Dès son ouverture ce matin, la plateforme solidaire du Conseil Régional a connu un énorme afflux de consommateurs. Plus de 40.000 personnes ont tenté de se connecter. Le site, qui met en relation producteurs et clients, fonctionne désormais, mais la navigation peut, parfois, être un peu ralentie.
Dans un sourire, Anne Palczewski, directrice de l’Agence de l’Alimentation de la Nouvelle-Aquitaine, reconnaît que la plateforme solidaire des produits locaux a été victime de son succès ce matin.Le fournisseur d’accès a cru à une attaque informatique !
Un site internet saturé. La preuve sans doute que cette mise en relation entre producteurs et consommateurs était attendue. Espérée par les Néo-Aquitains confinés.Nous avons eu plus de 40.000 connexions en même temps. Le serveur a planté. Mais le site est de nouveau accessible, même s’il est encore un peu lent.
Un trait d'union entre producteurs et consommateurs
Au soir du 30 mars, 28.700 consommateurs s’étaient déjà inscrits sur la plateforme.Ce que je ressens à la lecture de leurs nombreux messages, c’est que les consommateurs ont besoin, en cette période, d’être en contact direct avec les producteurs. Ils ont besoin de se faire livrer et envie de consommer local.
- Anne Palczewski
Le Vice-président du Conseil Régional de Nouvelle-Aquitaine, le Périgourdin Jean-Pierre Raynaud, chargé de l’agriculture et de l’agro-alimentation, va plus loin :
Cela peut permettre aux urbains de redécouvrir des producteurs près de chez eux. Par le lien que la plateforme crée entre les agriculteurs et les consommateurs, elle peut contribuer à lutter contre "l’agribashing".
À ce jour, 1.200 producteurs se sont inscrits, prêts à livrer le fruit de leur travail. Un débouché supplémentaire pour les agriculteurs qui ont vu les marchés de plein air, fermer les uns après les autres, et qui voient leurs circuits de distribution habituels se réduire comme peau de chagrin. Les cantines scolaires sont fermées, les restaurants aussi.
Une nouvelle clientèle
Éleveuse de canards à Mézin dans le Lot-et-Garonne, Marielle Tadieu vit essentiellement de la vente directe à la ferme. Mais depuis 15 jours, on ne voit plus personne, déplore-t-elle.
Elle a donc décidé d’inscrire sa ferme de Gagnet sur la plateforme du Conseil Régional, dès son ouverture :
Des gens vont pouvoir nous découvrir. Nous serons peut-être sollicités par des clients qui ne nous connaissent pas.
Marielle Tadieu est prête à assurer les livraisons. Elle n’attend plus que les commandes.Nous sommes habitués à travailler en réseau avec la chambre d’agriculture, les marchés de producteurs de pays…
Nous fournissons déjà, les deux boutiques de producteurs de « La compagnie fermière » à Gradignan et Mérignac près de Bordeaux. On en profite à chaque fois, pour livrer des particuliers dans l’agglomération bordelaise.
Les premières commandes
Comme elle, des agriculteurs se sont portés volontaires dans les 12 départements de Nouvelle-Aquitaine. Eleveurs, Viticulteurs, cavistes, horticulteurs, mais aussi boulangers…L’élu périgourdin, président de l’Agence de l’Alimentation de Nouvelle Aquitaine, estime qu’il faudrait environ 2 000 producteurs, répartis sur l’ensemble de la grande région, pour satisfaire la demande. Les inscriptions sont toujours ouvertes.Nous devons muscler l’offre en fruits et légumes.
- Jean-Pierre Raynaud
À Douville, en Dordogne, entre Bergerac et Périgueux, le GAEC de Roussille a été l’un des premiers à se faire connaître.
Nous avons appris, très tôt, l’existence de ce projet régional par la chambre d’agriculture. L’info a beaucoup circulé dans le réseau agricole.
Trois commandes auxquelles s'ajoute un quatrième client potentiel, installé à Bordeaux centre :Du boeuf et des merguez à livrer à Mérignac et Pessac dans la banlieue de Bordeaux.
Il faut dire qu’avec son associé au GAEC de Roussille, ils sont rompus aux techniques de ventes à distance et de livraisons à domicile.Je dois lui envoyer flyers et tarifs, mais nous avons eu un bon contact au téléphone et j’y crois.
- François Molin
Chaque mois, depuis plusieurs années, ils quittent le Périgord pour livrer leurs colis alimentaires dans l’agglomération bordelaise
On donne rendez-vous à nos clients, sur la place de l’église et parfois on va chez les particuliers à Canéjan, Pessac, ou Bordeaux.
Des clients rassurés
Confinement oblige, François Molin est prêt à déposer ses marchandises jusqu'au pas de porte de chaque client.Des mesures qui semblent rassurer les consommateurs. Depuis quelques jours, il a vu ses clients les plus fidèles augmenter le volume de leurs commandes :Nous avons une voiture frigo pour respecter la chaîne du froid. Dans la journée, nous ne voyons que nos bêtes et entre associés nous appliquons les gestes barrières. Nous gardons nos distances avec les clients pour limiter les risques de contamination.
Et à 10 jours de Pâques, malgré le confinement, les ventes d’agneaux sont stables par rapport à l'an dernier.La vache était vendue avant même d’aller à l’abattoir.
Au succès grandissant des AMAP, drive fermier, et autres magasins de producteurs s’ajoute aujourd’hui la plateforme solidaire des produits locaux de Nouvelle-Aquitaine.
Un débouché supplémentaire pour les agriculteurs. Un moyen de rappeler aussi aux consommateurs urbains et confinés, que si les produits de la ferme sont aujourd’hui à portée de clic, ils seront demain, toujours, à portée de pas.