"Le fait d'être armé les a mis mal à l'aise" : on vous explique les tensions entre les agriculteurs et l'OFB

La Coordination rurale a demandé au Premier ministre la dissolution de l'Office Français de la Biodiversité (OFB), la police de l'environnement. Le syndicat estime qu'elle n'est pas assez compétente et représenterait une pression supplémentaire pour les agriculteurs dans un contexte de malaise grandissant du monde agricole. De son côté, l'OFB évoque une situation globalement apaisée en Limousin et un travail mené pour maintenir un dialogue constructif.

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L'OFB, l'organisme chargé de la protection de la biodiversité, est dans le viseur de la Coordination Rurale. Amélie Rebière, présidente du syndicat agricole en Corrèze, également l'une des vice-présidentes au niveau national, était sur le plateau de France 3 Limousin, dimanche 27 octobre 2024. Elle défend la position du syndicat. 

La présidente dénonce le coût de fonctionnement de l'OFB qui s'élèverait à "659 millions d'euros par an aux contribuables. Le Sénat estime que l'argent investit dans l'OFB ne justifie pas la légitimité sur le terrain."  

Dans ce rapport du Sénat, il est effectivement question d'un "important déficit de légitimité. Il doit en effet faire face à des réticences et des contestations vis-à-vis de l’exercice de ses prérogatives au titre de la police de l’environnement." 

Ainsi, la compétence des agents est aussi pointée du doigt sur le terrain. "On a affaire à des gardes de chasse qui ne connaissent pas forcément toute la loi sur l'eau qui est très complexe, malgré tout, il faut l'avouer, estime-t-elle. Ces agents se retrouvent assermentés et armés chez des agriculteurs, ça met une pression supplémentaire." 

Forte de ces constats, la commission a formulé 29 recommandations.

L'OFB, illégitime ?

La Coordination rurale est une habituée des actions coup de poing. Le 31 mars 2023, CR a lâché des animaux sauvages, en pleine séance au cinéma Le Lido à Limoges, pour s'opposer à la tenue d'un débat sur les mégabassines.

Plus récemment, cet été, elle avait appelé à enfreindre la loi, en proposant une prime de 1 000 pour tout loup tué. Le prédateur est accusé de s'en prendre aux élevages. 

Ce n'est pas la première fois que le fonctionnement de cet organisme gouvernemental est remis en question par certains agriculteurs et d'autres syndicats comme la FNSEA ou les Jeunes Agriculteurs.

Durant la crise agricole, plus tôt dans l'année, l'OFB a particulièrement été visé : des bureaux ont été saccagés, et des agents parfois menacés. 

Pourtant, en Nouvelle-Aquitaine, particulièrement en Corrèze et Haute-Vienne, les relations ne semblent pas aussi tendues, selon Emmanuel Didon, directeur régional de l'OFB. "C'est en décalage complet avec ce qu'on a sur le terrain, où les choses se passent bien, la majorité du temps. Bien sûr, il y a des sujets délicats comme les loups, mais nos agents passent du temps avec les agriculteurs."

Concernant le port d'armes, ce n'est pas une situation nouvelle :

Un inspecteur de l’environnement doit être en permanence armé, c’est dans la loi. Il faut comprendre que dans le public avec lequel nous sommes en contact, il y a des agriculteurs, mais c'est une petite partie. Il y en a d'autres comme les chasseurs qui sont armés. Ça nécessite de prendre des précautions.

Emmanuel Didon

directeur régional de l'OFB

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Améliorer le dialogue avec le monde agricole

Toutefois, Emmanuel Didon souhaiterait plus d'échanges et de communication avec les agriculteurs : "Quand nous avons des retours d'agriculteurs sur nos interventions, c'est parfois vague ou général : le fait d'être armé les a mis mal à l'aise. Ce sont aussi des questions de postures, qui peuvent être perçues comme arrogante. Mais, nous avons besoin de savoir quand la situation pose un problème pour la faire évoluer."

Le directeur regrette qu'une fois de plus, l'agriculture et la protection de la biodiversité soient mises en opposition alors que les intérêts convergent : "Aujourd’hui, l’agriculture, traverse une crise, économique. On en est bien conscient. Les agents savent qu’ils peuvent faire face à des personnes en difficulté, mais l'OFB n'est pas responsable de ces difficultés ni de ce contexte.

Nous sommes là pour appliquer les textes en matière d'environnement parce que, derrière, il y a des enjeux de santé humaine. De plus, la biodiversité, c'est aussi maintenir les sols fertiles, par exemple, pour avoir une exploitation durable. Alors quand on voit certaines réactions, il y a le sentiment d'être injustement visé.

Emmanuel Didon

directeur régional de l'OFB

Le directeur régional souhaiterait que l'OFB et le monde agricole dialoguent davantage ensemble, en évoluant vers des collaborations dès le lycée agricole ou via les chambres d'agricultures. 

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