La criée d'Arcachon a vécu une vente exceptionnelle lundi avec des prix dignes d'un mois d'août. Les poissonneries locales ont connu une forte affluence et la grande distribution veut acheter français. Mais l'avenir est incertain car d'autres criées de la région ont fermé.
Le directeur de la criée d'Arcachon n'en revient toujours pas.
Après une spectaculaire chute des prix d'achat ces derniers jours, la criée a enregistré des ventes dignes d'un mois d'août ce lundi 23 mars.
La conséquence inattendue du confinement pour Yves Hertzfeld :
Je crois qu'on peut dire merci aux Parisiens qui sont arrivés en masse sur le Bassin d'Arcachon pour le confinement. Les poissonneries du secteur ont été rapidement dévalisées. D'autant que les volumes de produits ne sont pas importants.
Les prix se sont donc vite envolés pour renouveler les stocks.
Il y a peu de marchandises car la majorité des gros chalutiers sont restés au port d'Arcachon.
Conséquence : le merlu, vendu 1,80 € le kilo jeudi dernier, est parti à 5 € ce lundi.
La sole : 15 € au lieu de 9 € la semaine précédente.
Autre événement marquant : des enseignes de la grande distribution, qui jusqu'alors ne se fournissaient pas à la criée d'Arcachon, veulent obtenir du poisson frais pêché en France.
J'ai eu des contacts avec Hyper U, Super U ou Intermarché. Une procédure accélérée est mise en place pour leur permettre de vendre ces marchandises dans les magasins à condition qu'elles disposent d'un banc de poissonnerie, explique le directeur.
Après ce lundi au-delà de tout espoir, Yves Hertzfeld est bien conscient que chaque vente est actuellement un test.
Il n'y aura désormais plus que deux ventes par semaines au lieu de trois faute de volume suffisant.
Et pour respecter les gestes barrières contre la propagation du Coronavirus, les achats peuvent se faire à distance pour limiter le nombre d'acheteurs en salle des ventes.
La fermeture des restaurants en raison des mesures de confinement a entraîné une très forte chute des ventes. Certains établissements du Bassin commandent chacun une tonne de poissons par semaine !
Et les gros chalutiers ne sortiront pas en mer tant que les prix resteront trop bas, cela n'est pas rentable
Yves Hertzfeld - directeur de la criée.
Avec 200 marins-pêcheurs dans la flottille du port d'Arcachon, 800 emplois directs ou indirects dépendent de la bonne santé de la criée.
Les criées de Royan et Saint Jean-de-Luz à l'arrêt
D'ailleurs, toute la filière traverse une passe difficile.
Après la criée de Royan, celle de Saint-Jean-de-Luz au pays basque doit provisoirement fermer pour mieux s'organiser afin de respecter les mesures barrières contre la propagation du Covid-19.
Et la criée de la Côtinière en Charente-Maritime tourne au ralenti faute de marchandises.
La criée d'Arcachon, en solidarité avec les pêcheurs basques, va affecter un camion à ses frais pour aller récupérer le poisson débarqué à Saint-Jean-de-Luz afin de le vendre ce jeudi 26 mars.
Ce sera encore une vente test pour la criée d'Arcachon qui adaptera la voilure à l'avenir en fonction des prix d'achat jeudi.