des musiques latines.
Christian Mousset vit ensuite une scolarité mouvementée, entre Bordeaux et Saintes, mais se constitue déjà une belle collection de disques grâce à l'argent de sa grand-mère. Muni du bac, il tente d'aller enseigner en Afrique: "j'avais demandé le Bénin et le Togo, et me suis retrouvé à Oran..." Puis ce sera Düsseldorf, en Allemagne. "J'étais parti avec un copain qui voulait aller en Suède, et on s'est arrêté à Düsseldorf, j'avais 22 ans", raconte-t-il.
Revenu en Charente, il ouvre son magasin, Disc 22, en 1972 à Angoulême, "un endroit où il n' y avait vraiment rien".
En avance sur la "world music"
C'est tout naturellement que cet homme curieux et débrouillard y crée "son" festival, en 1976 : Jazz en France, qui deviendra Jazz et Musiques Métisses, en 1987, puis Musiques Métisses, en 1992. "Au départ, il n'y avait pas que du jazz", insiste Christian Mousset qui peut se targuer d'avoir programmé dans son festival, en première européenne, le Malien Salif Keita et les Antillais de Kassav, en 1984, le Réunionnais Danyèl Waro, en 1985, alors que la "world music" n'en était encore qu'à ses balbutiements.La 40e édition de Musiques Métisses, qui se tient de vendredi à dimanche sur l'île de Bourgines, sera un trait d'union entre anciens et modernes. Au rayon des modernes : les Français d'Akala Wubé, qui travaillent sur les musiques éthiopiennes, Voodoo Game (afro-beat et funk), et Orange Blossom qui propose un croisement électro et musiques orientales.
Dans celui des anciens : le Malien Boubacar Traoré, Les Ambassadeurs, un groupe mythique mandingue de Bamako reformé récemment, et le Bamba Wassoulou Groove. L'année prochaine, Christian Mousset passera la main à Patrick Duval, directeur du Rocher de Palmer, à Bordeaux. Mais sa bouille ronde et son regard vif ne disparaîtront pas complètement.
Et en forme d'hommage-souvenir, voici un extrait d'un concert des Congos enregistré pendant le festival 2010 :
THE CONGOS live from France Festival des... par DaVibeJamaica