Face à la progression de la fièvre catarrhale ovine en Aquitaine, une centaine d'agriculteurs originaires des Pyrénées-Atlantiques et des Landes ont manifesté dans les rues de Pau dans la soirée du vendredi 18 octobre. La première étape d'une longue série, promettent-ils, si ils n'obtiennent pas les vaccins nécessaires.
Ils sont venus du Béarn ou des Landes, sont éleveurs ou céréaliers. Tous, ce soir-là, portent fièrement leur bonnet jaune, le symbole de l’agriculteur en colère. À l’initiative de la Coordination rurale, deuxième syndicat agricole français, une centaine d’agriculteurs s’est donné rendez-vous dans le centre-ville de Pau, ce vendredi 18 octobre. L’objectif : obtenir de l’aide et des réponses de l’État pour limiter les dégâts de la fièvre catarrhale ovine (FCO), virus qui sévit dans les troupeaux aquitains depuis plusieurs semaines.
Pour ce berger de la Vallée d’Ossau, le constat est sans appel : "Tous les jours, on trouve du bétail mort. Cette fièvre est une perte capitale pour nous, souffle Peio Arbillaga, venu montrer son mécontentement. On commande des vaccins, mais l’État n’en envoie pas, il ne fait rien, fustige le professionnel. Pendant ce temps, on essaie de soigner notre bétail comme on peut, mais d’autres variants de la fièvre ont aussi le temps de se développer", conclut-il amèrement.
Le premier épisode d’une longue série
"En moyenne, la fièvre catarrhale ovine touche 30% d’un cheptel et engendre des pertes financières importantes pour un agriculteur. Selon les cas, les répercussions peuvent atteindre jusqu’à 50% de son chiffre d’affaires, explique Benjamin Loste, président de la Coordination rurale des Pyrénées-Atlantiques. "Alors, si je suis là ce soir, c’est pour montrer que l’on est un syndicat soudé. On veut faire entendre notre détresse, parce que c’est très grave !"
Pour le président du syndicat agricole, la situation aurait pu être freinée depuis déjà plusieurs semaines. "Cela fait trois mois que l’on contacte les services de l’État pour les prévenir que la FCO-3 est aux portes de la Nouvelle-Aquitaine, raconte-t-il. On nous dit de ne pas s’inquiéter, que les vaccins et les stocks sont prévus. Mais nous, on ne voit rien... "
Un besoin de perspectives
Si les dégâts causés par le virus ont motivé cette réunion dans le centre-ville de Pau, les agriculteurs demandent plus largement des réponses pour faire face à la crise générale qui touchent les professionnels. "Nous, paysans, nous ne pouvons plus travailler dans ces conditions, estime l'éleveur Thierry Léon. On a besoin de réponses sur le long terme, à la fois sur l'énergie, nos revenus ou sur les maladies. On a besoin de perspectives et de mesures concrètes."
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Depuis plus d'un an, Thierry Léon est presque habitué à manifester dans les rues pour défendre son travail. "J'ai participé à toutes les mobilisations agricoles, assure-t-il fièrement. J'ai espoir que celle-ci ouvre sur un débat, que ce soit dans le monde agricole, mais aussi au niveau national. Je sais que c'est seulement une première étape. Les mobilisations vont continuer."