"On annonce aux gens qu'ils vont crever" : en plein débat sur le Mercosur et 25 ans après, le McDo démonté reste un symbole de résistance contre la malbouffe

Vingt-cinq ans après son démantèlement, le McDonald's de Millau (Aveyron) reste un symbole de lutte contre la mondialisation. Ce mercredi 13 novembre 2024, la Confédération paysanne s'est mobilisée contre les accords de libre-échange du Mercosur. Un traité qui permettrait l’importation de produits d’Amérique du Sud, comme la viande et le miel.

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Pour le rassemblement contre le Mercosur, le lieu choisi est culte. Il y a vingt-cinq ans, le McDonald's de Millau (Aveyron) était démantelé. En 1999, des militants du Larzac et de la région le démontaient, et faisaient la une des médias. 

Les États-Unis faisaient alors pression pour importer leur viande en France : Le pays du Roquefort s’élevait contre celui du Big Mac.

Un symbole

"Si on est revenus ici, c'est par ce que c’était un symbole. L’action du McDo il y a 25 ans, c'était aussi pour dénoncer les règles du marché international qui étaient imposées" raconte Alain Soulié, agriculteur à la retraite. "Toute notre vie paysanne du Larzac, ça a été du militantisme, il y a toujours des choses à faire. Heureusement qu’on avait des idées originales, et on s’aperçoit qu’on a toujours eu raison" se remémore Léon Mayé un agriculteur venu soutenir le mouvement.

Aujourd'hui, la contestation n'a pas grandement changé selon les agriculteurs. "En 99 j’avais quinze ans, ça avait du sens pour mes parents, aujourd’hui cela en a davantage pour moi. Il y a vingt-cinq ans, le démontage du McDo a permis qu’on parle de la mal bouffe, mais dans les faits rien n’a changé", explique Guilhem Soulié.

"On annonce aux gens qu'ils vont crever"

Des frites maison, face au bien connu McDonald's de Millau. C'est la recette de la confédération paysanne, mobilisée contre les accords de libre-échange du Mercosur. Un traité permettant à l'Europe, d'importer des produits d'Amérique du Sud, notamment de la viande et du miel. 

Le rassemblement, tenu par la confédération paysanne, regroupait un grand nombre de paysans, ce mercredi. Tous sont venus protester contre l'accord de libre-échange voulu par l'Europe, mais auquel la France reste hostile. Pour les paysans sur place, la signature d'un accord acterait la fin pour beaucoup. "Cet accord de libre-échange va permettre d’augmenter les flux de la viande en provenance d’Argentine. Il va y avoir une distorsion de concurrence, si on continue d’importer de la viande, des paysans vont disparaître. Le plus gros danger est pour l’élevage bovin. Si on veut sauver les paysans français et européens, il faut continuer le combat !", insiste Alain Soulié, agriculteur à la retraite.

À lire aussi : Accord UE-Mercosur : pourquoi la France aura bien du mal à empêcher la signature du traité de libre-échange qui inquiète le monde agricole

Constat partagé par son fils, "La confédération paysanne s’oppose à ces signatures, car systématiquement cela conduit à la disparition des paysans, que ce soit ici ou en Amérique latine. Ça, c'est un discours qu’on a toujours tenu, parce qu'on sait que la mise en concurrence conduit depuis 70 ans à de moins en moins de paysans dans les campagnes. Ce sont des bassins de vie qui vont disparaître. On annonce clairement aux gens qu’ils vont crever" se désole l'apiculteur.

Divergences entre les syndicats

Si le monde politique et les acteurs agricoles français sont mobilisés mercredi pour dire leur opposition, au nom de la défense des agriculteurs et de la nature, à la signature d'un accord de libre-échange entre l'UE et les pays du Mercosur, des divergences existent. Pour Sara Melki, porte-parole du syndicat, la confédération reste opposée aux syndicats majoritaires.

"Ces grosses actions, menées par la FNSEA, sont simplement en réponse aux élections à venir dans le monde agricole. Voilà 25 ans que l’on lutte contre ces accords, voilà 25 ans que la FNSEA pousse à la signature de ces accords !" Des mobilisations agricoles sont prévues la semaine prochaine, mais la Confédération ne compte pas s’y joindre.

(Article écrit avec Saignes Nell et Fanette Declercq)

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