Dégradations lors d’une manifestation : deux agriculteurs convoqués refusent de se rendre au commissariat

Ce mercredi 16 octobre, deux agriculteurs de la Coordination rurale du Lot-et-Garonne étaient convoqués au commissariat de Bordeaux. Ils avaient participé, le 11 mars dernier, à une mobilisation, autour du miroir d’eau. Soutenu par leur syndicat, il ne s’y sont pas rendus.

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Ils avaient prévenu, ils l’ont fait. Convoqués ce mercredi 16 octobre au commissariat de Bordeaux, deux agriculteurs de la Coordination Rurale du Lot-et-Garonne ont décidé de ne pas s’y rendre. Ils devaient s’expliquer sur leurs actions, lors de la mobilisation du 11 mars dernier. Deux autres agriculteurs, girondins cette fois, ont également été convoqués dans les prochains jours.

À l’époque, la mobilisation, qui s’était concentrée autour du Conseil régional puis aux abords de la place de la Bourse, avait entraîné de lourds dégâts. Au total, plusieurs milliers d’euros de dégradations avaient été recensés. Du fumier avait été déversé sur le Miroir d'eau, retardant de plusieurs semaines sa mise en route, le temps du nettoyage et des travaux. Le Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine et la mairie de Bordeaux  avaient alors porté plainte contre X. 

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"Aucune convocation à Bordeaux"

Soutenus par leur syndicat départemental “et celles des autres fédérations de Nouvelle-Aquitaine”, les deux agriculteurs expliquent percevoir ces convocations comme “une agression”, indique la présidente de l’antenne Lot-et-Garonnaise. “Nous n’accepterons aucune convocation à Bordeaux. S’il doit y en avoir, ce sera dans les territoires respectifs des agriculteurs de façon à un peu plus respecter les personnes”, indique Karine Duc, co-présidente de la Coordination Rurale 47.

Pour le syndicat, il s'agit d’ailleurs d’une “mégarde”. “Ce ne sont pas ces personnes qu’il faut convoquer. Elles n’ont rien à voir avec cette histoire. Il vaut mieux s'en prendre aux responsables des manifestations”, avance-t-elle.

Calendrier inadapté

Pour autant, si elle assure “toujours assumer nos actes”, la Coordination Rurale regrette un calendrier inadapté. “Ce n’est pas le moment d’ouvrir un volet judiciaire alors que nous sommes à la veille de graves mouvements d’agriculteurs qui se préparent faute d’amélioration de notre profession. La détresse est pire qu’au début de l’année”, dénonce Karine Duc qui s’interroge sur la “rapidité” de ces convocations. “Il y a des affaires plus graves qui mettent beaucoup plus de temps."

Même son de cloche du côté de la Chambre d'agriculture du département. "J'en pense que du mal, le moment n'est pas opportun", indique Serge Bousquet-Cassagne, le président de la Chambre d'agriculture et ancien président de la Coordination rurale 47. "Les récoltes sont maigres et elles sont compromises à cause de la pluie. Ces convocations vont seulement rajouter de l’huile sur le feu, ce n'est pas une bonne chose."

S'ils voulaient faire exploser le tic-tac qu’on entend dans les campagnes françaises, ils ne feraient pas autrement.

Serge Bousquet-Cassagne

Président de la Chambre d'agriculture du Lot-et-Garonne

La colère de nouveau visible s’explique, selon les syndicats, par “l’absence de solution”. “On ne nous a pas respectés, vis-à-vis des délais. Il y a un gaspillage de temps qui fait qu’aujourd'hui, il faut véritablement acter les choses pour avoir un cap politique agricole digne de ce nom”, avance la co-présidente de la Coordination Rurale.

Dans une lettre adressée aux parlementaires du département, le syndicat demande un rendez-vous au Premier Ministre et au ministre de l'Agriculture. "Nous revenons vers vous, dans le but que vous interveniez auprès de Madame Genevard, ministre de l’Agriculture ou monsieur Barnier, Premier ministre, afin que l’un des deux fasse le déplacement en Lot-et-Garonne, épicentre de la colère agricole de l’hiver dernier", indique la Coordination Rurale 47.

En parallèle, ils alertent sur quatre points majeurs : l'allégement des charges, la simplification administrative, favoriser la production française et une orientation politique "digne et vivable". Plusieurs mouvements ont d’ailleurs déjà éclaté ces dernières semaines, comme en Charente, où les producteurs de Cognac ont dénoncé les surtaxes imposées par la Chine sur leurs produits.

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