Ce lundi 18 novembre 2024, les premières manifestations baptisées "manifestations des agriculteurs acte 2, la colère gronde", ou " les feux de la colère" débutent sous différentes formes selon les syndicats. D'abord dans les villes devant les préfectures comme à Montpellier (Hérault). Puis de manière musclée, par le blocage du fret alimentaire à la frontière espagnole.
Un an après le début de leur première mobilisation, les agriculteurs repartent dans la rue, déçus des promesses non tenues du gouvernement Attal. Au niveau national, la FNSEA et des Jeunes agriculteurs appellent à un rassemblement ce lundi 18 novembre 2024 devant l'ensemble des préfectures et sous-préfectures.
Procession devant les préfectures
À Montpellier (Hérault), ils seront Place de la Comédie à 11h avec des pancartes de communes et un pendu pour symboliser la mort de l'agriculture française avant de se rassembler au rond-point de l'Europe. " L'objectif n'est pas d'embêter la population, on ne bloquera pas d'autoroute", répète Sophie Noguès, la présidente de la FDSEA 34, comme l'avait indiqué il y a quelques jours Arnaud Rousseau, président de la FNSEA.
Aucune opération escargot n'est prévue pour l'instant. Le but reste de se faire entendre. "Cela fera un an pile que l'on avait commencé à manifester par le retournement des panneaux de communes, avec l'inscription, "on marche sur la tête"", rappelle la présidente du syndicat.
En Lozère, hier, samedi 16 novembre, les noms de communes ont été remplacés par celles du Brésil. Saint-Paul-le-Froid est devenu São Paulo, Mende s’appelle Maceió. Les panneaux ont été couverts de bâches noires sur lesquelles le "nouveau" nom a été inscrit à la bombe de peinture, selon nos confrères de Midi libre.
Alors que le G20 doit s'ouvrir au Brésil la semaine prochaine, les agriculteurs protestent ainsi contre l'accord de libre-échange entre l’Union européenne et les pays du Mercosur. Un accord au centre de leur colère.
Le mouvement pourrait se poursuivre sur les ronds-points. Dans l'Aude, des feux pourraient être allumés dès ce lundi soir.
Action musclée à la frontière espagnole
Si la FNSEA et les JA ne veulent pas bloquer les autoroutes, un autre syndicat s'en chargera.
Mardi 19 novembre, les militants de la Coordination rurale de l’Hérault (CR 34) vont passer à des actions fortes.
Dès 6h30, un convoi partira du péage à Béziers-Ouest, direction la frontière espagnole, au niveau du péage du Boulou, comme le syndicat l'affiche largement sur les réseaux sociaux. La circulation sur l'A 9 pourrait donc être perturbée.
Objectif : bloquer le fret alimentaire. "Robert Ménard, maire de Béziers, sera présent. On récupère les autres convois sur le passage, précise Armand Poitrine, le président de la CR 34. Des agriculteurs du Lot-et-Garonne, de la Haute-garonne et des Pyrénées-Orientales viendront nous retrouver.
L'objectif est de bloquer le fret alimentaire pour montrer à quoi pourrait ressembler la France s'il n'y avait plus d'agriculteurs. Si aucune avancée, on ne bougera pas.
Armand Poitrine, président de la Coordination rurale 34
Tous les camions dans le sens Espagne-France seront bloqués. "On demande qu’aucun produit interdit en France ne rentre", en pointant le recours des Espagnols à un plus grand nombre de produits phytosanitaires, dont certains sont interdits en France.
Une nouvelle action musclée qui fait suite à plusieurs bâchages de radars réalisés ces derniers jours. Des actions répétées partout en France. Des blocages des bases logistiques de la grande distribution sont également au programme. Le syndicat veut renégocier "les prix des produits achetés toujours à la baisse par la grande distribution. On souhaite également l'exonération de la taxe foncière non bâtie" énumère le président de CR 34. Le syndicat dénonce aussi le futur accord international de libre-échange.
Détresse des paysans, soutien de la population
D'autres actions tout syndicat confondu devraient aussi avoir lieu sur les ronds-points. La mobilisation s'annonce à nouveau très forte, comme en janvier dernier. Au premier salon de l'agriculture organisé ce week-end à Narbonne (Aude), la grande détresse des paysans à la veille de ces nouvelles mobilisations était palpable. Exemple, la moitié du cheptel français est détenue par des paysans qui ont plus de 60 ans. Les jeunes ne peuvent pas s'installer.
"Cette colère qui monte et qui va s'exprimer là et je ne sais pas comment ça va finir, lance avec inquiétude, Nicolas Lassalle, éleveur et président du syndicat Gascon Pyrénées et Aude. Il va falloir qu'à un moment donné au-delà des subventions, au-delà des soutiens, va falloir la loi d'orientation agricole entre autres, va falloir qu'on soit inventif pour savoir comment on va faire demain".
La population semble toujours soutenir les agriculteurs et s'interroge sur le Mercorsur :
Ils vont vendre des avions, de l'industrie, des TGV, mais à quelque part, on va brader l'agriculture ! Mais de toute façon, ce sont des échanges, c'est toujours comme ça, mais quand même, il faudrait revoir la copie !
Serge Singeot Combe, un des visiteurs du salon de l'agriculture du Grand-Narbonne
Au-delà des tractations internationales, les consommateurs français se disent prêts à prendre leur part pour soutenir les agriculteurs, comme Manon Giordano. "Quand on peut, on achète directement chez les producteurs, dans les petites fermes aux alentours, on préfère déjà les produits sont meilleurs, on sait d'où ça vient et c'est oui, aussi pour les soutenir et les aider."
Un soutien qui semble inchangé depuis les blocages d'autoroutes de janvier dernier.