Pour faire face au confinement et maintenir l'activité malgré une baisse considérable de la demande, la profession de commissaire-priseur innove avec l'aide des nouvelles technologies. Exemple à Limoges
UNE FOIS, DEUX FOIS, TROIS FOIS... RIEN
Depuis un mois, les commissaires-priseurs n'ont plus rien à se mettre sous le marteau. Par ailleurs, leurs salles des ventes étant fermées ils n'ont plus d'acheteurs sauf à organiser des enchères en ligne. Les pages de garde de leurs sites internet égrènent les mots de différé, annulé, reporté.En mars mon chiffre d'affaire s'est affiché à moins 80% et il sera de moins 50% en avril" confie l'un d'eux.
Un de ses confrères s'avoue chanceux :
En Creuse l'unique commissaire-priseur du département qui organise trois à quatre mises aux enchères par mois a vendu une pièce depuis le début du confinement. C'était via Drouot, la salle parisienne et sur le principe "on line". L'objet est en ligne et les acheteurs ont quinze jours pour enchérir.J'ai fait une grosse vente début mars".
PEU DE SORTIES ET AUCUNE RENTRÉE
Les estimations, les successions, les liquidations : Tout s'est arrêté. Si ces officiers ministériels depuis longtemps rompus aux pratiques web ont mis en ligne des fichiers très détaillés pour faire de l'estimation de biens virtuelle, l'approvisionnement est lui impossible.Les inventaires notariés accompagnant les successions : finis !"Les gens ont plus la tête à jardiner qu'à vendre tout ou partie d' une collection ", détaille un poids lourd du secteur qui ne peut que constater : "On ne trouve plus de marchandise."
Les liquidations judiciaires : terminées !
Les tribunaux de commerce : fermés !
Les saisies : reportées !
Même la vente trimestrielle du crédit municipal de Limoges a été reportée. C'est co-misère priseur.
UNE PREMIÈRE À LIMOGES : UNE ENCHÈRE 100% EN LIGNE
Vendredi 17 avril Nicolas Constanty se lance. Une caméra, un téléphone et avec un manutentionnaire et une secrétaire il organise une vente 100% internet.Pour cette première, il a d'abord fait de la publicité sur son site. Les enchérisseurs se sont inscrits, ont donné leurs coordonnées bancaires et, à partir de 14 heures en audio-conf comme tout un chacun vont se disputer des objets d'Art Premier."Ça demande beaucoup plus de travail en amont. La description des objets doit être très rigoureuse. Personne n' a pu voir ou toucher les lots et comme il n' y aura personne dans la salle je ne sais pas comment les enchères rebondiront".
Un de ses confrères régionaux ayant déjà vécu ce moment a une formule :"Plus de trois cent inscrits et comme c'est une vente de spécialistes j'espère ne pas me trouver trop abandonné même si sans l'ambiance de la salle, il va forcément manquer quelque chose".
"les enchères c'est comme l'amour, c'est moins bien tout seul".