C’est la période des plantations, l’été va pointer le bout de son nez et avec lui la chaleur. Se posera la question de l’arrosage des légumes du potager. Quelles sont les différentes techniques d’arrosage avec leurs avantages et inconvénients ? On vous explique tout ça.
Les plantations vont commencer à croître et il n’y a pas de secret. Elles ont besoin d’humidité pour se développer. Si l’arrosoir et le tuyau d’arrosage n’ont pas définitivement été remisés au grenier, de nouvelles techniques d'irrigation ont désormais le vent en poupe.
Depuis les récupérateurs d’eau en passant par le goutte à goutte programmé, jusqu’aux jarres enterrées (ollas), depuis plusieurs années une multitude de solutions s'offrent aux jardiniers. Faut-il encore les connaître et maîtriser leur utilisation.
Pour gagner du temps, par souci économique mais aussi dans une démarche écologique de préservation de la ressource, de plus en plus de personnes changent leurs méthodes d’arrosage dans leur potager. Mais attention, si certaines méthodes sont peu coûteuses, d'autres nécessitent un investissement.
Il existe trois principaux types d'irrigation : de surface (à l’arrosoir), par aspersion (canon d’arrosage) et la micro irrigation.
Economiser l’eau
C’est notamment par le biais de la permaculture et la prise de conscience environnementale que les techniques d’arrosage ont évolué. Gaspiller moins d’eau pour nourrir les plantes est le credo de plus en plus de jardiniers.
C’est justement la philosophie du Jardin de Lulu à Labastide d’Armagnac dans les Landes. Ici c’est en amont que l’on réfléchit à l’économie d’eau. “Récupérer l’eau de pluie, choisir des plantes peu gourmandes en eau et le paillage”, c'est un trio gagnant pour Denis Clavé, propriétaire du Jardin de Lulu.
Les professionnels du secteur se sont penchés sur la question et des techniques se multiplient pour économiser l’eau sans assoiffer les végétaux. Avec un autre argument de poids. Si vous vous absentez, la technologie peut venir à votre secours et prendre le relais !
Mais qu’est ce que l’irrigation ?
L’irrigation est l'opération qui consiste à apporter artificiellement de l’eau à des végétaux cultivés pour en augmenter la production et permettre leur développement normal, en cas de déficit d'eau induit par un déficit pluviométrique, un drainage excessif ou une baisse de nappe, en particulier dans les zones arides.
Un créneau qui n’a pas échappé aux spécialistes du secteur du jardinage car certaines techniques, comme les jarres enterrées (olias), sont à la mode depuis quelques années en Europe. Certaines méthodes sont ancestrales, d'autres, plus récentes, font appel à davantage de technologie.
L’arrosoir et le tuyau d’arrosage
Ce sont bel et bien deux accessoires classiques du jardinier. Que ce soit pour de grandes ou petites surfaces, l’arrosoir et le tuyau d’arrosage sont souvent utilisés dans les jardins.
Votre potage est loin de faire 1 hectare (ha) et vous utilisez l’arrosoir, vous n’avez pas forcément à changer tous vos usages mais peut-être procéder à quelques ajustements. Mais vous pouvez installer des récupérateurs d’eau et utiliser l’eau de pluie ainsi recueillie. C’est déjà un premier et grand pas pour économiser l’eau du robinet. Vous gagnerez sous tous les plans, économiques et écologiques.
Ne pas gaspiller l'eau, c'est le cheval de bataille de Maïté François-Delpon. Son jardin est implanté sur un éperon rocheux. “Le sol est poreux car il y a des grottes donc mon gros problème, c’est l’eau” explique la propriétaire des lieux. En plus de l’eau prélevée en cuisine, des récupérateurs d'eau sont disposés sous les gouttières.
Nous avons deux récupérateurs d’eau, ce qui représente 2.000 litres.
Pour de plus grandes surfaces l’arrosoir a aussi le droit de cité. Il est aussi utilisé au Jardin de Lulu dans les Landes. “Je suis un adepte de l’arrosoir qui demande plus de temps mais permet un arrosage plus ciblé et plus copieux” explique Denis Clavé, propriétaire des lieux.
Il a lui aussi investi dans un nouveau récupérateur d’eau et peut ainsi recueillir 1.000 litres d’eau de pluie pour gagner en autonomie.
Le tuyau d’arrosage parfois controversé a aussi ses avantages, il permet d’arroser de grandes surfaces et jusque dans les recoins.
Il sera par contre gourmand en eau, ne ciblera pas les pieds des plantes et en arrosant les feuilles risque d’endommager les végétaux. Il existe des systèmes de programmation automatique.
Micro-arrosage
Autre méthode utilisée par bon nombre de jardiniers, le micro-arrosage. “C’est un mode d’arrosage qui marche bien car les personnes pensent de plus en plus aux économies d’eau et nous les sensibilisons à cela” précise Nicolas Darribère, responsable de Jardi Béarn à Mazerolles dans les Pyrénées-Atlantiques.
Cette technologie moderne d'irrigation par goutte à goutte a été inventée en 1959 en Israël par Simcha Blass puis expérimentée au Kibboutz Hatzerim via une compagnie d'irrigation nommée Netafim. Il existe aujourd’hui des variantes à ce procédé. On distingue plusieurs systèmes.
- Les tuyaux microporeux : il s’agit d’un système d’arrosage qui permet de conserver l’humidité du sol. En effet, des gouttes d’eau s’échappent lentement des pores du tuyau et viennent humidifier le sol.
- Le goutte à goutte : appelé aussi micro irrigation ou irrigation localisée, ce système d’arrosage est économique en eau et souvent utilisé dans les zones arides car elle permet la réduction d’eau mais aussi d’engrais. L’arrosage goutte à goutte consiste à utiliser des micro diffuseurs directement installés sur les canalisations. Avec cette technique, l'eau s'égoutte lentement vers les racines des plantes par un système de tuyaux, soit en coulant à la surface du sol, soit en irriguant directement la rhizosphère (racines).
- Le goutte à goutte enterré : ici, le système est installé dans le sol. Il est invisible et est adapté à l’irrigation des pelouses et des plantes de bordure.
- Le goutte à goutte de surface : comme son nom l’indique, ici les tuyaux sont posés sur le sol et libèrent de 1 à 20 litres d’eau par heure et sont recouverts de paillage. Vous pouvez programmer les heures d’arrosage à l’aide d’une minuterie et ainsi partir tranquillement en week-end loin des concombres et autres légumes qui ne finiront pas totalement assoiffés.
Les principaux avantages du micro-arrosage sont la gestion de l’eau et l’arrosage ciblé. “Avec le micro-arrosage, vous réduisez au moins de moitié les volumes d’eau utilisés” précise le responsable de Jardi Béarn à Mazerolles.
“L’arrosage est localisé, l’eau va directement au niveau du pied et des racines évitant l’humidité sur les feuilles qui serait propice aux maladies” ajoute le responsable de la jardinerie béarnaise. "Avec 15 €, on arrose 15 à 20 m² un kit de démarrage avec un tuyau poreux et 2 à 3 raccords" précise le responsable.
Vous réduisez par deux votre facture d'eau et votre empreinte environnementale
Seront cités en inconvénients, son coût à l’installation, les erreurs de mise en place, l’obstruction des goutteurs par le calcaire ou l’esthétisme de l’installation qui peut se discuter.
Le paillage
C’est une autre méthode d’irrigation et c’est aussi une technique de micro-irrigation. Dans ce cas précis, le paillage, c'est-à-dire la dépose de débris de végétaux, évite à l’eau de s’évaporer et maintient le sol humide.
Cette méthode protège le sol des aléas climatiques et évite ainsi le phénomène de battance (tassement de la terre sous l'action de la pluie). Vous évitez la formation d'une croûte imperméable en surface qui empêcherait l'eau de pluies ou arrosages de s'infiltrer. Étalez le paillis (tontes de gazon séchées, feuilles mortes ou déchets de taille broyés) sur environ 5 cm d'épaisseur, sur un sol débarrassé des racines de vivaces (liseron, chiendent…) qui peuvent traverser la couche de paillage, même épaisse.
Ses avantages sont sans aucun doute son coût quasiment nul si vous récoltez dans votre jardin ses composants. Ses inconvénients la possible, le risque de noyer ou brûler son jardin, la durée de culture raccourcie ou encore un nid douillet pour les… limaces. Tout ceci demandant à être vérifié par vos propres tests et expériences.
Le paillage c’est la technique reine au Jardin de Miette situé à Cuzorn dans le Lot-et-Garonne. “Avant le paillage j’ai essayé le micro-arrosage mais ce n’était pas probant” explique Maïté.
Une méthode empruntée à la permaculture qui se prévoit en amont, protégeant le sol qui reste tendre et regorge de verres de terre. “A l’automne je récupère les feuilles des chênes et des platanes et j’en couvre le sol ce qui évite à l’herbe de pousser et je les mélange avec le fumier des poules. Ce matin j’ai fait paillage de mes tomates avec ce système” précise la jardinière.
L'irrigation par poteries poreuses
Le système des jarres d'irrigation est d'origine espagnole. "Oylla" veut tout simplement dire "Pots" en français. Un système identique existait en Chine il y a 4.000 ans.
C’est une technique d’irrigation très simple qui remonte à des siècles. Les ollas, prononcés “oyas” sont des diffuseurs d’eau en terre cuite enterrés dans le sol (seul le rebord supérieur est visible). Ses parois poreuses permettent à l’eau de s’écouler lentement et d’irriguer les plantations. Un couvercle limite l’évaporation et évite à la terre de s’y accumuler. A vous de veiller à ne pas laisser les jarres se vider.
Elle permet d’économiser entre 50 à 70 % d’eau, offre une irrigation stable et adaptée aux besoins de la plante et elle permet de diminuer le problème des mauvaises herbes.
En revanche, elle présente aussi des inconvénients : coût d’achat, pénibilité d’installation, faible mobilité, fragilité du matériau.
Phénomène de mode, de plus en plus de jardineries proposent ce produit à la vente pour un prix entre environ 20 € et 70 € et même au-delà. “Nous vendons des ollas entre 17 € pour ½ litre et 150 € pour 35 litres”. A ce prix là, ce sont des produits haut de gamme.
Mais vous pouvez aussi décider de les réaliser vous-même pour moins de 10 €. Il vous faudra des pots en argiles, des soucoupes et des bouchons en liège pour réaliser vos propres oyas (des tutoriaux existent sur internet).
Un investissement plus ou moins rapidement rentabilisé. "Cette technique permet d’économiser l’eau, elle est rentabilisée en 1 à 2 ans selon le besoin de la plante et le prix de la jarre” explique Frédéric Fias-Afonso, responsable de secteur chez Jardiland Mérignac.
Les ollas seront installées aussi bien au pied de tomates ou salades que d’azalées, rhododendrons et camélias précise le vendeur. Peuvent être irriguées par les poteries toutes les plantes qui sont commercialisées dans le Sud-Ouest, à part les variétés comme celle des actus car l’eau en permanence les ferait pourrir.
Les légumes et plantes ornementales sont concernés
Même si depuis 2 ans les ventes sont en hausse, les ollas ne sont pas encore connues de tous et leur prix reste un frein à leur utilisation dans le potager.
Quelle fréquence d’arrosage ?
L’apport en eau dépend des conditions climatiques, du type de légumes ou fleurs plantés et de leur besoin en eau. Sachez qu’en plein été, il est inutile d’arroser trop souvent car vous risquez de voir se développer des maladies cryptogamiques, d’appauvrir votre sol par lessivage et de récolter des légumes moins goûteux.
A quelle heure arroser ?
Arrosez de préférence aux heures les moins chaudes de la journée, très tôt le matin ou très tard le soir pour éviter l’évaporation.
Denis Clavé a son avis personnel sur la question. “J’arrose le matin plutôt que le soir, notamment les tomates. Si l’on arrose le soir avec des nuits fraîches et la rosée du matin, il y aura beaucoup d’évaporation ce qui est vecteur de maladies, tandis que le matin après l’arrosage la chaleur va vite s’installer et le surplus d’eau sera très vite évaporé” explique ce passionné de jardinage.
Dans tous les cas, il est déconseillé d’arroser par aspersion en plein soleil ce qui risquerait de “griller” vos plantations.
A vous de choisir
A vous de décider de votre mode d’arrosage pour cet été. Vous pouvez aussi panacher les techniques et pourquoi pas en inventer de nouvelles. Vous l’aurez compris, elles ont leurs avantages comme leurs inconvénients. La nature est vivante et il n’y a pas de données strictement exactes en matière de jardinage. L’idéal est de tester vous-même.
Le duo gagnant
Le choix des végétaux (fruits, légumes et plantes les moins gourmands en eau) et le paillage semblent tout de même incontournables. Pailler permet d’économiser beaucoup d’eau, un gain de temps (pas de mauvaises herbes à arracher), d’enrichir la terre ou encore de protéger les récoltes, pour un coût proche de zéro si vous récupérez vos végétaux dans la nature.
A retenir que si vous voulez limiter votre budget jardinage c’est possible à condition d’y mettre un soupçon d’imagination, un zeste de patience et une bonne dose d’huile de coude.
Il ne vous reste plus qu’à choisir la technique la plus adaptée à votre jardin et à retrousser vos manches. Quelle que soit celle que vous déciderez d’utiliser sachez qu’aucune ne vous dispensera du temps de cueillette, préparation et conservation de vos récoltes.