Depuis le début du confinement les centres équestres sont à l’arrêt. Un coup dur économique pour ces structures fragiles et un danger sanitaire pour les chevaux.

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Qui aurait pu croire un jour qu’un virus menacerait l’avenir du monde équin ? Après plus de cinq semaines de confinement, les effets de cet enferment forcé et de cette inactivité contrainte montrent leurs premiers effets. Et les centres équestres n’échappent pas au raz-de-marée du Covid-19.

Traditionnellement les mois de mars et d’avril marquent la fin de l’hiver dans nos bulletins météo, mais aussi pour le monde du cheval. L’hiver, les compétitions et l’activité sont moins importantes, alors, quand arrive le printemps, le calendrier des événements se remplit, les leçons reprennent et les vacances de Pâques sonnent le coup d’envoi d’une nouvelle saison. Mais cette année tout a changé : le confinement tombe au plus mauvais des moments, quand les trésoreries des centres équestres sont au plus bas. 

Urgence hippique

"Un cheval, ça n’est pas une machine. On n’appuie pas sur le bouton rouge pour l’arrêter." La formule pourrait prêter à sourire, mais c’est un vrai cri du coeur lancé par Thierry Laborde. Cet ancien organisateur de grands événements équestres sort du silence, pour rappeler l’urgence dans laquelle se trouvent les centres équestres : le confinement interdit aux propriétaires de venir visiter leurs montures. Alors comment faire?

Face au manque de nourriture croissant et au huis clos imposé aux chevaux, Thierry Laborde demande aux agriculteurs qui le peuvent de mettre à disposition des centres équestres leurs terres, qui sont aujourd’hui en jachère. Les stocks de foin diminuent à vue d’oeil et à l’extérieur, les chevaux peuvent trouver leur bonheur.  "Pour ma part, j’accueille en ce moment sept chevaux sur les cinq hectares dont je dispose. Mais il faut se mobiliser pour tous les chevaux de Nouvelle-Aquitaine", lance Thierry Laborde.

Pour ce passionné installé dans les Landes à Pontonx-sur-l’Adour, c’est aussi aux pouvoirs publics de se saisir de la question, car il y a urgence. "Parce que si nous ne parvenons pas à aider financièrement les clubs ou si les chevaux ne peuvent pas manger au pré, que va-t-on faire de ces pauvres chevaux ?", interroge le propriétaire d'un centre équestre landais.

Et même s’il le rejette, Thierry Laborde évoque alors le pire. "J’ai peur que les maquignons, notamment des grands groupes de l’agroalimentaire, ne débarquent dans nos clubs hippiques pour acheter nos chevaux et les envoient à l’abattoir", alarme-t-il.

Même si sa crainte n’est aujourd’hui que supposée son cri d’alarme a été entendu sur les réseaux sociaux. Dans les Landes, au Pays Basque ou encore en Charente de plus en plus d’agriculteurs se manifestent pour mettre à disposition des clubs hippiques, leurs terrains en jachère.

"Mais il faut assouplir les mesures et laisser les propriétaires rendre visite à leur chevaux et surtout les monter. On laisse bien les gens s’entasser dans les grandes surfaces", assène Thierry Laborde. Car selon lui, à l’urgence économique s’ajoute l’urgence sanitaire. Un cheval confiné est un cheval qui souffre. Cette sédentarité forcée et prolongée a des effets secondaires sur la santé de l’animal : coliques, fluxion périodique (il s’agit d’une inflammation de la rétine de l’oeil), problèmes circulatoires ou cardiaques, sont autant de conséquences de cette inactivité.


Le clivage campagne-ville

Utiliser les terres en jachère est peut-être l’une des solutions mais pas la panacée. Si les jachères sont légion à la campagne, dès que l’on s’approche des grandes agglomérations, la situation est toute autre. En ville, les terrains manquent.

Pour Frédéric Morand, propriétaire du centre équestre de Lège-Cap-Ferret en Gironde, et vice-président de la Fédération Française d’Equitation (FFE), s’ajoute une autre problématique. "Les chevaux de clubs ne sont pas habitués aux prés. Il faut donc organiser une surveillance." Et là encore, c’est une question de moyens. Moyens humains et moyens financiers.

C’est pour cela que la FFE a mis en place une cellule de réflexion entièrement dédiée à la gestion des clubs face au Covid. Frédéric Morand fait partie de ceux qui conseillent cette cellule depuis le terrain. Et pour lui, le nerf de la guerre c’est l’argent. "Comme le ministère de l’Agriculture l’a fait pour les zoos, les cirques et la SPA, l’Etat doit venir en aide au monde du cheval, affirme Frédéric Morand. Les compensations ne rattraperont pas toutes les pertes, mais permettront de nourrir les chevaux. Aujourd’hui, contrairement à ce que l’on pourrait pense les structures en danger ne sont pas les plus petites souvent situées en milieu rural".
 

Obtenir des aides


En clair les clubs en danger sont bien ceux situés en milieux urbains car privés de prés ou de terres agricoles en jachère. "À titre personnel si je compare ma situation financière à celle de 2019, j’ai une perte sèche de 90 000 euros", illustre Frédéric Morand.

La FFE a saisi l’urgence de la situation et devrait remettre vendredi 24 avril, à Didier Guillaume, le Ministre de l’agriculture, ses conclusions et un document qui donne des pistes pour venir en aide aux centres équestres. Par ailleurs Frédéric Morand vient d’entamer les démarches pour obtenir des fonds auprès du Conseil Régional de Nouvelle-Aquitaine.
Tous les acteurs de la filière fondent de grands espoirs sur la sortie du confinement et le retour des enfants dans les établissements scolaires. Frédéric Morand espère de son coté, un début de retour à la normale à partir du 18 mai. "Nous voulons offrir à nouveau ces activités aux scolaires en respectant bien sûr les gestes barrière et toutes les mesures sanitaires", détaille le propréiétaire du centre équestre girondin. Les amoureux du cheval n’ont qu’une hâte aujourd’hui : passer sans trop de casse, l’obstacle qu’est le Covid.


 
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