C'est sur une exploitation de Saint Germain de Montbron, non loin d'Angoulême, que Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture et Bérangère Couillard, secrétaire d’Etat chargée de l’Ecologie sont venus constater les effets de la sécheresse dans le département. Une visite sur fond de forte tension sur le dossier de la ressource en eau dans la région.

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C'est sous un soleil de plomb que les deux membres du nouveau gouvernement ont été accueillis dans la campagne charentaise. Une chaleur étouffante, une tempête de ciel bleu et pas un nuage à l'horizon. Une carte postale qui, depuis plusieurs années, a contraint Jean-Bernard Sallat à prendre des mesures drastiques sur son exploitation.

S'adapter ou disparaitre

"Pour faire simple, c’est entre 25 et 30% de baisse de production par rapport à une année normale", explique l'agriculteur, "que ce soit sur la céréale qui est destinée pour engraisser mes bêtes ou l’herbe que je produis pour les nourrir toute l’année. Les conséquences, c’est que je vais être obligé de vendre une partie de mon cheptel parce que j’en ai trop par rapport au stock que j’ai pu ramasser et j’ai dû modifier mon assolement sur l’exploitation".

S'adapter ou disparaître. C'est bien l'épineux dilemme auquel est confrontée l'agriculture française. En Poitou-Charentes plus qu'ailleurs, on sait les tensions que cela peut générer entre professionnels et citoyens. La bataille farouche dans les Deux-Sèvres voisines entre les "anti bassines" et les promoteurs de bassins de substitution en est la plus dramatique illustration.

Comme on pouvait s'y attendre, Marc Fesneau ne renie pas la position de ses prédécesseurs sur la question. "La vérité, c’est que je ne connais pas de territoire où sans accès à l’eau, l’agriculture puisse se maintenir", coupe court le ministre de l'agriculture, "l’élevage, parfois le maraichage, parfois l’arboriculture ou même la vigne et les grandes cultures. Pas la peine donc de se bloquer sur le sujet. Simplement, la question, c’est la gestion raisonnée de la ressource et c’est ce que veulent faire les agriculteurs au fond. Moi, je ne crois pas aux postures avec ce genre de problèmes".

"De l'eau pour tous"

Non loin de là pourtant, la startup Elicit Plant travaille, depuis plusieurs années, sur des alternatives et des solutions techniques pour réduire la consommation en eau des agriculteurs. Dans les laboratoires de cette entreprise de Moulins-sur-Tardoire , on a mis au point un traitement qui permet d’introduire dans les plantes des phytostérols supplémentaires, une matière naturelle d’origine végétale qui augmente la fermeture des stomates d’une feuille, l’équivalent des pores de notre peau.

"Quand les stomates sont fermées, la circulation de l’eau est un peu différente et ça permet à la plante de garder son eau plus longtemps", nous disait Solange Villette, docteure en biologie végétale lors d'un reportage en janvier 2021, "en cas de sécheresse, elle va mieux utiliser et réguler son eau, celle présente dans le sol comme dans la plante elle-même et donc résister plus longtemps à la sécheresse". Résultat, par exemple sur le soja, un rendement supérieur de 20%.

"On doit faire face à un réchauffement climatique et donc il faut que l’on puisse répondre à cette nécessité d’avoir de l’eau pour tous, particuliers, entreprises, collectivités mais aussi agriculteurs", déclarait ce matin Bérangère Couillard, "il ne faut pas mettre les uns contre les autres, il faut juste que nous trouvions une solution ensemble et cette entreprise propose une solution qui permet d’avoir sur les cultures qu’elle a pu traiter 20% de besoin en eau en moins. C’est donc forcément essentiel qu’on regarde ça de près".

La visite ministérielle s'est achevée à Angoulême par une table ronde en préfecture sur la gestion de la ressource avec les représentants du monde agricole et les services de l'Etat. Les associations et militants environnementaux n'ont même pas été conviés à boire un verre d'eau.

Notre reportage

Sécheresse : deux ministres en visite en Charente. ©B. Pillot / C. Landais / N. Colombeau - France Télévisions

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