Trois manifs en 48 heures : ces agriculteurs "lancent les hostilités" avant une mobilisation nationale mi-novembre

Usés par des conditions de travail difficiles et les promesses non tenues du gouvernement, les agriculteurs ont organisé trois manifestations en l'espace de deux jours en Corrèze. La tension monte, alors qu'une nouvelle mobilisation nationale est annoncée à partir de mi-novembre.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Les agriculteurs sont de retour en ville. Ce vendredi matin, une quinzaine d'entre eux défriche, laboure et sème du seigle sur un terrain à l'ouest de Brive-la-Gaillarde. Cette surface de trois hectares, terrain plat, terre fertile serait parfaite pour accueillir des cultures de légumes, de maïs ou de luzerne. Propriété de l'Agglomération de Brive, la parcelle est condamnée à rester à l'état naturel en raison de la loi de compensation des sols artificialisés. 

Dénoncer les aberrations

"C'est une aberration Plus rien ne se fait sur ces terres qui étaient destinées à nourrir", pointe Emmanuel Lissajoux, président de la FDESA de la Corrèze qui organise cette opération coup de poing. C'est la troisième organisée dans le département en l'espace de deux jours.

"Ce traité est dangereux, autant pour l'agriculture que pour le consommateur"

La veille, après avoir terminé le travail à la ferme, ce sont les membres de la Coordination rurale (CR) qui se sont réunis devant les portes de la préfecture de la Corrèze à Tulle. "C'était le moment opportun pour nous retrouver, faire le point et lancer les hostilités pour la prochaine mobilisation nationale qui débutera autour du 15 novembre", explique Amélie Rebière, présidente de la CR Corrèze et vice-présidente nationale.

Dans le viseur des agriculteurs réunis ce soir-là : le Mercosur. L'ensemble des syndicats s'y opposent et dénoncent la concurrence déloyale causée par cet accord de libre-échange entre l'Union européenne et les pays d'Amérique du Sud. "Ce traité est dangereux, autant pour l'agriculture que pour le consommateur. On va faire entrer des produits en France qui ne respectent pas les normes européennes. Pour nous, c'est la ligne rouge à ne pas franchir", poursuit Amélie Rebière. 

Notre agriculture est moribonde depuis des décennies et cela ne va pas en s'arrangeant. On n'arrive pas à transmettre nos exploitations, à motiver des jeunes.

Amélie Rebière

Présidente de la Coordination rurale de la Corrèze

Plus de 200 députés de tous bords politiques viennent de signer une tribune collective demandant au gouvernement de bloquer la conclusion de l'accord, prévue mi-novembre. Les agriculteurs font, eux aussi, pression. "On veut que la France mette un véto sur le Mercosur. On compte également demander au président un moratoire sur les contrôles et la dissolution de l'OFB. On n'a pas besoin de personnes qui viennent nous expliquer comment respecter l'environnement", gronde la syndicaliste. 

LIRE AUSSI : "Le fait d'être armé les a mis mal à l'aise" : on vous explique les tensions entre les agriculteurs et l'OFB

En mars, l'ancien Premier ministre Gabriel Attal avait annoncé des mesures d'urgence pour calmer la colère : suppression de la taxe sur le Gazole non routier (GNR), simplification des procédures et des normes, réduction du nombre de contrôles... La dissolution est passée par là et les agriculteurs ont le sentiment de "ne rien avoir obtenu".

Elie Crouchet,75 ans et agriculteur à la retraite depuis le mois de janvier, témoigne : "On n'a pas été écoutés du tout. Il y en a marre. Les exploitations sont dans des situations critiques. Les charges et les normes nous empêchent de produire. On ne sait plus où l'on va."

Des fois, on se demande s'il ne faudrait pas être salarié plutôt que de s'installer et finir par se mettre le couteau sous la gorge. On voit nos parents qui ont du mal à s'en sortir, ils nous disent de partir.

Damien Chambre

Agriculteur de 21 ans

Les syndicats majoritaires, la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs, et d'autres appellent à une nouvelle mobilisation d'ampleur. "Il faut s'attendre à des blocages. Si les éleveurs quittent leur ferme, ce sera pour obtenir quelque chose cette fois et on ne sera pas près d'arrêter les blocages", prévient Amélie Rebière. 

Propos recueillis par Anaïs Lebranchu / France 3 Limousin. 

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information