"Elles ne viennent pas nous rassurer" : les réactions après les annonces de Gabriel Attal pour les agriculteurs

De nouvelles mesures en soutien aux agriculteurs ont été annoncées ce 27 avril par le premier ministre Gabriel Attal, à l'occasion d'un déplacement dans la Manche. Les représentants de deux syndicats agricoles du territoire, Florent Dornier, président de la FDSEA du Doubs et Laurence Lyonnais, porte-parole de la confédération paysanne, y réagissent auprès de France 3 Franche-Comté.

Ce sont de nouvelles annonces qui ont été faites ce samedi 27 avril par le premier ministre Gabriel Attal en soutien aux agriculteurs, à l'occasion d'un déplacement dans la Manche. Parmi celles-ci, la pension de retraite calculée sur les 25 meilleures années de revenus à partir de 2026. Des prêts directs d'une valeur maximale de 75 000 euros pourront également être accordés à travers BPI France. 

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Alors, comment y réagissent les syndicats agricoles au niveau local ? Nous avons posé la question à deux représentants des organisations du Doubs. 

Florent Dornier, président de la FDSEA du Doubs

France 3 Franche-Comté : Comment réagissez-vous à ces annonces du premier ministre ? 

Florent Dornier : C’est plutôt une bonne chose, cela montre que la pression syndicale que l’on a pu mettre aboutit à des annonces. On reste vigilant sur les effets d’annonces néanmoins. Il y a des mesures de compétitivité, de trésorerie, sur les moyens de productions, sur le renouvellement des générations, sur les retraites. Il faudra voir comment cela se traduit pour les agriculteurs. Il y aura plusieurs temps, il y a déjà des choses qui ont été annoncées avec des effets immédiats. 

Néanmoins, il y a des projets de lois qui vont arriver avec les parlementaires. On attend beaucoup aussi du projet de loi d’orientation [pour la souveraineté agricole] qui va arriver à l’Assemblée Nationale. Notre stratégie, c’est de ne pas lâcher la pression. 

Comment pensez-vous maintenir la mobilisation ? 

F.D. : La mobilisation se maintient avec la pression. Pour que la colère s’exprime, on tient un tableau de bord où on coche les annonces les unes après les autres, pour voir si elles correspondent aux demandes que l’on avait pu établir. L’objectif n’est pas de retourner dans la rue tous les matins. On va suivre ça avec sérieux. 

Est-ce que cela peut apaiser les tensions entre le gouvernement et les syndicats ? 

F.D. : C’est un très bon signal, parce que les agriculteurs, les citoyens pourraient croire que puisque l’on n’est plus dans la rue, on n'est plus aux manettes. Ça prouve le contraire, que les têtes de réseau et le syndicalisme sont toujours là. C’est pour ça que le gouvernement fait ces annonces aujourd’hui. 

Laurence Lyonnais, porte-parole de la confédération paysanne du Doubs

France 3 Franche-Comté : Comment réagissez-vous à ces annonces du premier ministre ? 

Laurence Lyonnais : Déjà, c’étaient des annonces surprises. Ces trois dernières semaines, on a eu beaucoup de mécontentements du côté des paysans et des paysannes. Ces annonces ne viennent pas nous rassurer ni régler les problèmes de fond qui ont été soulevés depuis le mouvement des agriculteurs. La majorité des revendications portent sur le revenu et sur la protection des paysans et des paysannes face à la concurrence mondialisée. Dans ce qui a été annoncé, on ne voit pas ce qui va assurer, à long terme, le revenu des agriculteurs. Nous attendons également toujours des paiements de la Pac (Politique agricole commune) et des aides depuis 2023. C’est bien l’État français qui est à la traîne sur le paiement de ces aides. Nous avons aujourd’hui des fermes en grande difficulté. 

Quelles sont actuellement vos revendications ? 

L.L. : Pour nous, la majorité des sources de mécontentement qui avaient conduit au mouvement n’ont pas été réglées. Il y a même des choses qui viennent l’aggraver. Les petits maraîchers n’ont par exemple presque aucune chance de toucher une aide à la production, alors même qu’ils sont touchés par des épisodes de gels dramatiques. Qu’est-ce qu’on va faire par rapport à ça ? Pas de réponse dans les annonces du premier ministre. 

On demande un plan d’ampleur qui permette une transition agricole, alimentaire et climatique. La première des conditions est de protéger le revenu des agriculteurs par rapport à la concurrence mondialisée.

Comment souhaitez-vous continuer la mobilisation ? 

L.L. : Nous avons eu une mobilisation cette semaine à Paris devant la Direction générale des Douanes, concernant les fruits et légumes et leurs règles d’importation. Nous allons devoir continuer ce type de mobilisation. Peut-être aussi que nous allons devoir sonner les cloches (pardonnez l’expression) pour les fermes qui n’ont pas reçu encore les aides de la Pac 2023. 

Interviews réalisées par Cassandra Tempesta

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