Coronavirus : des écrivains du Limousin à l'heure du confinement

Franck Bouysse, Christian Signol, Franck Linol, Patrick Sobral, Michel Peyramaure...Alors que la France est entrée dans sa 3e semaine de confinement, nous avons demandé à 8 auteurs du Limousin de nous donner leur sentiment. 

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Franck Bouysse

Franck Bouysse, briviste de naissance, a écrit de nombreux romans dont "Né d'aucune femme", sorti début 2019. Dernier opus qui a remporté plusieurs récompenses littéraires dont le prestigieux prix des libraires.

A perte de vue, je vois la vallée qui se déploie devant moi. Je suis à la campagne, confiné dans mon bureau. Je mets la touche finale à mon prochain roman qui sortira en septembre : 3 frères, une soeur, une drôle d'histoire dans une vallée perdue...

L'isolement ?

La solitude ne me pèse pas. Passer 4, 5, 6 semaines ici, c'est une chance que je mesure tous les jours. Tous mes livres sont des confinements. Nous, en tant qu'auteurs, on est confinés dans notre tête. On peut déployer tout ce que l'on a engrangé en nous, comme un couteau suisse.

Ecrire sur le coronavirus ?

Quand c'est trop chaud, ça sonne toujours un peu faux disait Jules Renard. Je préfère me tenir à l'écart de tous ces gens qui refont l'histoire alors qu'elle n'est pas terminée. Je ne veux pas écrire dessus. Cette période révèle la solidarité magnifique mais aussi toutes les bassesses, les anfractuosités humaines.

Christian Signol

Christian Signol s'est installé depuis longtemps avec sa famille à Brive-la-Gaillarde. Auteur de nombreux romans, il a notamment écrit un tryptique : La Rivière Espérance, adapté pour la télévision par Josée Dayan.

Je suis confiné comme tout le monde. Le matin, cela ne change pas grand chose, j'écris comme d'habitude. L'après-midi, je me sens privé de grands espaces, de liberté. Dans mes livres, il y a de l'air et en temps normal je vais toujours me promener.

Comment vous occupez-vous l'esprit ? 

Heureusement, j'ai le bruissement de la Corrèze qui passe derrière chez moi. Je m'occupe du jardin, je lis beaucoup. En ce moment, Légendes d'Automne de Jim Harrison. Et puis je revois des films avec Jean Gabin, Alain Delon, Jean-Paul Belmondo en attendant la sortie de mon prochain livre en octobre prochain.

Patrick Sobral

Les Légendaires façonnèrent le succès de Patrick Sobral, illustre auteur et dessinateur de bandes dessinées. En 2019, sa série s'est écoulée à 7 millions d'exemplaires. Un ultime 23e tome devrait sortir en novembre prochain.

J'ai envie de tout sauf de raconter des histoires glauques. Quand ça va mal, il faut se distraire, alors je propose des activités ludiques sur le site web pour booster les gens !

Comment ça va ?

Je suis quelqu'un qui travaille beaucoup en solitaire. Professionnellement, cela n'a pas changé trop de choses pour moi cette épidémie. Pourtant, c'est vrai que j'ai l'esprit ailleurs. Un peu l'impression de travailler en mode zombie, de vivre un mauvais rêve...

Franck Linol

Franck Linol est auteur de polars. Des romans bien ancrés dans son Limousin natal et un héros récurrent, l'inspecteur Dumontel, épris de liberté. Son dernier opus La route des mortes, écrit avec son comparse Joël Nivard, est sorti au mois de mars.

Je suis à la campagne, j'ai de la chance. Je peux sortir prendre l'air. Mon jardin est nickel ce qui n'était jamais arrivé ! A 18h, je me fais un petit skype apéro avec Joël Nivard et je regarde beaucoup de films.

Envie d'écrire ?

Je n'ai aucune énergie pour écrire, la privation de liberté peut-être... Je n'ai pas du tout le syndrôme de la page blanche mais j'ai l'esprit confiné. Le contact de la nature, cela ne me suffit pas, je ne suis pas Rousseau. Ma matière pour écrire c'est la vie, les gens autour de moi. Là, je suis comme un sculpteur à qui on aurait enlevé son granit.

Michel Peyramaure

Michel Peyramaure a écrit une centaine de romans, la plupart historiques. Dans les années 80, il fut l'un des fondateurs de l'Ecole de Brive, un mouvement d'écrivains corréziens.

J'ai 98 ans et demi. Le confinement j'y étais déjà habitué, je suis contraint de cloisonner mes activités et je sors une à deux fois par semaine. Et puis j'ai un jardin, une nature réduite chez moi. Je me considère comme un privilégié.

L'écriture ?

Rien sur le coronavirus mais je n'éprouve aucune peine à écrire mes 6 pages par jour. En ce moment, un recueil de souvenirs, Inventaire avant fermeture, qui sortira l'année prochaine et un livre sur la poétesse Louise Labé pour septembre.

Jean-Guy Soumy

Jean-Guy Soumy, né en Creuse, a écrit une vingtaine de romans. Son livre La Tempête, dont l'action se déroule le 27 décembre 1999, a été adapté à la télévision.

Cette épidémie ne change rien à mes habitudes, cela ne m'empêche pas d'écrire mais il faut reconnaître que c'est assez lourd psychologiquement. En ces moments, je pense beaucoup à ceux qui travaillent : soignants, caissières, tous ces gens en 1ère ligne sans grande protection.

Un peu d'humilité...

Je pense au Hussard sur le toit de Giono, au temps du choléra. L'épidémie de coronavirus nous impose une forme de modestie. C'est un rappel de notre condition humaine. Dans cette crise, l'individualisme trouve sa limite, on dépend des autres, nous avons un destin commun.

François Clapeau

Notre confrère François Clapeau est journaliste à France 3 Limousin, spécialiste basket et santé. Auteur de plusieurs romans, ses intrigues se déroulent dans le milieu médical. Son prochain livre, Clinique (titre provisoire), est programmé pour septembre prochain.

Chouette, je vais pouvoir écrire m'étais-je dit au début du confinement. En fait, le télétravail, les enfants, cela prend tout le temps. Cette situation est sidérante, on a envie de savoir comment cela va se finir.

L'impression d'être déjà dans un roman

La situation est tellement stressante que tout ce que l'on pourrait écrire sur le sujet me semble un peu vain. Franck Thilliez avait déjà traité de ce sujet dans son roman Pandemia. En tant que journaliste spécialisé santé, je parle au quotidien de ces moments passionnants et terrifiants mais je n'ai pas le recul nécessaire pour écrire un livre.

Frank Klarczyk

Frank Klarczyck vit à Brive depuis 2008, il est auteur de polars mais également policier depuis plus de 20 ans. Son dernier livre Mort point final est sorti en 2017.

Ce n'est pas facile. Je suis policier et, en ce moment, tout le monde est sur la voie publique pour sécuriser la ville. Il y a pour nous cet aspect stressant de ce métier à risque.

Et le confinement ?

Lorsque je suis de repos, cela permet de se retrouver en famille. On fait aussi plus attention aux autres, on réapprend certaines valeurs délaissées de solidarité, d'entraide. Le confinement me permet aussi d'avancer dans l'écriture. Mon 4e roman sortira au début de l'année prochaine.


Pour clore ce tour des auteurs limousins confinés, un petit clin d'oeil depuis l'au-delà du grand Georges-Emmanuel Clancier. L'écrivain nous a quittés en 2018. Pour prendre du recul en cette période, un magnifique poème tiré du recueil Contre-Chants :



 

 

 

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