La Confédération Paysanne mobilisée ce vendredi 15 novembre à Castres (Tarn) contre la signature d'accords de libre-échange avec des pays d'Amérique du Sud. Dès le 18 novembre FNSEA et Coordination rurale ont également prévu des actions.
Des brebis ont pris place sur un rond-point à la sortie de Castres ce vendredi 15 novembre. Des animaux installés dans un enclos par une trentaine d'agriculteurs de la Confédération paysanne pour protester contre la signature d'un accord de libre-échange entre l'Union européenne et les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Paraguay et Uruguay).
Non à la malbouffe
Les agriculteurs veulent alerter l'opinion et les consommateurs alors que le G20 se réunit au Brésil les 18 et 19 novembre. "On voulait se mobiliser avant cette réunion. On est contre le fait que l'agriculture soit une monnaie d'échange pour vendre des voitures et des Rafales dans ces pays et qu'en contrepartie on nous envoie de la viande bovine, des stocks de miels et du soja qui ne respectent pas nos normes et parfois chargés en hormones et en produits phytosanitaires", résume Sandrine Miot la porte-parole de la Confédération paysanne du Tarn qui rappelle que son syndicat porte cette lutte depuis 25 ans.
Pour le syndicat agricole minoritaire il en va de la souveraineté alimentaire et de la santé des consommateurs.
Dans un tract, la Confédération souhaite se démarquer des autres syndicats. " FNSEA et Coordination rurale militent pour le droit à l'utilisation d'OGM, la réintroduction de certains pesticides, la baisse du coût du travail et de la protection sociale des salariés".
La Confédération paysanne dénonce un appel "à la compétitivité et au productivisme à l'origine du plan de liquidation des fermes françaises".
Tous mobilisés mais en ordre dispersé
Pourtant la Coordination rurale comme la FNSEA dénoncent également les accords de libre-échange et appellent à des mobilisations dès la semaine du 18 novembre.
Au micro de Stéphane Compan et Laurence Boffet de France 3 Occitanie, Laure Serres présidente de la FDSEA de Haute-Garonne déclarait ce jeudi 14 novembre : "Il est hors de question de laisser des produits qui ne sont pas systématiquement tracés comme les nôtres envahir notre territoire à notre détriment. Derrière, ce sont des agriculteurs qui chaque jour mettent la clé sous la porte au mieux ou se suicident au pire".
Utilisation d’antibiotiques activateurs de croissance, absence de traçabilité, substances actives phytosanitaires interdites en France, absence de droit social, déforestation… Voilà ce que nous propose l’UE 🇪🇺 comme avenir alimentaire !
— FDSEA Aveyron (@FDSEA12) November 7, 2024
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De son côté un céréalier membre de la Coordination rurale souhaite aller plus loin avec une uniformisation des contraintes pour tous les pays qui exportent vers la France.
"Si ce n'est pas le même cahier des charges que les agriculteurs français, on n'importe pas ! On va peut-être mourir de faim, on va peut-être manquer de denrées agricoles quelque temps, mais on va vite voir que si on ferme la porte à tout ce qui n'est pas conforme à notre cahier des charges, on n'a pas grand-chose dans nos assiettes !"
Conditions en discussion, actions en préparation
La France n'acceptera pas l'accord de libre-échange UE-Mercosur "dans les conditions actuelles", a martelé mercredi 13 novembre le Premier ministre Michel Barnier à Bruxelles. "Je recommande qu'on ne passe pas outre la position d'un pays comme la France", a-t-il mis en garde, à l'issue d'une rencontre avec la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen. Plus de 600 parlementaires français (députés, sénateurs et députés européens) ont aussi écrit mardi à Mme Von der Leyen pour marquer leur opposition au traité.
Alors que les élections se tiennent en janvier prochain dans les chambres d'agriculture en France, les syndicats comptent bien se faire entendre un an après l'expression d'une colère qui avait démarré en Haute-Garonne.
La Coordination rurale, deuxième syndicat représentatif, promet "une révolte agricole" à compter du 19 novembre. La FNSEA et les JA souhaitent mobiliser dès le 18 novembre autour de feux de détresse sur les ronds-points. Quant au syndicat minoritaire, la Confédération paysanne, elle a participé mercredi à plusieurs manifestations anti-Mercosur, seul ou avec d'autres organisations : dans le quartier européen de Bruxelles, devant le ministère français de l'Économie à Paris et dans l'Aveyron et ce 15 novembre à Castres.
Écrit avec S.Compan et AFP