Ils promettent une énorme mobilisation. Plusieurs syndicats agricoles appellent à manifester à partir de ce lundi 18 novembre, contre les accords du Mercosur, mais également pour dénoncer le mal-être des agriculteurs, au cœur d'une journée de prévention organisée à Saint-Just-le-Martel, en Haute-Vienne.
Matthieu Anoman est éleveur bovin au sein du Gaec de la Petite Vary, à Bujaleuf, en Haute-Vienne. Tandis que son troupeau de vaches limousines broute paisiblement l'herbe verte de sa pâture, lui s'inquiète. Lundi, il participera à la mobilisation des agriculteurs. Il estime important d’informer les consommateurs sur les conséquences de l’accord de libre-échange qui pourrait être signé entre l’Union européenne et le Brésil, l'Argentine, l'Uruguay, le Paraguay et la Bolivie, ces pays d'Amérique du sud regroupés sous l'appellation Mercosur.
"On met en avant des normes sur le bien-être animal, l'écologie, et on va faire rentrer des produits, on peut appeler ça des produits, qui ne correspondent en rien à tout cela", s'alarme-t-il.
Cet accord prévoit la quasi suppression des droits de douane sur les exportations des pays latino-américains : viande bovine et volaille, sucre et maïs. Des productions pour lesquelles les réglementations en matière d'OGM, de recours aux hormones de croissance ou aux pesticides sont moins contraignantes qu'en Europe.
Agriculteurs en détresse
La concurrence déloyale, les normes nombreuses, les horaires à rallonge : les difficultés auxquelles les agriculteurs français sont confrontés ne sont pas nouvelles. Ils jugent la situation globale préoccupante.
Ce vendredi 15 novembre, une journée était consacrée à la santé mentale des agriculteurs à Saint-Just-le-Martel. La détresse exprimée alerte : "Nos agriculteurs ne font pas 35h par semaine malheureusement, et cette fatigue, elle est énorme, avec le temps, la météo, avec l'argent, avec les conditions de travail et de vie, c'est compliqué", constate Guilaine Bardou, coordinatrice de la prévention du mal-être et du suicide en Haute-Vienne.
Déjà mobilisés l’hiver dernier, les agriculteurs doivent faire face à une nouvelle année difficile, entre fièvre catarrhale, grippe aviaire et météo pluvieuse. "Ce contexte actuel, entre les difficultés sanitaires sur les animaux et les difficultés de rendement dans les productions végétales fait que la détresse de l'année dernière est accentuée encore cette année. Et là, on a vraiment une grande colère du monde agricole qui a l'impression d'avoir été abandonné par les pouvoirs publics", explique le directeur de la FDSEA 87, Sébastien Petitjean.
Mobilisation en ordre dispersé
Si tous les syndicats agricoles s'opposent à la signature du traité Mercosur, tous ne défendent pas le même modèle agricole, comme le rappelle la Confédération paysanne, et la mobilisation se fait en ordre dispersé.
Cohérence d'ensemble : lutter contre l'accord UE-Mercosur est incompatible avec demander de reautoriser des pesticides interdits , déréglementer les OGM, affaiblir le droit du travail comme le demandent fnsea et coordination rurale. #revenupaysan https://t.co/jejeyfqhcz
— Conf' Paysanne (@ConfPaysanne) November 15, 2024
Des manifestations sporadiques sont organisées dans différentes régions depuis plusieurs semaines, à l'initiative des différents syndicats Coordination rurale, Jeunes agriculteurs, Confédération paysanne ou FDSEA.
La FNSEA appelle à manifester massivement à partir de ce lundi 18 novembre, au moment où le G20 se réunit au Brésil.
La France est le seul grand pays de l'UE à s'opposer à la ratification du traité de libre-échange avec les pays du Mercosur.