Un tournant décisif de la Libération s'est joué en Corrèze, le 14 juillet 1944. L’opération Cadillac : un gigantesque parachutage d’armes et de munitions sur le centre et l’est de la France pour approvisionner sept groupes de maquisard, dont deux, à Saint-Julien-au-Bois et Monceaux-sur-Dordogne. Cette histoire, peu connue, refait surface à la faveur du 80ᵉ anniversaire de la Libération.
Ils sont maintenant plongés dans le silence. Les monts de Monceaux-sur-Dordogne ont pourtant été témoin d'un évènement historique lorsque dans le ciel, un jour de juillet 1944, un vrombissement résonna : un des plus grands parachutages de jour de l’histoire de France venait de commencer.
"Trente-cinq avions ont parachuté quarante tonnes d’armes pour la Résistance", détaille Xavier Du Pradel, un fils de Résistant.
Le bruit de la liberté
C'est un souvenir familial pour cet enfant de Résistant. Son père, membre de l'Armée secrète, un organe de la Résistance, a vécu ce moment en direct : " C'était vraiment très impressionnant. J'en ai encore l'image quand ils me l'ont raconté", confie Xavier Du Pradel.
Cette quantité de parachutes qui est tombée du ciel et ce nombre d'avions avec un côté très assourdissant, mais qui apportait la liberté.
Xavier Du Pradelfils de résistant
Des containers remplis d'armes et d'explosifs ont été largués à plusieurs mètres d'altitude. Ces cargaisons étaient un cadeau du ciel pour ces Résistants qui n'étaient armés que de simples fusils.
C’est un épisode décisif de la Libération. "Ce parachutage a été une possibilité pour tous les résistants de prendre les armes, de se battre et libérer tout le département", explique Xavier Kompa, responsable de l'Office national des anciens combattants de la Corrèze.
C'est un moment important pour l'histoire de la Corrèze, et au-delà de ça, de la France. Si la Das Reich était remontée plus rapidement en Normandie, on ne sait pas ce que l'histoire aurait donné.
Xavier Komparesponsable de l'Office national des anciens combattants de la Corrèze
Un chapitre de la Libération oublié ?
L'opération Cadillac a été menée depuis Londres. Elle a permis d'armer sept maquis français dont trois en Xaintrie : Monceaux-sur-Dordogne, Saint-Julien-au-Bois et Pleaux, dans le Cantal. Ces trois communes se réunissent à la même table pour préparer ensemble le 80ᵉ anniversaire de ce parachutage mémorable, mais tombé dans l’oubli.
"C'est une période méconnue, car, longtemps, les anciens n'ont pas voulu trop s'avancer sur le sujet. C'était très délicat. Vous savez... à la Résistance, il y a eu du bien, mais pas que. Mais, maintenant, je crois qu'avec les nouvelles générations, on peut se permettre de remettre en lumière cet évènement", confie Pierre Gire, président de l'association Sintri Mémori.
Saint-Julien-aux-Bois inaugurera une stèle, le 14 juillet 2024. Monceaux-sur-Dordogne prépare un chemin de Résistance. Ces deux cérémonies seront ponctuées de véritables parachutages en mémoire de cette opération spectaculaire.